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Le Père Noël me connait bien, enfin plutôt en l'occurrence la Mère Noël, qui a déposé dans mes souliers le dévédé de « Sous le Soleil de Satan » de Maurice Pialat (pour cela que le Très Haut le Tout Puissant le miséricordieux la couvre de sa grâce), recelant le film et des suppléments passionnants, dont une interview croisée de Pialat et André Frossard par Pierre Boutang, programmée à l'origine dans l'émission « Océaniques » en 1987 (ami jeune, ami inculte, toi qui a connu de nombreuses réformes de l'enseignement des Lettres, à l'époque, on pouvait voir de ces entretiens à 20h30 sans que cela ennuie qui que ce soit).
On chercherait en vain des éditorialistes catholiques de la trempe d'un Frossard aujourd'hui, , sans injure aucune, c'est tout simplement qu'ils ne sont pas encore totalement à sa hauteur.
Ce film est une adaptation magistrale de Bernanos par un autre « angoissé joyeux », car le réalisateur et l'écrivain, apparemment aux antipodes, sont de la même famille, de ceux pour qui leur art, pour l'un la littérature, pour l'autre le cinéma, sont des enjeux existentiels, des questions centrales, dans le but de trouver ou de donner un sens à leur existence, le deux hommes étant de ces personnes qui perçoivent en toute lucidité l'absurde absolu de la plupart des sociétés humaines, et en particulier de la nôtre qui se targue d'être au sommet du progrès.
Avec Pierre Boutang, Pialat est au fond dans la pudeur, il parle de son travail comme de celui d'un petit artisan où n'interviendrait aucune considération élevée, aucune appétence spirituelle, ou intellectuelle, particulière pour Bernanos, aucune appétence pour parler d'art en racontant la fin de la vie de Van Gogh plus tard (Pialat peignait également), aucune envie de parler d'amour de manière directe, comme dans « Loulou », ou de l'époque et du dégoût qu'elle lui inspire, comme dans « Passe ton bac d'abord », « A nos amours », avec une Sandrine Bonnaire débutante, ou « Nous ne vieillirons pas ensemble » qui parle aussi des leurres et de la violence d'être en couple et de l'impossibilité de l'amour absolu, qui ne conduit qu'au gouffre.
Non, sans prétentions aucunes Maurice Pialat n'évoque que son minuscule « artisanat ».
On rêverait d'entendre les réalisateurs français, mais pas seulement, actuels, faire preuve de la même humilité actuellement devant leur art, reconnaître que dans d'autres films, « Police » selon Pialat, ils n'ont pas fait preuve d'assez d'exigence, y compris ceux qui sont doués, la plupart d'entre eux à les entendre prétendant révolutionner l'art cinématographique à chacune de leurs œuvres.
Du cinéaste, on retient surtout le personnage caricatural de râleur qui serait un rien réactionnaire sur les bords, le « sale type » qui sort des horreurs en public, du genre à faire rougir les dames, et susciter l'envie des petits garçons sages qui aimerait se comporter aussi mal mais qui n'osent pas, ou qui fait un bras d'honneur au public mondain de Cannes après avoir reçu la palme d'Or pour « Sous le soleil de Satan ».
En passant, c'était tout de même un moment délicieux pour l'homme, ou la femme, de goût, que ce moment où il envoie balader d'un seul geste tous ces nouveaux bigots festivistes et libéraux-libertaires, tous prétendument de gauche mais soucieux quand même du fric que leur rapporte les films, parfaitement incapables de comprendre les enjeux existentiels que j'évoque plus haut.
Dans « Nous ne vieillirons pas ensemble », il tourne avec un autre de ces « sales types », « anar de droite », provocateur, qui est Jean Yanne réduit à son personnage de trublion mettant les pieds dans le plat de la pensée correcte alors que le comédien, et réalisateur, était aussi de l'espèce des « angoissés joyeux », des ogres fragiles qui voudrait que rien de ce qui est humain ne leur étranger, ce qui est un souhait dangereux.
Yanne cachait lui aussi sa sensibilité et sa fragilité sons des pétarades sarcastiques et une verve caustique sans égal auxquelles il rajoutait grosses caisses et cymbales dés qu'on lui en faisait le reproche, ou que cela choquait les arbitres des élégances culturelles z-et politiques qui étaient les mêmes qu'en 2013.
Bernanos appelait ça la « communion des saints », cette « étonnante communauté » qui le reliait à Simone Weil, la philosophe, qui lui écrit une lettre magnifique, par exemple, la communion de ceux qui sont dotés d'encore un peu de sensibilité aux autres, au monde qui les entoure, et ce malgré toutes les divergences apparentes, l'orgueil et les colères ou fâcheries homériques qui peuvent les diviser, cette « étonnante communauté » de tous ceux qui ont encore peu le sens de leur humanité et qui ne sont pas dupes des soleils trompeurs de l'apparente victoire du mal dans le monde...
