Un soir de décembre
de Delphine de Vigan

critiqué par Clarabel, le 8 septembre 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Un homme opaque en butte avec les manquements de sa vie
Matthieu remporte un succès d'estime suite à la parution de son premier roman. Parmi son courrier usuel, il reçoit la lettre d'une jeune femme qui prétend le connaître. Cela remonte à dix ans auparavant, ils se sont croisés dans un avion, puis revus et aimés follement. Mais Matthieu était déjà amoureux d'une autre femme, Elise, qu'il a épousée et avec laquelle il forme un couple épanoui, parents de deux garçons. Alors pourquoi l'écriture du deuxième livre rend son auteur solitaire, en retrait de sa vie ordinaire, de plus en plus vide et accablé ? Ou les lettres de cette ancienne amante sont-elles à l'origine de cette brèche qui s'ouvre et creuse chez lui un désarroi insurmontable?

On se pose mille questions à la lecture d'"Un soir de décembre". L'entrée est assez fade, à mon goût, puis on picore la suite à toutes petites bouchées plus délectables. La mayonnaise prend, même si les caractères des personnages alourdissent un peu la bonne appréciation. C'est une question de délicatesse, personnellement je n'aime pas trop les tempéraments fragiles et qui laissent une place prépondérante à la théâtralité. Comme la jeune femme des lettres, ou comme Matthieu, l'écrivain qui bascule. Est-ce que le travail d'écriture rend son auteur à ce point malheureux ? J'ai trouvé que c'était triste : être écrivain finalement rend solitaire. Est-ce vrai, en général ? Toutefois je sais bien que dans ce roman, Delphine de Vigan a tenu à introduire chez cet homme le révélateur d'une défaillance enfouie, éteinte ou inconsciente. Les lettres ont eu ce pouvoir-là. Par certains aspects, j'ai pensé au roman de l'italienne Margaret Mazzantini "Ecoute-moi" (un homme partagé entre deux femmes, le coeur, la raison, la déraison aussi...). Aussi pour bien apprécier "Un soir de décembre", je conseille de le lire d'un coup, de forcer l'impression mitigée du début puis d'être happée par cette histoire de désenchantement. Et pour conclure, cette phrase qui résume tout : "Nous avons tous une histoire à raconter. Quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer".
Les dérives de la dépression, entre le succès et l'amour 7 étoiles

Le succès en littérature ne fait pas le bonheur. Il n'empêche pas un amour de se ternir par la force de l'habitude, d'en manquer un autre qui aurait mieux marché, ce qui rend la réalité d'autant plus amère quand on s'en rend compte ; et la dépression subséquente ne saurait être évitée, malgré la reconnaissance et la popularité liées à un dernier roman réussi.
L'idée est touchante, assez subtile. Elle a commencé par me séduire, mais elle est traitée de manière bien quotidienne, de plus en plus monocorde, au fil des pages, au gré de l'enfoncement du protagoniste dans la dépression, si bien que j'ai décroché. Si cette thèse est assez morale, rien n'est fait pour réellement prendre du recul, la lectrice et le lecteur étant tentés de regarder inerte cette homme tomber.
C'est assez dommage, car la ligne-force du roman vaut la peine.

Veneziano - Paris - 46 ans - 13 août 2013


Ecrire à en crever 7 étoiles

Ecrire jusqu'à la frontière de la folie... Delphine de Vigan nous narre dans ce roman la lente chute d'un auteur "amateur" ayant connu un succès relatif. Sa célébrité médiatique va entrainer une prise de contact d'une de ses anciennes conquêtes larguées "car il allait se marier".
Le souvenir de cette femme qu'il a aimée, à sa manière, le perturbera au point qu'il s'enfermera sur lui-même pour écrire son deuxième roman.
Belle histoire , belle prose pour un beau roman bien que le personnage central de ce texte soit assez antipathique.
A noter toutefois : des fautes d'orthographe en nombre dans l’édition de JC Lattes

Ndeprez - - 48 ans - 21 avril 2013


Descente dépressive 8 étoiles

J'ai apprécié ce roman qui comme tous les livres de cette auteure sont excellents. On assiste à la lente descente dépressive du personnage principal qui démarre une carrière littéraire mais qui parallèlement est rattrapé par une histoire d'amour, qui refait surface 10 ans après. Ce souvenir vient le tourmenter, le hanter, l'obséder au point de mettre son couple et sa vie familiale en péril. Ce n'est qu'en terminant son dernier roman, qu'il en sera délivré.

