La récompense d'une mère
de Edith Wharton

critiqué par Saule, le 7 octobre 2005
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Il n'y a pas d'âge pour vieillir
"Il n'y a pas d'âge pour vieillir. A tout instant de la vie guettent l'abdication, la jouissance de voir s'estomper l'existence tout en la conservant, le goût de ressasser le passé. La passion nostalgique , la rage du regret". Ouf ! Ça pourrait être du Wharton mais ça ne l'est pas, c'est Viviane Forester dans son excellente préface à ce livre tardif et moins connu d'Edith Wharton.

Kate Clephane, l'héroïne, est comme une baleine échouée sur un banc de sable qui survit péniblement hors de son milieu naturel. Façonnée puis recrachée par la haute société New Yorkaise suite à un scandale, elle s'exile dans une petite ville de la côte d'azur, comme dans un hospice pour déchus de la haute-société. Afin de remplir la morosité des journées, ces exilés ont recréé un microscome du paradis perdu, avec les mêmes futilités, codes d'honneur et mesquineries, mais tout est une classe en-dessous. Soudainement Kate se voit promue et reçoit la chance de retourner à New-York vivre avec sa fille et une complète réhabilitation à la clé.

C'est un roman cruel et très désabusé je trouve. Il y a une réflexion cynique sur le rôle de la femme, la femme épouse non respectée, celle aimante abandonnée, et bien sur mère mais d'une manière finalement très ambivalente. Il y a le destin des déchus, un niveau de lecture qui m'a frappé comme je le mentionne plus haut. Et comme toujours chez Wharton on sent poindre le thème de l'enfermement, victime des conventions, du regard des autres, du rôle qui nous est assigné. Les romans de Wharton se lisent à plusieurs niveaux, celui-ci aussi, cependant le premier niveau de lecture est ici un peu plus faible et ce livre un peu moins enthousiasmant que ses grands livres. Il n'en reste pas moins très intéressant ne fusse que pour la préface de Viviane Forrester.