Sainte Rita : patronne des causes désespérées de Claire Wolniewicz
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Six portraits du quotidien
Six nouvelles, autant de portraits d'hommes et de femmes qui affrontent la vie, pas forcément dans ce qu'elle a de plus moche, mais dans ce qu'elle a de plus déroutant: sa manière de tout emporter sur son passage.
Le premier récit, qui donne son titre au recueil, raconte le destin de Josiane Fournier, ambitieuse directrice, dont la vie sentimentale ressemble au désert. A 47 ans, la voilà seule et désoeuvrée, même si tout semble pourtant lui réussir dans les autres domaines. Lasse de cette solitude, effrayée à l'idée d'un futur à passer seule, persuadée que l'homme de sa vie existe mais qu'il est trop bien caché, elle invoque Sainte-Rita...
Histoire classique, avec une fin aux saveurs de guimauve de violette, c'est doux et suave, un peu trop à mon goût, je n'aime pas les histoires d'amour en forme de petit coeur rouge et de happy end.
Le second texte est déjà un brin plus cruel. On y fait la connaissance de Monsieur Bernard, honnête commerçant qui se transforme en hommes d'affaires grippe-sous, se fait construire une maison. La vie si prometteuse, si belle, finit par montrer une facette plus vilaine de son visage, le vent tourne...
Je préfère ce récit au précédent, parce que c'est pathétique, cruel, ironique; parce que cet homme fait pitié et inspire une certaine forme de colère; parce que des Monsieur Bernard, on en croise tous les jours et ce sont vraiment de pauvres types.
La troisième nouvelle m'a laissé indifférente. Cette histoire de professeur de chant et de son élève qui lui hurle son amour à travers les notes, que c'est banalement utilisé et usé, rien de très original et pas excessivement bien écrit je trouve.
"L'enclave" est ma préférée. Pas très originale elle-non plus mais se démarquant du reste du recueil, la vie d'une femme dont le mari est arrivé au moment de la vague d'immigration destinée à combler le manque de main-d'oeuvre dans certaines usines il y a une cinquantaine d'années. Son mari est mort, la vie s'écoule lentement, elle fait semblant que ça va. Elle survit, ne vit plus. Elle attend que le temps passe... c'est touchant et sensible, j'ai de suite ressenti quelque chose pour cette femme qui fait semblant devant les autres et aussi pour elle-même.
Dans "Dix ans de mariage", il y a de l'idée mais peu poussée, pas assez traitée en profondeur. Du coup, ça en reste à un niveau classique et académique qui apporte peu de choses au récit. J'aurais aimé que la narratrice aille plus loin dans la colère et la souffrance, qu'elle ne reste pas là, placide, à observer ce mari qui la trompe avec le sourire.
Le dernier texte, "Le chat", est simple et touchant lui aussi. L'histoire d'un couple comme il en existe beaucoup. Un détail, un soir, un chat et voilà une belle histoire d'amour qui bascule. J'aime comme l'auteur démontre que de telles petites choses ont leur importance et qu'il suffit parfois d'un rien pour faire basculer le destin.
Au final, recueil très inégal qui ne présente pas vraiment de grande originalité à mes yeux. Claire Wolniewicz écrit bien, avec humour et sensibilité, mais il manque un petit quelque chose à sa plume pour me permettre de complètement adhérer à son style. Pas assez marquée, pas assez tranchée. Elle se fond dans la masse, c'est dommage pour elle.
Les éditions
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Sainte Rita [Texte imprimé], patronne des causes désespérées Claire Wolniewicz
de Wolniewicz, Claire
Finitude
ISBN : 9782912667144 ; 2,41 € ; 01/04/2003 ; 140 p. ; Broché -
Sainte Rita [Texte imprimé], patronne des causes désespérées Claire Wolniewicz
de Wolniewicz, Claire
Pocket / Nouvelles voix
ISBN : 9782266148511 ; 3,16 € ; 04/08/2006 ; 110 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Est-ce vraiment si désespéré ?
Critique de Zazy (, Inscrite le 29 juillet 2011, 75 ans) - 14 octobre 2011
Un leitmotiv la suit, cette phrase de sa mère « « Fais attention à ce que tu souhaites parce que si tu te montres persévérante, la vie te l’apportera ». C’est mon icône à moi cette phrase. Je me la récite matin et soir, comme un mantra, comme la table de multiplication des è, comme le premier « je t’aime » qu’on a entendu, le premier « t’es belle » ».
