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Toujours un peu perturbée par la lecture d'Antigone d'Anouilh..
Nance, j'ai adoré ta critique, oui, c'est une emmerdeuse, mais il en faut!
Mais surtout , où je voyais dans ce personnage et à ce moment bien précis,( 1944) un hommage à la Résistance , et dans le " Il faut faire ce que l'on peut " ( et qu'importe les conséquences) une incitation à ne pas tout subir, il semble que les choses ne soient pas si claires..
Sur Wikipedia
Malgré cela, quelques critiques et résistants ont voulu voir au contraire dans Antigone une apologie de la collaboration. Parmi les faits reprochés à Anouilh à la Libération : son amitié pour Pierre Fresnay, les textes publiés dans des journaux collaborationnistes et son soutien actif à la demande de grâce en faveur de Brasillach. Parmi les ennemis d'Anouilh figuraient Armand Salacrou et le journal clandestin Les Lettres françaises qui écrivit : Antigone « est une pièce ignoble, oeuvre d'un Waffen-SS » Anouilh restera très longtemps marqué par ces accusations, qu'il considérait comme profondément injustes
.. Surprenant..
Quelqu'un en sait-il plus à ce sujet, et comment voyez- vous le personnage de Créon autrement que sous les traits de celui qui était au pouvoir à l'époque?
Nance, j'ai adoré ta critique, oui, c'est une emmerdeuse, mais il en faut!
Mais surtout , où je voyais dans ce personnage et à ce moment bien précis,( 1944) un hommage à la Résistance , et dans le " Il faut faire ce que l'on peut " ( et qu'importe les conséquences) une incitation à ne pas tout subir, il semble que les choses ne soient pas si claires..
Sur Wikipedia
Malgré cela, quelques critiques et résistants ont voulu voir au contraire dans Antigone une apologie de la collaboration. Parmi les faits reprochés à Anouilh à la Libération : son amitié pour Pierre Fresnay, les textes publiés dans des journaux collaborationnistes et son soutien actif à la demande de grâce en faveur de Brasillach. Parmi les ennemis d'Anouilh figuraient Armand Salacrou et le journal clandestin Les Lettres françaises qui écrivit : Antigone « est une pièce ignoble, oeuvre d'un Waffen-SS » Anouilh restera très longtemps marqué par ces accusations, qu'il considérait comme profondément injustes
.. Surprenant..
Quelqu'un en sait-il plus à ce sujet, et comment voyez- vous le personnage de Créon autrement que sous les traits de celui qui était au pouvoir à l'époque?
Intéressant qu'on peut voir le tout et son contraire. :) Dans tous les cas, ce n'est pas une pièce que laisse de marbre et pour moi c'est le plus important.
Ça me fait penser à Le prince, comme je l'ai mentionné dans ma critique:
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/327
Jean-Jacques Rousseau et d'autres y voyaient une dénonciation des magouilles des grands. On ne saura jamais ses véritables intentions à ce sujet.
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/327
Jean-Jacques Rousseau et d'autres y voyaient une dénonciation des magouilles des grands. On ne saura jamais ses véritables intentions à ce sujet.
Moi aussi j'ai lu ça comme un hommage à la résistance, même si c'est en vain.
Mais comme je l'ai mentionné dans ma critique d'Antigone, sur le coup je n'avais pas aussi aimé son attitude genre se rebeller pour le trip de se rebeller, peut-être que c'est pour ça que certains critiques n'ont pas aimé vu ça comme de l'anti-résistance, qu'on ridiculise et descend les rebelles en les trouvant vains et insensés, etc.
Dans ta critique tu parles du Corbeau, voici ce qu'on peut lire sur Wiki:
"Ce film est notable, outre sa qualité intrinsèque, pour avoir causé de sérieux problèmes à son réalisateur à la Libération, à la fin de la Seconde Guerre mondiale : le film a été produit par la Continental Films, une société de production allemande établie en France dans les premiers mois de la guerre ; de plus, ce film a été perçu par la résistance et la presse communiste de l'époque comme une tentative pour dénigrer le peuple français. Pour ces raisons, Clouzot a d'abord été banni à vie du métier de réalisateur en France et le film a été lui aussi interdit, mais les deux interdictions furent finalement levées en 1947."
