Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig

Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Brice Depasse, le 1 octobre 2005 (Namur, Inscrit le 25 juin 2005, 61 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 767ème position).
Visites : 7 344  (depuis Novembre 2007)

Le livre d'un homme éclairé

Ce livre est un vrai plaisir pour l'esprit, un réel bonheur pour chaque jour. Vous en aurez pour des mois avant d'en faire le tour. "Le dictionnaire égoïste de la littérature française" est le credo d'un réel amoureux des lettres, l'ouvrage d'un homme qui fait les choses très sérieusement sans trop se prendre au sérieux. On est très loin du "Dernier inventaire avant liquidation" de Begbeider. Comme Pierre Assouline l'a fait dans les colonnes du Monde, je reconnais n'avoir lu aucun des recueils de poèmes ni aucun des romans de Charles Dantzig. Je vais rattraper mon retard en cimentant sur ma table de chevet ce recueil de chroniques, articles, odes et hymnes que ce lecteur complet et éveillé consacre sans faux-semblant aux géants de l'écrit. Je vous invite à écouter son interview sur mon blog : http://lireestunplaisir.skynetblogs.be/

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Les éditions

  • Dictionnaire égoïste de la littérature française [Texte imprimé] Charles Dantzig
    de Dantzig, Charles
    B. Grasset
    ISBN : 9782246634317 ; 29,90 € ; 07/09/2005 ; 968 p. ; Broché
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Le canal de Dantzig

8 étoiles

Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 14 août 2009

Je ne partage pas, tant s'en faut, tous les goûts littéraires (sans parler du reste, qui demeure ici "hors sujet") de Charles Dantzig, mais quel plaisir de découvrir, grâce à lui, nombre de terrae incognitae subtiles ou brillantes, souvent injustement délaissées par le temps, l'ignorance ou l'indifférence. A conserver et consulter comme vade-mecum : même les irritations qu'on y éprouve sont salutaires pour l'esprit.

Gourmandises littéraires

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 1 mars 2009

Voici un livre de 1142 pages en édition de poche qui ne se dévore pas, sauf à risquer une indigestion. Voici un livre qui se déguste, se savoure, quitte à avoir parfois quelqu’aigreur d’estomac. Charles Dantzig a mitonné un dictionnaire qui est brillant sans être clinquant, drôle sans être superficiel, riche sans être exhaustif, érudit sans être ennuyeux. Chaque page est à la fois une déclaration d’amour à la littérature française et une griffe acérée à ceux qui la font. Dantzig doit plus aimer la littérature que les écrivains.

Il a exclusivement choisi des auteurs disparus car la mort « supprime la bienséance ». Dire aujourd’hui de Simone de Beauvoir qu’elle « n’écrit ni bien ni mal, elle n’écrit pas » ne suscite aucune polémique alors qu’il en aurait été bien différemment dans les années cinquante. Montherlant « hâbleur timide et agaçant », personne ne bouge. « Gide modeste opération de gigantesque propagande » relativisera peut-être le lancement de sa nouvelle édition dans la Pléiade sans que ses thuriféraires ameutent l’opinion de leurs cris d’orfraie.

Le choix de l’auteur est par définition totalement subjectif et chacun y trouve ce qu’il en attend avant de s’indigner devant des affirmations qui sont contraires à ses goûts. Ainsi ce qu’il écrit sur « A la recherche du temps perdu », analysant ce que n’est pas ce roman alors que tant d’essayistes ont tenté dire ce qu’il est, est un petit chef d’œuvre qui devrait inciter les plus allergiques à Proust (j’en connais) à tenter une nouvelle lecture. Les pages sur Max Jacob qui « remarque le fabuleux de la vie » ou sur « La vie de Rancé » qui n’est probablement pas aujourd’hui le livre le plus lu de Chateaubriand donnent envie de découvrir ces oeuvres négligées. Et je pourrais ainsi en citer cent.

Les choses se gâtent, mais c’est la loi du genre, quand il écrit des infamies sur nos auteurs préférés. Et nous voila, pleins de nos préjugés, à penser que le subjectif vire alors à la partialité et l’analyse à la polémique. Décrire Aragon comme un danseur n’est pas mal vu mais le qualifier d’aboyeur est grotesque, ou plutôt il est grotesque de s’en tenir là. Portraiturer Marguerite Yourcenar en « vieux labrador enroulé d’un torchon » est pour le moins inélégant mais affirmer « si, en matière de style, elle se fournit en clichés par défaut d’imagination, en matière d’idées, elle débite des lieux communs par défaut de réflexion » est une mesquinerie médiocre conjuguée à une erreur fondamentale. Et je pourrais là aussi en citer cent.

