The Long Good-Bye
de Raymond Chandler

critiqué par Olivier Michael Kim, le 17 octobre 2005
(Nantes - 48 ans)


La note:  étoiles
Une brute au coeur d'artichaut
Philip Marlowe est détective privé. Par hasard il rencontre un poivrot, Terry Lennox, qu’il prend sous son aile. Le gars en question est marié à la fille d’un riche magnat de la presse. Alors, lorsque celle-ci se fait tuer, Terry Lennox prend peur et s’enfuit au Mexique avec l’aide de Marlowe.
Le détective Marlowe va donc faire les frais des flics qui vont l’accuser de complicité. Par la suite, il en viendra à fréquenter le gratin de L.A. Il découvrira ainsi le passé de Terry Lennox en côtoyant l’infecte bourgeoisie californienne.

Ce roman est un polar noir, l’histoire d’un mufle au grand cœur qui va pâtir de sa sensibilité. Si la fin est prévisible, le cheminement pour arriver à la conclusion est intéressant. La progression de l’enquête apporte des éléments nouveaux de façon périodique. J’aime ce genre où toutes les vérités ne nous sont pas sorties brutalement pour faire une chute spectaculaire.
Côté style, l’écriture de Chandler est belle, coulée, vivante, tout en laissant quelques mots d’argot pour donner le ton. La narration à la première personne forge le caractère du héros, qu’on trouve sympathique malgré ses travers de mauvais garçon.
Le baiser mortel ! 7 étoiles

Philip Marlowe nous plonge dans une enquête des plus machiavéliques auquel le dénouement ne laissera pas indemne.

Il est au centre d'un jeu mortel, où se mêlent femme fatale, truands, avocats véreux, docteur maboul, tueurs et flics ripoux ainsi que des caïds coriaces.

Notre détective tombe dans un piège dont on l'accuse de crimes, s'embourbe dans la boue des faubourgs de Berverly Hills jusqu'au Mexique à Tijuana.

Des minables, des ploucs, des crimes maquillés, des suicides truqués, tout s'emballe jusqu'au tournis !

Et pourtant, le récit est fameux, tragique, pour sûr la meilleure enquête de notre privé.

......
Où veux tu que je te plombe, minable ?
Tu me parais un peu ramolli du ciboulot pour lire cette foutue embrouille.

T'inquiète, tout s'explique, mais je ne te garantis pas une petite crise de folie au passage.

Allez tous au diable, and the long good bye, baby.

Pakstones - saubens - 58 ans - 7 octobre 2011


Le Privé 10 étoiles

"The Long Good-Bye" a été adapté au cinéma par Altman, avec Elliott Gould dans le rôle de Marlowe, c'est le sublime "Le Privé", sans doute mon Altman préféré et même (si, si !) mon adaptation préférée de l'univers chandlérien. J'adore cet auteur, son univers, ses livres, et "The Long Good-Bye" est, après "Le Grand Sommeil", mon préféré de lui. Super !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 2 août 2010


Marlowe et son grand coeur 7 étoiles

A signaler la parution de ce titre dans la collection Folio Policier, au format poche, sous l'ISBN 2070404749.

Philip Marlowe croise la route de Terry Lennox et d'une magnifique femme blonde qui lui fait tourner la tête. Lorsque la belle se fait tuer et que ce nouvel ami bizarre risque d'y laisser sa peau, Marlowe décide de l'aider, quitte à se mettre la police sur le dos et la loi... ma foi, la loi, il s'en fiche un peu!

Chandler distille indices et révélations à un rythme égal, ne livrant pas tous ses atouts d'un seul coup et maintenant ainsi l'intérêt du lecteur en éveil du début à la fin. Procédé classique mais habile, qui évite certaines pirouettes trop souvent vues dans d'autres polars.
L'écriture est soignée, maîtrisée, s'écoulant avec fluidité; c'est agréable.
A travers son personnage de détective au coeur tendre, Chandler dresse un portrait de la corruption et de l'Amérique du strass et des paillettes sans grande concession; le contraste entre le héros et le contexte est intéressant. De plus, le lecteur est rapidement impliqué dans le récit, il se sent concerné de très près et le mode narratif employé y est pour beaucoup.
Un roman de bonne facture!

Sahkti - Genève - 50 ans - 16 décembre 2008


Le minable au coeur pur 8 étoiles

On est séduit par le caractère à la fois dur et sans concessions de Philip Marlowe. Beau gosse, un rien porté sur la bouteille, mais surtout incapable de tenir sa langue dans sa bouche. Il collectionne les bastons et n'a peur de personne. Quant au fric, il n'a besoin que du strict minimum, quitte à se faire traiter de minable plusieurs fois par histoire. Désabusé, terriblement lucide et plutôt intelligent, il est au fond incorruptible, cynique sans pour autant détester le monde entier. Bref un cœur pur sous une carapace de détective privé de seconde zone.
Et c'est par le contraste même entre son personnage principal et le reste de la société que Raymond Chandler parvient à faire passer son message principal. L'accumulation d'argent ne mène qu'au vice. La société américaine est corrompue jusqu'à la moelle. Seuls les gens simples peuvent rester droits dans leurs bottes. Et peu importe l'échelon social: de bas en haut (et surtout en haut), tout le monde est concerné. Une galerie de personnages effrayante, de la blonde éthérée à l'homme d'affaires véreux, en passant par le flic cogneur, l'écrivain raté et le toubib-qui-se-la-pête.
Après, peu importe l'intrigue. Ca tombe bien: ici, elle est plutôt bien foutue, admirablement servie par un style alerte et des dialogues au cordeau.
Du bel ouvrage.

Philduch - Aix en Provence - 56 ans - 20 juillet 2008


Sur un air de Navaja 9 étoiles

J'ai lu ce roman de Chandler sous un autre titre, dieu merci j'ai vérifié si les histoires correspondaient avant de faire un doublon. Sachez que "Sur un air de Navaja" et "The Long Goodbye" sont la même histoire.

C'était mon premier roman de Chandler, un autre des écrivains favoris de MON écrivain favori Haruki Murakami. Déjà célèbre dans le folklore américain pour avoir vu son héros Phillip Marlowe être joué par le légendaire Humphrey Bogart au cinéma. En fait, Marlowe et Bogart, personnage et acteur, ont en quelque peu , dans une symbiose , contribué à leur succès l'un, l'autre.

Ce roman policier de Chandler est très intéressant par le point de vue subjectif qu'observe Marlowe sur son entourage, le roman tel que l'écrivait Chandler était une révolution dans le genre du roman-confidence. L'emploi de la première personne, et l'emploi d'un humour plutôt acide montre la conscience du sujet de l'acte de lecture. Marlowe écrit pour un public, donc se fait lui-même personnage, se déclare partie du récit.

Pour ce qui est de l'histoire au premier degré, et bien, c'est bien mené, un peu lent par exemple. Pensez un peu à une intrigue à la Columbo où on est dans l'ombre jusqu'à la tirade finale. Vraiment pas mal du tout Raymond Chandler... j'en relirai.

FightingIntellectual - Montréal - 41 ans - 26 mai 2006