Les gens ne voient pas les choses de la même manière...
"Ce film est notable, outre sa qualité intrinsèque, pour avoir causé de sérieux problèmes à son réalisateur à la Libération, à la fin de la Seconde Guerre mondiale : le film a été produit par la Continental Films, une société de production allemande établie en France dans les premiers mois de la guerre ; de plus, ce film a été perçu par la résistance et la presse communiste de l'époque comme une tentative pour dénigrer le peuple français. Pour ces raisons, Clouzot a d'abord été banni à vie du métier de réalisateur en France et le film a été lui aussi interdit, mais les deux interdictions furent finalement levées en 1947."
Les gens ne voient pas les choses de la même manière...
Les uns y voient une dénonciation de la délation, d'autres une oeuvre de la collaboration qui méprise le peuple.
Mais comme je l'ai mentionné dans ma critique d'Antigone, sur le coup je n'avais pas aussi aimé son attitude genre se rebeller pour le trip de se rebeller, peut-être que c'est pour ça que certains critiques n'ont pas aimé vu ça comme de l'anti-résistance, qu'on ridiculise et descend les rebelles en les trouvant vains et insensés, etc.
Mais tu la trouves insensée, moi pas du tout.. Elle estime que son frère, quoiqu'il ait fait, a droit à une sépulture.. Ca ne sert à rien? Et bien tant pis. Quelquefois il faut dire non, Nance, même si cela coûte et que tout le monde était bien plus tranquille sans la petite Antigone:)
Oui, c'est ce que je dis dans le message d'avant se battre même si ça ne sert à rien, au moins d'avoir le courage que nos actions soient en accord avec notre pensé, peu importe ce que ça coûte. C'est comme ça que je la vois aussi.
Dans ta critique tu parles du Corbeau, voici ce qu'on peut lire sur Wiki:
"Ce film est notable, outre sa qualité intrinsèque, pour avoir causé de sérieux problèmes à son réalisateur à la Libération, à la fin de la Seconde Guerre mondiale : le film a été produit par la Continental Films, une société de production allemande établie en France dans les premiers mois de la guerre ; de plus, ce film a été perçu par la résistance et la presse communiste de l'époque comme une tentative pour dénigrer le peuple français. Pour ces raisons, Clouzot a d'abord été banni à vie du métier de réalisateur en France et le film a été lui aussi interdit, mais les deux interdictions furent finalement levées en 1947."
Les gens ne voient pas les choses de la même manière...
Oui, je savais.. Il y avait sur le DVD du Corbeau en entretien avec Tavernier qui expliquait tout cela, comment Clouzot, justement en rusant avec la censure et en passant par la Continental a pu réaliser ce film qui parlait de la délation..
Bon, je suppose que dans l'immédiat après-guerre, certains se sont un peu excités.. et ont voulu jouer aux redresseurs de torts sans savoir de quoi ils parlaient.
Pour Le corbeau, c'était très bien expliqué par Tavernier, pour Anouilh, je ne sais pas. En tout cas, il a demandé à son metteur en scène André Barsacq, de faire attention:
"« S'il en est encore temps avant de donner Antigone, relisez le manuscrit en pensant à la censure et si vous repérez des phrases dangereuses (les affiches, le discours du chœur à la fin), envoyez-le moi." Source: Wikipédia
J'avais beaucoup aimé l'Antigone d'Anouilh, mais je crois que l'Antigone de Bauchau m'a encore plus troublée.
Je n'ai pas lu l'Antigone de Bauchau..