Vous l’avez compris, si on se délecte page 852 (édition de poche) sur Rabelais, c’est pour hurler au parti pris page 615 quand il traite Mauriac de paresseux. Mais au-delà de nos préjugés, voici un livre qui donne envie de lire, de découvrir, de relire. Un livre à garder au chaud dans son garde-manger littéraire pour l’avoir sous la main chaque fois que nécessaire, c’est-à-dire souvent.

Dictionnaire égoïste dit Dantzig. Pourquoi égoïste ? Peut-être parce que l’auteur fait sienne la définition qu’en donnait Jules Renard que pourtant Dantzig n’aime pas, le jugeant « trop pincé » : « Le véritable égoïste accepte même que les autres soient heureux s’ils le sont à cause de lui ». Eh bien oui, Charles Dantzig est un égoïste est c’est très bien comme ça.

Intelligent,partial, bien écrit et humoristique!

9 étoiles

Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 17 novembre 2008

Il est à remarquer que l'auteur a décidé de ne parler que des auteurs morts!
Charles Dantzig est partial et certains pourraient être choqués par certaines de ses critiques.
Par contre, il ne manque pas d'humour, ce qui augmente le plaisir de la lecture et de nombreux articles de son dictionnaire égoïste.
J'en fais de toute façon un ami-lecteur parce qu'il est fan de "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen. Il en parle entre autres à à propos du monologue intérieur dans la littérature française , citant ceux d'Ariane, héroïne de cette merveilleuse histoire d'amour enchâssée dans un théâtre social désopilant.

Exemples de son humour rosse et de sa finesse d'analyse:

Lecture : "Ce qui distingue l'homme de la brute, c'est la lecture.Ce qui rend une brute insupportable, c'est quand elle a de lecture".

Lecteurs :"La lecture révèle le lecteur. Et, lecteurs, dites-vous, dans l'étrange animal que vous formez avec l'écrivain, vous êtes autant soupçonnés que lui. De même que, comme le disait Stendhal, Racine est un assassin parce qu'il a écrit Phèdre, de même, un lecteur est homosexuel parce qu'il lit Jean Genet!".

Aragon : "Aragon a des débuts éblouissants.On a envie de tout lire, de s'enthousiasmer. Ensuite, hélas, il patine.

Biographies : "On n'a pas le temps de lire toutes ces bios de 800 pages. Il faut vivre , tout de même".

André Breton : "Breton, fils de gendarme, n'a pas trahi son héridité" (Là, il m'a fait mal)

Céline : "Céline est un vociférateur inventif"

Paul Claudel : "Le huitième jour, Dieu créa Paul Claudel.Il avait envie de se foutre du monde".

Albert Cohen "Eh bien, Belle du seigneur, qui a tout pour faire un chef d'oeuvre, en est un. (A quelques gâtismes près).C'est le social qui élève le livre, tout cette satire sans qui il ne serait qu'une histoire d'amour féérique.

Il y en de cette qualité pendant 950 pages!! Dommage qu'il ne parle pas des écrivains vivants! Je crois qu'il tient à survivre dans le milieu littéraire français.

En tout cas, je suis à l'affût de ce livre chez les bouquinistes après l'avoir emprunté à la bibliothèque de Bruxelles.

Zapping littéraire

10 étoiles

Critique de Pitibeni (Marseille, Inscrit le 25 décembre 2004, 48 ans) - 4 octobre 2005

Dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig s’exprime d’abord par ses choix. Celui-ci est à nul autre pareil : on y pioche au hasard pour découvrir la signification intime que l’auteur souhaite donner aux mots. Erudit et plein d’humour, l’ouvrage est fait pour être lu, même s’il l’est différemment : il cherche à introduire le zapping littéraire.
Tout y est conjugué au présent du subjectif, et la culture autant que la qualité d'essayiste de Dantzig nous laisse tout à y envier... L'intérêt n'est pas dans une quête de définition pure et définitive mais dans l'errance de la pensée à travers les idées et leur cortège sémantique que l'auteur leur attribue.
S'il est impossible à lire comme le serait un roman, ce dictionnaire est un plaisir qui se consomme à petit à feu, sans jamais abandonner son lecteur à l'ennui.

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