Les grands problèmes métaphysiques de François Grégoire

Les grands problèmes métaphysiques de François Grégoire

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Khayman, le 5 septembre 2005 (Chicoutimi, Inscrit le 25 février 2004, 44 ans)
La note : 7 étoiles
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Que sais-je ?

Métaphysique : Recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l'être absolu, des causes de l'univers et des principes premiers de la connaissance. [Office de la langue française, 1996]

François Grégoire nous explique brièvement ce qu’est la métaphysique et nous résume les différentes réflexions concernant quelques grands thèmes métaphysiques comme l’Esprit, la Vie, la Matière et Dieu. Grégoire relève 3 attitudes métaphysiques fondamentales et cite la classification du philosophe allemand Dilthey pour aborder ces thèmes : considérer le monde comme « désordonné » (le Naturalisme), comme « ordonné » (l’Idéalisme objectif) ou comme en train de s’« ordonner » sous l’action humaine (l’Idéalisme de la liberté).

Il faut spécifier que traiter un sujet aussi vaste que semble l’être la métaphysique en 124 pages est ridicule. Je crois cependant que c’est mieux que rien.

J’ai aimé que l’auteur en profite pour classifier la pensée philosophique en 3 démarches : la Philosophie des sciences, la Philosophie Générale (ou Métaphysique) et la Philosophie Éthique. Ça m’aide dans ma démarche pour tenter de comprendre partiellement la philosophie kantienne et post-kantienne.

Grégoire parle également de la dialectique. C’est un autre concept qui semble très difficile à définir et je suis content de l’avoir sommairement abordé. Pour le moment, je perçois que, hiérarchiquement, la dialectique est à la métaphysique ce que la métaphysique est à la philosophie.

Ceci dit, il est évident qu’ayant une formation scientifique, quelques parties de ce livre m’ont irritées.

Ainsi, l’auteur démontre, dans le chapitre « Le Problème de la Vie », une incompréhension fondamentale du Second Principe de la thermodynamique. De la mauvaise saisie des implications de ce principe, Grégoire fait un parallèle très douteux avec le phénomène de la vie. Plusieurs auteurs ont fait un tel parallèle, imaginant même l’idée de tendance néguentropique.

J’ai de la difficulté à croire en ces idées car je perçois le Second Principe comme une orientation globale d’un système fermé. Hors, l’Univers n’est pas un système fermé. De plus, la vie étant un phénomène, sinon ponctuel, du moins très peu étendu dans l’Univers, son effet au niveau thermodynamique sur ce dernier est nul.

Le développement, dans le chapitre « Le Problème de la Liberté », me démange également. En parlant du libre-arbitre :

Citation :

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« Cette « liberté » contre nature a évidemment toujours semblé scandaleuse à l’esprit unifiant des métaphysiciens. Pourtant, et paradoxalement, on constate que, tout au long de l’histoire de la Philosophie, se dessine un courant de pensée (idéalisme de la liberté) tendant à poser la liberté de l’homme comme un absolu ; à l’opposé, bien rares sont les philosophes (naturalistes pour la plupart) qui l’ont, en toute rigueur, éliminée de leur système ; et, entre ces deux attitudes extrêmes, il apparaît que la majorité des penseurs (idéalistes objectifs, en règle générale) se sont exténués à vouloir concilier, avec plus ou moins d’ingéniosité, ces deux notions de « liberté » et de « déterminisme » en apparence irréductibles.

C’est que bien des motifs semblent s’opposer à la totale négation d’une libre initiative humaine : tout d’abord, comment expliquer sans elle cette indéniable certitude d’autonomie et de spontanéité qu’éprouve, en se sentant agir, tout homme « qui n’a pas l’esprit gâté » (comme disait Bossuet) (1)

(1) La violence des passions qu’a soulevée le problème de la liberté est telle que certains esprits se sont « gâtés » jusqu’à soutenir contre toute bonne foi et tout bon sens qu’ils ont « la sensation nette et précise d’être complètement dépourvu de liberté » (Delbet, La science et la réalité, p. 320). »

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Vous devinez aisément comment baser un absolu sur un « feeling » puisse me chatouiller…

Autrement, j’ai bien aimé. J’ai hâte de lire « La Philosophie analytique » dans la même collection.

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