Extrait d'un lien qui m'a été envoyé:
http://lespectacledumonde.fr/index.php/…
C’est alors, en pleine Occupation, que lui vient le projet d’écrire une adaptation moderne de l’Antigone de Sophocle. La première de cette nouvelle Antigone aura lieu au théâtre de l’Atelier, en février 1944. C’est immédiatement un succès dû, en partie sans doute, au fait que la pièce a été – et reste encore – analysée en fonction du contexte politico-social du moment. Elle suscite des réactions contradictoires, mais l’ambiguïté du texte laisse toute liberté d’interprétation : Créon incarne-t-il Vichy et Antigone la Résistance ? Peut-être. Mais Breton ira jusqu’à écrire qu’elle était l’œuvre… d’un Waffen SS ! Longtemps – jusqu’à aujourd’hui ? –, certains feront peser sur Anouilh le soupçon de « collaboration » pour avoir fait représenter cette pièce à cette époque, mais aussi pour avoir livré des textes (uniquement littéraires) à Je suis partout et pour avoir signé, à la Libération, la pétition en faveur de la grâce de Brasillach. Les mêmes oublieront, évidemment, que, aux pires moments des persécutions antisémites, Anouilh cacha chez lui la femme d’André Barsacq, juive d’origine russe, et qu’il donna des nouvelles à la revue antinazie Marianne. Et les mêmes, en revanche, ne s’offusqueraient pas que, ayant fait représenter les Mouches, en 1943, puis Huis clos, en mai 1944, qu’ayant donné plusieurs articles à la revue Comoedia, contrôlée par la Propaganda-Staffel, Jean-Paul Sartre se fût métamorphosé en « héros » de la Résistance, allant jusqu’à siéger au Comité d’épuration des écrivains. Ces procès d’intention, l’exécution de Brasillach et, plus largement, les horreurs de l’Epuration venant après les horreurs de l’Occupation, laisseront en Anouilh des traces indélébiles et une amertume qui allait rehausser d’ironie une écriture déjà très noire. « J’ouvre les yeux, je vois partout la lâcheté, la délation, les règlements de comptes. Je suis d’un coup devenu vieux en 1944, voyant la France ignoble », confessera-t-il trente ans plus tard. De ce temps-là, les allusions sarcastiques aux représailles de 1944-1945 deviendront fréquentes, depuis Ornifle (1955) jusqu’à Tu étais si gentil quand tu étais petit (1972).
Extrait d'un lien qui m'a été envoyé:
http://lespectacledumonde.fr/index.php/…
C’est alors, en pleine Occupation, que lui vient le projet d’écrire une adaptation moderne de l’Antigone de Sophocle. La première de cette nouvelle Antigone aura lieu au théâtre de l’Atelier, en février 1944. C’est immédiatement un succès dû, en partie sans doute, au fait que la pièce a été – et reste encore – analysée en fonction du contexte politico-social du moment. Elle suscite des réactions contradictoires, mais l’ambiguïté du texte laisse toute liberté d’interprétation : Créon incarne-t-il Vichy et Antigone la Résistance ? Peut-être. Mais Breton ira jusqu’à écrire qu’elle était l’œuvre… d’un Waffen SS ! Longtemps – jusqu’à aujourd’hui ? –, certains feront peser sur Anouilh le soupçon de « collaboration » pour avoir fait représenter cette pièce à cette époque, mais aussi pour avoir livré des textes (uniquement littéraires) à Je suis partout et pour avoir signé, à la Libération, la pétition en faveur de la grâce de Brasillach. Les mêmes oublieront, évidemment, que, aux pires moments des persécutions antisémites, Anouilh cacha chez lui la femme d’André Barsacq, juive d’origine russe, et qu’il donna des nouvelles à la revue antinazie Marianne. Et les mêmes, en revanche, ne s’offusqueraient pas que, ayant fait représenter les Mouches, en 1943, puis Huis clos, en mai 1944, qu’ayant donné plusieurs articles à la revue Comoedia, contrôlée par la Propaganda-Staffel, Jean-Paul Sartre se fût métamorphosé en « héros » de la Résistance, allant jusqu’à siéger au Comité d’épuration des écrivains. Ces procès d’intention, l’exécution de Brasillach et, plus largement, les horreurs de l’Epuration venant après les horreurs de l’Occupation, laisseront en Anouilh des traces indélébiles et une amertume qui allait rehausser d’ironie une écriture déjà très noire. « J’ouvre les yeux, je vois partout la lâcheté, la délation, les règlements de comptes. Je suis d’un coup devenu vieux en 1944, voyant la France ignoble », confessera-t-il trente ans plus tard. De ce temps-là, les allusions sarcastiques aux représailles de 1944-1945 deviendront fréquentes, depuis Ornifle (1955) jusqu’à Tu étais si gentil quand tu étais petit (1972).
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