On chercherait en vain des éditorialistes catholiques de la trempe d'un Frossard aujourd'hui, , sans injure aucune, c'est tout simplement qu'ils ne sont pas encore totalement à sa hauteur.
Ce film est une adaptation magistrale de Bernanos par un autre « angoissé joyeux », car le réalisateur et l'écrivain, apparemment aux antipodes, sont de la même famille, de ceux pour qui leur art, pour l'un la littérature, pour l'autre le cinéma, sont des enjeux existentiels, des questions centrales, dans le but de trouver ou de donner un sens à leur existence, le deux hommes étant de ces personnes qui perçoivent en toute lucidité l'absurde absolu de la plupart des sociétés humaines, et en particulier de la nôtre qui se targue d'être au sommet du progrès.
Avec Pierre Boutang, Pialat est au fond dans la pudeur, il parle de son travail comme de celui d'un petit artisan où n'interviendrait aucune considération élevée, aucune appétence spirituelle, ou intellectuelle, particulière pour Bernanos, aucune appétence pour parler d'art en racontant la fin de la vie de Van Gogh plus tard (Pialat peignait également), aucune envie de parler d'amour de manière directe, comme dans « Loulou », ou de l'époque et du dégoût qu'elle lui inspire, comme dans « Passe ton bac d'abord », « A nos amours », avec une Sandrine Bonnaire débutante, ou « Nous ne vieillirons pas ensemble » qui parle aussi des leurres et de la violence d'être en couple et de l'impossibilité de l'amour absolu, qui ne conduit qu'au gouffre.
Non, sans prétentions aucunes Maurice Pialat n'évoque que son minuscule « artisanat ».
On rêverait d'entendre les réalisateurs français, mais pas seulement, actuels, faire preuve de la même humilité actuellement devant leur art, reconnaître que dans d'autres films, « Police » selon Pialat, ils n'ont pas fait preuve d'assez d'exigence, y compris ceux qui sont doués, la plupart d'entre eux à les entendre prétendant révolutionner l'art cinématographique à chacune de leurs œuvres.
Du cinéaste, on retient surtout le personnage caricatural de râleur qui serait un rien réactionnaire sur les bords, le « sale type » qui sort des horreurs en public, du genre à faire rougir les dames, et susciter l'envie des petits garçons sages qui aimerait se comporter aussi mal mais qui n'osent pas, ou qui fait un bras d'honneur au public mondain de Cannes après avoir reçu la palme d'Or pour « Sous le soleil de Satan ».
En passant, c'était tout de même un moment délicieux pour l'homme, ou la femme, de goût, que ce moment où il envoie balader d'un seul geste tous ces nouveaux bigots festivistes et libéraux-libertaires, tous prétendument de gauche mais soucieux quand même du fric que leur rapporte les films, parfaitement incapables de comprendre les enjeux existentiels que j'évoque plus haut.
Dans « Nous ne vieillirons pas ensemble », il tourne avec un autre de ces « sales types », « anar de droite », provocateur, qui est Jean Yanne réduit à son personnage de trublion mettant les pieds dans le plat de la pensée correcte alors que le comédien, et réalisateur, était aussi de l'espèce des « angoissés joyeux », des ogres fragiles qui voudrait que rien de ce qui est humain ne leur étranger, ce qui est un souhait dangereux.
Yanne cachait lui aussi sa sensibilité et sa fragilité sons des pétarades sarcastiques et une verve caustique sans égal auxquelles il rajoutait grosses caisses et cymbales dés qu'on lui en faisait le reproche, ou que cela choquait les arbitres des élégances culturelles z-et politiques qui étaient les mêmes qu'en 2013.
Bernanos appelait ça la « communion des saints », cette « étonnante communauté » qui le reliait à Simone Weil, la philosophe, qui lui écrit une lettre magnifique, par exemple, la communion de ceux qui sont dotés d'encore un peu de sensibilité aux autres, au monde qui les entoure, et ce malgré toutes les divergences apparentes, l'orgueil et les colères ou fâcheries homériques qui peuvent les diviser, cette « étonnante communauté » de tous ceux qui ont encore peu le sens de leur humanité et qui ne sont pas dupes des soleils trompeurs de l'apparente victoire du mal dans le monde...
Merci aux lecteurs vigilants signalant les doublons et les notes plus intéressantes en forum, heureusement que leur vigilance existe
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