Josiane n’en peut plus de collectionner les conquêtes sans en garder une !!!! Sans réussir à trouver l’homme idéal, ce qui fait qu’elle a un chien « A défaut d’avoir l’homme idéal, j’ai donc le chien idéal ».
Josiane n’en peut plus d’écouter les conseils de ses « amis » Elles ne se rendent pas compte celles qui disent ça, à quel point ça flétrit de se sentir aussi mal aimable. Pour que des seins pointent, il faut qu’ils puissent viser quelqu’un, pour qu’une croupe soit ferme, il faut qu’une main ait envie de la caresser. Quelles idiotes ».
Et là, en larmes, elle s’adresse à Sainte Rita, bien connue et le matin elle se sent très bien. Pas de doute Rita est passée par là !!!! Et tout finit bien comme un conte de fées ? Non ce n’en est pas un, ou alors trempé dans un bain d’acide et de cynisme. Mais que voulez-vous, elle le veut son petit bonheur !!!!
Suivent 5 autres nouvelles très courtes dont l’enclave. L’histoire de ce petit bout de femme, cette vieille femme qui a toujours été vieille, dont « le plaisir est coincé entre la crucifixion et l’espoir de rachat ». Ils n’ont jamais fait de bruit son mari, et elle, tous les 2 venus de Pologne, lui faire le mineur au fond des puits, elle faire le ménage et élever les enfants dans leur coron. Puis, elle se retrouve seule regardant le temps passer, toujours sans faire de bruit « C’est important le temps qui passe. Ca montre qu’on est résistant, on tient malgré tout. C’est un signe de courage, de qualité ». J’y ai entendu les chansons de Jacques Brel, senti beaucoup de tendresse.
C’est un tout petit bouquin, dont toutes les histoires sont de qualité égale, aussi travaillées et fouillées pour rester concises. Je me suis sentie frustrée quelquefois pour une histoire trop courte. Il y a beaucoup de férocité et de désespoir dans ces 6 nouvelles que Sainte Rita aurait bien fait de visiter !!!
En conclusion, un joli petit livre qui se lit très très vite, qui n’a d’autre prétention que nous charmer et c’est réussi.
Entre les gouttes
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 1 août 2006
Leur existence s'articule autour de choix pris, pour la plupart, il y a bien longtemps. Pour certains ces choix étaient à tout bien considérer inéluctables, toutes autres possibilités semblaient exclues. Pour d'autre ces choix sont devenus, au fil du temps, des actes de renoncements douloureux. Les étoiles entraperçues à la tombée de la nuit à travers les fenêtres ne pouvant illuminer que leur sommeil, à défaut de leurs rêves.
Les nouvelles sont résolument empreintes de mélancolie et d'espoirs avortés. Emportés par la vie, les personnages assistent impuissant à la tragédie de leur histoire, tels des marionnettes sans prise sur leur destin.
Les thèmes abordés et l'écriture sobre m'ont tout d'abord plu. Seulement ce style un peu trop dépouillé de tous ces aspects parfois encombrant dans le bon déroulement d'une histoire, finit par produire ici des récits qui s'effilochent trop rapidement. La plupart des nouvelles ne sont pas suffisamment abouties et leurs chutes, comme dans Sainte Rita ou M. Bernard, sont quelques peu artificielles. Dommage car j'adore ces petites histoires qui captent le quotidien sous ses formes, parfois les plus banales, et nous renvoient à nos propres existences ou à celles de ceux que le hasard de la vie nous a donnés de croiser.
Instantanés
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 7 janvier 2006
Deux autres nouvelles m'ont bien plu, "L'enclave", qui décrit l'après-midi et la vie d'une retraitée ouvrière, qui n'attend plus de la vie que le déballage des mauvaises nouvelles autour d'une tasse de café entre amies. Description fine et tellement vraie. La dernière nouvelle "Le chat", elle aussi, est particulièrement subtile. Cette perte subite du désir de l'autre, l'amour qui s'en va en coup de vent....
Bref, un recueil assez inégal, comme souvent dans le genre mais trois nouvelles qui m'ont plu, ce n'est déjà pas mal. J'ai aimé aussi le format de l'ouvrage et la qualité de reliure qui procure un vrai plaisir de lecture.
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