Le baiser dans la nuque
de Hugo Boris

critiqué par Krystelle, le 7 septembre 2005
(Région Parisienne - 44 ans)


La note:  étoiles
Premier roman
Fanny est sage femme à la maternité de Dourdan. Atteinte d’une maladie qui la rend peu à peu sourde, elle veut prendre des leçons de piano avant qu’il ne soit trop tard. Elle choisit pour professeur Louis, qu’elle a rencontré à la clinique. Chaque jeudi, elle se rend chez lui et, en échange d’un cours, elle lui remet les petits bracelets roses ou bleus que l’on attache au poignet des nourrissons à leur naissance. Derrière chaque prénom, un accouchement, une histoire.
Les silences, les non-dits, les gestes qui ponctuent les leçons sont décrits avec beaucoup de tendresse et l’auteur parvient à installer une réelle émotion. L’alternance des récits d’accouchement et de l’histoire d’une rencontre donne à ce livre beaucoup de force et d’originalité.
Pour ce premier Roman, Hugo Boris n’a rien laissé au hasard ; les descriptions sont très documentées, trop peut-être... Il me semble que « Le Baiser dans la nuque » aurait pu gagner plus encore en volupté et sensualité.
Quoiqu’il en soit, j’ai été surprise par la sensibilité de la plume de ce jeune auteur au talent prometteur.

Et voici un extrait :
« Elle n’est pas sourde, elle le devient.
Rester assise dans une baignoire dont l’eau lentement se retire, s’étrangle avec le vertige d’une toupie. L’œil du cyclone qui la regarde, sa peau qui doucement se granule. Une souffrance à huis clos, un silence à crier où l’on entre malgré soi, comme dans la lumière un insecte affolé. Et voila qu’on se promène du lundi au samedi avec les oreilles endimanchées. Deux tympans habillés pour l’enterrement. » P. 37
histoire de deux écorchés 7 étoiles

Bonjour les lecteurs….
Voici le premier roman de l'auteur ( sorti en 2005 !!!)
Fanny est sage-femme et rencontre Louis lors d'un accouchement.
Fanny a une surdité qui se développe rapidement, Louis est professeur de Piano et un homme meurtri.
Fanny veut devancer son handicap et faire le deuil de la musique avant qu'il ne soit trop tard.
Louis va l'aider.
Leçons après leçons , une complicité s'installe. La relation élève/professeur évolue en une relation d'amitié qui se terminera par un baiser dans la nuque.
Voici un texte tout en sensibilité qui nous plonge à la fois dans le monde de l'accouchement (descriptions plus que réalistes ) et de la musique.
Roman à la fois léger et sombre qui ne tombe jamais dans la mièvrerie.
Voici une belle histoire, une belle rencontre entre deux être écorchés.
Cerise sur le gâteau.. un joli " clap" de fin
Auteur à découvrir

Faby de Caparica - - 62 ans - 14 juillet 2018


QUELLE BELLE ECRITURE... 7 étoiles

Je n'ai pas grand chose à ajouter aux excellentes critiques précédentes, si ce n'est parler de la magnifique écriture d'Hugo BORIS, une écriture toute en finesse, en rondeur, en courbes, en pente douce, d'une tendresse extrême...

D'une finesse qui vous touche au plus profond de vous même et qui réveille quelque chose en vous...

Si, en fin de compte, ce livre se révèle légèrement moins intéressant que "La délégation Norvégienne", et oui, c'est un premier livre, il n'en constitue pas moins un excellent livre, et une introduction parfaite à l'œuvre de cet écrivain.

A lire, ne fut-ce que pour découvrir la magnifique écriture de cet auteur, dont il n'y a rien à redire, si ce n'est être en admiration devant tant de maîtrise de la langue française chez un si jeune écrivain...

Septularisen - - - ans - 22 septembre 2010


Sensualité, pudeur, magnifique 7 étoiles

Quatrième de couverture :

Bientôt Fanny sera sourde. Bientôt elle n'entendra plus les pleurs des enfants qu'elle aide à mettre au monde. Pourtant, avant que le silence ne se referme sur sa vie, la jeune femme décide de prendre des cours de piano. Louis, son professeur, elle l'a croisé à la maternité. Un homme solitaire et secret, doux et blessé. Au fil des leçons, une complicité pudique s'installe entre eux. Peu de mots, quelques gestes, des regards, et puis la musique. Pour affronter et surmonter la maladie, qui progresse, mais aussi, surtout, pour se soutenir mutuellement. Cet ouvrage a reçu le prix Emmanuel-Roblès

Mon avis :

Fanny est sage femme. Louis est professeur de Piano. Ils se rencontrent à l’accouchement d’Aurélie, la femme du défunt frère de Louis. Quelques mois passent et Fanny se rend chez Louis afin de prendre des cours de piano. Elle est en train de devenir sourde, ses différentes grossesses affaiblissent son ouïe. Louis accepte. Au fil du temps, une relation toute en « non-dits » se crée entre les deux protagonistes, une attirance qui s’affirme au fil du temps.

