On-dit de Fabienne Séguy, Yann Fastier (Illustration)
Catégorie(s) : Enfants => 10-12 ans
Moyenne des notes : (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : (50 018ème position).
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Etrange perplexité
Voici un album étrange, lu deux fois et qui méritera à nouveau mon attention un peu plus tard. Avec du recul. Je l'ai lu avant de lire les commentaires sur le net, je ne voulais pas être influencée. La couverture m'a attirée, sa douceur, son dessin.
La première illustration m'intrigue. je me demande ce que c'est. Une porte de prison? Une silhouette sombre affichée sur le mur d'une ruelle? Un visage. En y regardant de plus près, l'exprême-gauche m'inspirerait presque une tête allongée et pointue d'Alien mais cela ne semble pas être l'objet du livre. je regarde encore. Sans trouver. je poursuis. Seconde page, il me semble voir la tête d'un petit garçon qui regarderait vers le ciel, dans les étoiles. Toujours avec cette porte close bien étrange. Mais est-ce vraiment une porte? Celle du monde des rêves? De la nuit qui apparaît et laisse libre cours à l'imaginaire? Les questions commencent à se bousculer. La troisième illustration ressemble à un animal qui s'envole, emportant peut-être le petit garçon sur son dos. Je me plonge dans cette impression d'explorer un monde onirique composé de songes et de visions nocturnes.
Arrive la page suivante. Bâtiment sobre, froid. Une prison? J'ai pensé à un camp, l'immeuble au fond m'a dit que ce n'est sans doute pas cela. L'ambiance devient froide, presque triste. Comme si il fallait une rupture brutale avec le monde des rêves jusqu'alors imaginé.
Des silhouettes d'enfants apparaissent. Des gosses qui attendent. Ils ne semblent ni heureux ni malheureux en fait, on ne sait pas.
Arrivent ensuite de drôles de petites silhouettes rondes avec de grands yeux qui s'interrogent, racontent, propagent, sèment un trouble de plus en plus profond, à la limite du malaise. De qui parlent-ils? Du Père Noël? On comprend très vite que non, le ton est trop grave. Du grand méchant loup? D'un homme? D'un autre enfant qui terroriserait le quartier? Les hypothèses fusent, les pensées partent dans tous les sens. La fin est ouverte. Pas forcément gaie. On devine la peur, on lit la crainte. On ne sait pas. On suppose. On observe avec une certaine curiosité anxieuse cette silhouette masculine qui se profile. Un chapeau presque à la Magritte et pourtant, aucune envie de rêve ici, plutôt l'impression de vivre un cauchemar.
Je l'ai dit, cet album est étrange et étonnant à la fois. Il inspire une multitude de sentiments, allant de la joie à la peur, du plaisir à l'angoisse. Le dessin sobre et contrasté ajoute à ce sentiment de mal-être qui étreint le lecteur au fil des pages. Non pas que l'album soit désagréable, au contraire, mais il interpelle quelque chose au plus profond de nous qui dérange. Cela réveille des souvenirs, des peurs enfouies, des questions sans réponse. Et il y a ce terrible défaut de l'être humain de vouloir savoir tout en se cachant les yeux. Connaître, peut-être, le malheur sans le regarder en face.
Oui, étrange. Une mécanique efficace. Pas de flots interrompus de paroles (contrairement à mon commentaire!), des images qui ne présentent pas d'action particulière et pourtant, une force grandissante s'est emparée du récit et de l'album.
A relire. Au calme. Après réflexion.
Les éditions
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On-dit [Texte imprimé] Fabienne Séguy ill., Yann Fastier
de Séguy, Fabienne Fastier, Yann (Illustrateur)
l'Atelier du poisson soluble
ISBN : 9782913741287 ; 14,00 € ; 01/02/2005 ; 40 p. ; Album
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Même pas peur
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 1 août 2006
Moi aussi au début j'ai cru au père Noël – "Regarde, il a neigé. Sûrement qu'il ne va pas tarder" - malgré le coté peu joyeux des premières illustrations. Et puis apparaissent les grands yeux globuleux des enfants encapuchonnés, des yeux dans lesquels on perçoit une vague inquiétude. L'inquiétude devient de plus en plus pesante, jusqu'à faire place à une véritable menace larvée, impossible à définir. Quelque chose, quelque part, veille au mal être de cette ville désincarnée.
Au début on tente de comprendre le sens de cette histoire, puis on croit la comprendre, pour en définitive ne plus savoir ce qu'il faut comprendre, ni ce qu'il y a à comprendre. A bien y réfléchir, il n'y a peut-être pas eu, de la part de l'auteur, une volonté de conduire le lecteur au seuil d'une compréhension quelle qu'elle soit. Mais plutôt de l'amener à ce qu'il s'imprègne suffisamment de l'atmosphère de cette histoire troublante, dans le but de faire ressurgir ces impressions fugitives, enfouies au plus profond de lui-même, qui l'assaillaient autrefois aux détours des tourments de son âme. Peut-être dis-je, car après tout je n'ai peut-être pas suffisamment réfléchi à tout cela, et par conséquent je n'ai rien compris du tout.
Parce que l'histoire commence et se termine par le même silence, elle taraude notre esprit, installe le doute et fini par bousculer notre attachement au rationnel. Et si la peur n'était que le fruit de l'imagination des autres ?
Cette histoire en voulant laisser la porte (trop) grande ouverte à l'imaginaire, ne devient-elle pas par la même occasion sujette à des interprétations exagérément (trop) subjectives ?
J'ai proposé à mon fils de 8 ans de lire ce livre, il a accepté avec plaisir, comme à chaque fois où il peut découvrir une nouvelle histoire. Il a fait une première lecture, seul et quelques jours plus tard nous l'avons relu ensemble. Commentaires : " Les dessins manquent de couleur, et ce n'est pas précisé de quoi ça parle". La silhouette d'un homme avec un chapeau projeté sur le trottoir l'a intrigué, mais à aucun moment il n'a ressenti la moindre inquiétude. Il n'a visiblement pas accroché à cet ouvrage, comme on dit.
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