Le sexe de la femme
de Gérard Zwang

critiqué par Bolcho, le 6 octobre 2005
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Pour toutes les forêts du monde...
C’est en participant à un exercice sur « Vos écrits » (Eros) que j’ai pensé à rechercher dans ma bibliothèque ce livre magnifique, passionné, passionnant, érudit, drôle, politique, dénonciateur, amoureux, très bien écrit et bourré de tant d’autres qualités que je renonce à les citer toutes.
Il s’agit de parler du sexe de la femme et d’en parler comme cela n’avait jamais été fait avant 1967, date de la première sortie du livre. 1967, quelques mois avant les « événements » de 68 et d’une certaine façon intimement lié à ces événements. La dernière réédition date de 1997 et permet au passage à l’auteur de faire un peu la liste des choses qui ont changé depuis. En bien pour l’essentiel, notamment sur des questions comme l’attitude par rapport aux mutilations sexuelles.
A travers la morphologie (90 pages de description minutieuse qui se lisent presque comme un long poème), la physiologie (45 pages), un voyage dans la culture (110 pages, LES cultures plutôt, dans le temps et l’espace), l’art (60 pages), sans oublier un fabuleux glossaire avec tous les mots, d’abricot à zizou, qui désignent ou ont désigné l’endroit, c’est un pur délice qui a été loué à l’époque de la sortie par les féministes pures et dures. Enfin, pures, je ne dirais pas, mais dures, très, et elles avaient raison.
Pour se faire une idée des réactions dans la presse, en 67, voici celle du « Canard enchaîné » que cite Jean-Jacques Pauvert dans la présentation de l’édition de 97 : « Ce sujet tabou n’avait jamais été traité. Il l’est magnifiquement par un chirurgien de grande culture qui en est manifestement amoureux et qui, explorant d’une main experte ce domaine brûlant, sait avec un sûr doigté l’atteindre au vif et lui donner toute l’extension désirable ».
Et cette intervention de Gérard Zwang, en tête de la même édition et commentant la mode d’aujourd’hui après avoir parlé du fait que l’ « Origine du monde » de Courbet, n’est devenu visible pour tout le monde qu’en 1995 :
« La mode désastreuse des maillots de bain dits brésiliens, d’inspiration carrément misogyne, oblige des millions d’écervelées à s’émonder tout ou partie du bosquet sacré de Vénus. (…) les ‘chattes rasées’ semblent devenir le parangon pédophilique-gérontophilique de l’érotisme ‘fin-de-siècle’. Dénonçant avec véhémence cet attentat écologique, ce déboisement aussi consternant que celui de la forêt équatoriale, j’espère ne pas prêcher dans le désert de la dévastation. Arrêtez le massacre, arrêtez les bulldozers ! Il ne faudrait tout de même pas que nos arrière-petits-enfants soient obligés, pour contempler dans toute sa sauvage splendeur la forêt vénusienne, de se rendre au musée ! ».
A mettre entre toutes les mains bien sûr.