Kikounette - Nîmes - 52 ans - 22 janvier 2012


Magnifique et superbement écrit 9 étoiles

J'aime beaucoup les livres de Delphine de Vigan, car ils sont toujours à la limite...

Je m'explique. Nous nous demandons pendant tout ce roman comme il va finir, si cet homme va craquer, ou s'il va devenir fou, ou bien encore si il va définitivement bousiller sa famille pour une histoire essentiellement passionnelle et physique qui vient le poursuivre de nombreuses années après.

Et comme souvent avec D de Vigan, tout le roman va consister en une recherche, un questionnement sur la vie, sur le rythme des évènements, et sur la possibilité d'un changement. Et on se met à réfléchir comme le héros, à imaginer l'embarras que nous aurions à sa place, à imaginer des scénarios plus ou moins alambiqués qui permettraient au roman d'avoir une fin qui tienne la route.

Et avec grand brio, l'auteur remet la situation à l'endroit, retourne la complexité des situations, en redonnant à l'ensemble des acteurs du livre un comportement moral et droit, ce qui dans le monde d'aujourd'hui n'est pas commun.

Bref, une bouffée d'oxygène et un réel plaisir à lire !

PS : je passe sur les descriptions simples de la vie parisienne (métro, attente, taxi, resto, etc...) que nous retrouvons également dans le dernier roman de D de Vigan les Heures souterraines ! Quelle qualité de description... pour le vivre tous les jours, on s'y croirait !

Panda - VLG - 44 ans - 24 décembre 2009


un deuil amoureux 8 étoiles

Matthieu Brin connaît le succès après la publication de son premier roman et vit une vie heureuse et ordinaire auprès de la femme de sa vie, Elise, et de leurs deux jeunes garçons.
Voilà qu’arrive au courrier une lettre de lectrice, qui est aussi une ancienne amante, une belle et vieille histoire de 10 ans en arrière, qu’il a rompu un soir de décembre, peu avant son mariage. Cette lettre et les suivantes vont le troubler bien plus qu’il ne le souhaite. Il s’enferme et devient taciturne, peut-il se libérer de cette histoire en écrivant son deuxième roman ? En s’enfermant dans l’écriture ? Entre propos communs (l’épouse lassée qui s’en va, l’homme miné par la déprime) et belles réflexions sur le désir amoureux, c’est toute l’histoire d’une rencontre que l’amante va réécrire, pour pouvoir, enfin, en faire le deuil.
J’ai aimé l’atmosphère délicate qui émane de ce roman. Les propos sont simples et efficaces. Les mots sur le désir sont beaux et justes. Le miroir (fidèle ?) de la mémoire. Peut-être ai-je regretté de ne pas en savoir plus sur le deuxième roman en cours d’écriture, parle-t-il de ce deuil amoureux ? Sans doute, mais comment….ou bien est-ce celui que nous avons entre les mains ? Cette solution-là ne me satisfait pas….

Laure256 - - 52 ans - 12 mars 2006


L'Amour toujours 6 étoiles

Très prenant, le nouveau roman de Delphine De Vigan vous emmène à Paris, chez un auteur que le succès a surpris, pour qui tout a réussi jusqu'au jour où dans le courrier de ses lecteurs se glisse une lettre pas comme les autres. Intelligent. Sensible. Urbain. Un très bon moment. Une belle histoire en demi-teinte comme un soir de décembre, le dernier mois de l'automne. Je vous invite à écouter l'interview de l'auteure sur mon blog : http://lireestunplaisir.skynetblogs.be/

Brice Depasse - Namur - 61 ans - 1 octobre 2005