L'orgueil de la tribu
de Yves Viollier

critiqué par Tistou, le 12 septembre 2005
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Petite Eglise
Y. Viollier est un représentant de « l’Ecole de Brive ». Le représentant vendéen de l’Ecole de Brive. Ce que j’appelle « les romans de la terre ».
Il reprend ici un thème qu’il a déjà abordé et qui semble le motiver ; la religion, et plus particulièrement l’aspect « intégriste, passéiste, jusqu’au-boutiste » de membres de l’Eglise qui n’ont pas voulu changer leur manière de penser, de vivre la relation à l’autre, depuis le « Concordat ». Soit un sacré bail quand même ! « La petite Eglise » que ça s’appelle.
Le roman se déroule donc de nos jours au sein d’un village, fief de la « petite église ». Il n’y a pas eu de divorce depuis deux cents ans et Danièle, membre éminente de la petite église, quitte sa famille, son village, ses racines. Y. Violllier nous conte l’enquête à rebours que mène sa famille pour la retrouver et comprendre, comprendre ce qui lui (leur) est arrivé.
Le roman flirte dangereusement avec le pathos le plus lourd. On y échappe, globalement. Limite.
Au bout du compte, une histoire reste en mémoire. Les sentiments sont mêlés. Les miens en tous cas.
Pas le meilleur de l'auteur 6 étoiles

De nos jours, en Vendée, se perpétue la tradition de la Petite Eglise. Une petite communauté de dissidents de l’Église catholique, de « vieux croyants », de descendants de Vendéens qui n’ont jamais accepté les « nouveautés » du Concordat imposé par Napoléon Ier. Sans prêtre ni évêque, ces irréductibles continuent à pratiquer leur religion selon les traditions et les rites qui étaient en vigueur avant la Révolution Française. L’un d’eux, le grand-père Pierre Chancelier, propriétaire d’une fabrique de cordonnerie depuis toujours dans la famille se fait du souci quand il constate l’absence de sa fille Danièle aux cérémonies de l’Ascension. Avec le mari, Xavier, et leur trois enfants, ils partent à sa recherche et finissent par trouver, caché dans une armoire, un billet où elle précise qu’elle est partie de son plein gré. En réalité, elle s’est enfuie pour rejoindre son amant, photographe de passage… Le scandale est immense pour ces gens qui n’ont pas vu le moindre divorce depuis deux siècles !
« L'orgueil de la tribu » peut être classé comme un roman de terroir avec arrière-plan historique ou comme roman psychologique et sentimental. Très bon écrivain, Yves Viollier dispose d'un style fluide et agréable à lire. Il sait montrer tous les ravages qu’une défection de la mère peut occasionner dans une famille particulièrement en ce qui concerne les enfants. L'intrigue s'achève en happy end gentillet, ce qui pourra décevoir certains lecteurs attachés au réalisme et à la vraisemblance. Ce qui m’a le plus déçu, c’est le peu d’éléments apportés sur la vie quotidienne, l'organisation sociétale de ces « Amish » français, qui, s'ils existent vraiment, ce dont je ne doute pas, doivent forcément se comporter différemment du reste de la population. Dans le même ordre d'idées, le volet historique de cette histoire me semble insuffisamment exploité. Au total, un bon livre de l’auteur, mais sans doute pas le meilleur.

CC.RIDER - - 66 ans - 2 septembre 2019