Insiders, tome 4 : Le piège afghan
de Jean-Claude Bartoll (Scénario), Renaud Garreta (Dessin)

critiqué par Shelton, le 16 octobre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Infiltration maximale...
Najah est une femme d’action, c’est le moins que l’on puisse dire, qui, après quelques graves déboires, s’est retrouvée dans l’obligation d’accepter une mission du gouvernement américain, infiltrer une organisation de type maffieux… Il s’agit de devenir une proche du milliardaire Sam Natchez. Cet homme est suspecté, enfin pour le lecteur ce n’est plus du soupçon, d’être le parrain du grand conseil, organisation au sommet de la Maffia dont on ne connaît que fort peu de chose… si ce n’est qu’elle bénéficie de complicité dans tous les gouvernements de la planète…
Najah fait donc son travail au mieux et la voilà contrainte de partir pour une région du monde des plus chaudes… Pakistan, puis Afghanistan où elle est emmenée prisonnière avec Bertrand Cordez, un vendeur de missiles…
Va-t-elle-s’en sortir ? Mais même vivante, saura-t-elle garder la confiance de Sam, qui a priori l’aime bien, mais dont l’entourage ne supporte pas cette Najah qui est beaucoup trop belle pour être honnête…
Le troisième volet de cette histoire est encore plus complexe, puisque, à Washington, certaines personnes tentent de connaître l’identité de cette infiltrée pour lui nuire. Le président lui-même serait en danger et personne ne peut prendre la bonne décision car le dernier homme intègre de l’administration centrale est dans le coma !
Voilà, tout est réuni pour une aventure qui va naviguer entre espionnage et criminalité, entre politique et économie, entre guerre et révolution… Le lecteur de cette chronique ne doit pas se laisser piéger, il ne s’agit pas d’une histoire à la gloire des Etats-Unis, des riches ou des puissants de ce monde… En fait, avec cette aventure, nous prenons conscience – était-ce indispensable ? – que, dans bien des dossiers, le sort des pays pauvres se joue sur un tapis de négociation où ce n’est pas leurs vies qui comptent mais bien les profits des uns et le pouvoir des autres qui sont au centre de la stratégie…
La série est très bien construite, le suspens admirablement bien géré et c’est bien le piège maximum pour le lecteur qui ne peut que continuer la lecture… Bartoll, le scénariste, s’est très bien documenté et présente les liens entre pouvoirs, trafiquants, fabricants d’armes, guérillas de façon très crédible. Le dessinateur, Garreta, met en place une narration graphique très dynamique, pleine d’énergie, qui ne laisse aucun repos au lecteur… La performance est d’autant plus intéressante que dans cet album, à cause du passage en Afghanistan, il est obligé de dessiner à la fois des séquences de haute technologie, avions de chasse, hélicoptères, voitures très modernes… mais aussi des déplacements et des combats à cheval, des bivouacs, des grottes en haute montagne, la culture du pavot, la récolte de la résine d’opium… Beau travail technique qui fait plaisir à voir…
Mais, pour le reste, le plus important est à venir car on aura bien compris que le passage en Afghanistan n’est qu’une étape du travail de Najah… et que, là-bas, dans l’ombre, on va s’acharner contre elle pour protéger le grand conseil… Car la Maffia est comme une hydre à plusieurs têtes on ne peut pas la vaincre en un seul combat !