Retour à Brideshead
de Evelyn Waugh

critiqué par Féline, le 9 septembre 2005
(Binche - 46 ans)


La note:  étoiles
Déclin et décadence
Evelyn Waugh décrit le déclin d’une famille aristocratique catholique anglaise, déclin auquel nous assistons au travers des yeux d’un jeune étudiant, Charles Ryder. Ce dernier fait la connaissance à Oxford de Sébastian Flyte, jeune homme riche sous le charme duquel il tombe rapidement. Il est vrai que sous les airs de dandy de ce dernier se cachent une candide âme d’enfant et une aura de charme, qui lui confère la qualité d’être aimé voire adoré de tous. Rapidement, les deux jeunes hommes deviennent inséparables, l’un entraînant l’autre dans sa folie décadente. La vie devient fêtes, soûleries et farces en tout genre. Mais Sebastian semble cacher un mal de vivre que Richard associe bien vite à la famille de son ami, famille que ce dernier semble vouloir fuir et dissimuler. A peine Richard découvre-t-il la demeure familiale, Brideshead, superbe demeure construite à partir des restes d’un château, que Sebastian l’entraîne loin afin d’éviter toute rencontre avec sa sœur.

Finalement, au hasard d’un accident malheureux, Richard fera la connaissance de la famille Flyte, rencontre qui bouleversera son destin. Peu à peu, on assiste au déclin de cette famille, dont le père a fui en Italie, dont la mère, bigote, ne vit qu’au travers de sa religion et se désespère de l’attitude de ses enfants. On fait aussi la connaissance de Bridey, le frère aîné qui prend son rôle très à cœur, Julia, qui découvre le monde et la vie d’adulte et enfin Cordélia, jeune fille un peu rêveuse. A tout ce beau monde, s’ajoute une galerie de personnages excentriques et loufoques.

La religion catholique, qui était celle du romancier, occupe une place importante dans le roman. Elle semble maîtriser la destinée des différents personnages, qui s’en éloignent ou s’en rapprochent. Malgré tout, j’ai eu l’impression que l’écrivain était assez virulent à son égard, notamment sur la façon dont elle entrave la vie des personnages. Ainsi Julia devra renoncer à un mariage catholique et en grandes pompes parce que son futur époux est divorcé. La religion la séparera également de Charles à un moment donné. La mère de Sebastian mourra de voir ses enfants se conduire de façon si peu catholique. Enfin, Waugh dénonce les jugements et les prises de position que la religion fait adopter à ceux qui croient.

La construction du roman est habile et l’écriture assez plaisante. Dès le début, nous faisons connaissance avec Charles, officier pendant la guerre 40-45, que le hasard d’une mission fait retourner à Brideshead. A partir de là, il se souviendra de ses rapports avec les Flyte et cette demeure pendant les années folles, rapports qui ont changé à jamais sa vie. Le roman se clôture par le retour sur le champ de bataille et à Brideshead, défiguré par le conflit.

Je n’ai pas été passionnée par ce roman que j’ai traîné pendant plusieurs semaines. Malgré d’indéniables qualités et une deuxième partie bien plus intéressante, il m’a semblé long et m’a parfois fait sombrer à la limite de l’ennui. Les longues descriptions des rites et des thèses de la religion catholique n’y sont sans doute pas étrangères.