Le livre est découpé en petits chapitres qui se passent soit chez Louis, ou dans sa rue, soit à la maternité où travaille Fanny. Le livre dénote une musicalité, une sensualité des mots. Quatre « chapitres » dont les titres sont les vers d’un quatrain d’Arthur Rimbaud. Je trouve cela original.

« L’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain.»

Arthur Rimbaud

Le livre m’a touché car on suit petit à petit l’attirance qui nait, qui nait un papillon, chenille rampante, cocon et chrysalide.

Le livre m’a aussi émue car il y a la surdité rampante de Fanny qui fait son nid.

Mcchipie - - 47 ans - 11 février 2010


do ré mi fa ... 9 étoiles

Qui aurait bien l’idée de nous emmener au parking de la maternité de Dourdan ? Un journaliste qui enquête sur la fermeture prochaine de ce lieu de naissance ? Un habitant aigri qui veut se venger d’un accident passé ? Non, un poète des mots, des notes, un raconteur d’histoires… Tout simplement, un romancier qui m’a séduit…
Louis et Fanny se sont rencontrés, pour la première fois, dans une salle d’accouchement… Elle, la sage femme, lui un père… non, le beau-frère d’une femme qui est sur le point d’accoucher… mais il n’est pas le père et pourtant il est là, il fait ce qu’il peut pour aider Aurélie, la future mère, pour aider Laura à arriver… Enfin, comme tous les hommes, encore plus que tous les hommes, il sent bien qu’il est de peu d’utilité… Il croise le regard de cette femme qui sait, qui est une professionnelle… et il repart dans sa vie, une vie de souffrance, ne serait-ce que parce qu’il vient de perdre son frère… d’où sa présence dans cette maternité…
Louis est professeur de piano et c’est avec beaucoup de surprise qu’il verra Fanny sonner à sa porte un beau jour… Pour une banale histoire d’amour, le coup de foudre de la salle de maternité ? Non, tout simplement, parce qu’elle a envie de prendre des leçons de piano… C’est tout simple… enfin presque !
Pour ne pas tout vous dire, pour vous laisser du plaisir de lecteur, je dirais que nous allons avoir la rencontre paradoxale entre une femme en train de devenir sourde, elle a la maladie de Beethoven, et un professeur de musique, de piano…
C’est beau et doux, le lecteur se laisse prendre au jeu de ces séances hebdomadaires, par cette maladie progressive qui enferme Fanny dans un monde sans son, sans note, sans musique… Mais une autre musique se met en place, des prénoms viennent chanter, rythmer la vie de nos deux personnages qui ne sont ni des héros, ni des gens hors de la vie, mais qui ressemblent étrangement à nos voisins, nos collègues…
Ah, je vois, vous voulez que je vous dise s’ils tombent amoureux, ce qu’ils deviennent, comment ça se finit…
Non, je ne vous dirai rien, rien du tout… Vous comprendrez le destin de ces personnages en même temps que Myriam…
J’ai trouvé ce roman très bien écrit, elliptique mais j’aime beaucoup cela… Certaines fins de chapitre, ici ils sont assez courts, nous permettent d’envisager la suite comme on veut et je pense que les différentes versions peuvent toutes être vraies… Cette phrase me fait sourire car qu’est-ce que le vrai dans un roman ? … c’est votre façon d’envisager les choses, ce doit être ça…
Hugo Boris est remarquablement bien documenté sur la maladie de Fanny… Les aigus partent les premiers et elle voit sur son clavier la maladie prendre le dessus… Rien de pathétique, de triste, non, simplement la vie quotidienne avec ses richesses, ses pauvretés, ses silences… Ce jeune auteur joue avec les mots, avec les sentiments, avec les lecteurs… Un très beau talent, un très bon roman, un moment de lecture merveilleux… surtout si vous aimez la musique… A savourer sans aucune restriction !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 24 septembre 2005