Veneziano
avatar 10/12/2017 @ 10:46:27
Je n'ai pas lu tous vos messages, mais je suis tenté de m'accorder avec Lobe sur le caractère très léché de la langue et avec Pieronnelle sur l'état des désordres intérieurs de ce majordome qui perd la notion de bien et de mal par souci du travail bien fait et du devoir accompli au profit de son patron.

Septularisen
avatar 28/12/2017 @ 23:26:01
Voici pour éclairer le débat d’un regard nouveau et tiré du livre « Ma soirée du XXᵉ siècle et autres petites incursions » (commenté ici : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/52457) ce que dit Kazuo ISHIGURO lui-même, du personnage de Stevens et qui recoupe d’ailleurs les opinions de certains CLiens (iennes):

« Le personnage principal du roman que je venais d’écrire était un majordome anglais qui se rend compte trop tard qu’il s’est trompé de valeurs morales pendant toute sa vie ; et qu’il a consacré ses meilleures années à servir un sympathisant nazi ; qu’en évitant d’assumer une responsabilité morale et politique dans son existence, il a gâché cette vie au sens le plus profond du terme. Plus encore : dans son désir de devenir le domestique parfait, il s’est interdit d’aimer la seule femme qui lui tient à cœur, et d’être aimé par elle ».

Et un peu plus loin :

« Quelques temps auparavant, j’avais décidé sans réfléchir que mon majordome anglais conserverait ses défenses émotionnelles, qu’il parviendrait, grâce à ce bouclier, à se cacher de lui-même et de son lecteur jusqu’au bout. Je comprenais à présent que je devais revenir sur cette décision. Juste un moment, vers la fin de mon livre, un moment que je devais choisir avec soin, je devrais percer son armure. Faire entrevoir un désir immense et tragique ».

Saule

avatar 29/12/2017 @ 11:05:10
Très intéressant Septu, j'aime bien quand un auteur parle de son oeuvre et de la façon dont il l'a lui-même perçue et conçue. Libre au lecteur de s'approprier l'oeuvre et d'en avoir une autre "lecture" que celle que l'auteur avait en tête.

Saint Jean-Baptiste 29/12/2017 @ 12:10:49
Impressionnant cette façon qu’a l’auteur de se laisser guider par son personnage quand il dit : « Juste un moment, vers la fin de mon livre, (…) je devrais percer son armure. Faire entrevoir un désir immense et tragique ».
Kazuo ISHIGURO est arrivé à créer un véritable personnage, un personnage sorti de son imagination mais qui existe pour du vrai dans son livre. C’est à mon avis, toute la force du vrai écrivain.

Septularisen
avatar 30/12/2017 @ 00:37:50

Kazuo ISHIGURO est arrivé à créer un véritable personnage, un personnage sorti de son imagination mais qui existe pour du vrai dans son livre. C’est à mon avis, toute la force du vrai écrivain.


Oui il parle justement de cela dans le livre cité plus haut, mais à propos de son autre livre "Auprès de moi toujours".

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