Shelton
avatar 09/06/2024 @ 09:41:44
C’est facile de dire chaque année, au moment où les jours s’allongent et se réchauffent, « L’été c’est fait pour lire » !

Pour ceux qui ne savent pas encore, il faut préciser que ce slogan est le titre de ma chronique estivale, à la radio et sur Internet, qui me permet de proposer des lectures à tout un chacun… Une façon comme une autre de parler livres d’une façon libre, sans tenir compte ni des modes, ni des impératifs commerciaux, ni des préjugés mondains sur les « grands livres » qu’il faudrait tous avoir lus !

Malheureusement cette année il semblerait bien que la chronique naisse un jour de pluie ou d’orage, de grêle ou de gel, de froid ou de grand vent... Mais si la déception est légitime, pour la lecture cela ne pose aucun problème mais au lieu de vous imaginer à l’ombre d’un grand chêne, ce sera au coin du feu… dans les deux cas avec un bon livre puisque L’été c’est fait pour lire !

Pour votre information, la chronique commencera, comme chaque année, le 21 juin prochain !

Saint Jean-Baptiste 09/06/2024 @ 10:48:09


la chronique commencera, comme chaque année, le 21 juin prochain !
On s’en réjouit.

Veneziano
avatar 12/06/2024 @ 12:25:52
Merci de cette initiative annuelle.
Mon programme de lectures n'est pas encore établi, en tout cas pas avec certitude.

Shelton
avatar 21/06/2024 @ 15:57:59
Vendredi 21 juin 2024

Il me semble important, chaque année, au moment de reprendre ma chronique « L’été c’est fait pour lire », de préciser quelques-uns de mes axes de travail, de mes intentions, de mes objectifs. De façon définitive, je n’ai aucunement la prétention de me poser en critique magistral et de vous imposer, ex cathedra, des choix littéraires. Je n’ai nullement envie de me limiter à un style, une école, une forme, un genre littéraire ! Enfin, je ne souhaite pas m’adresser de façon exclusive à un public spécialisé, intellectuel, savant ou même scientifique. Il me semble évident que l’important est d’inviter à lire, découvrir, prendre du plaisir livresque, tout simplement !

En fait, je vise une sorte de vulgarisation du monde des livres – et ce n’est pas péjoratif – pour que tout auditeur ou lecteur, femme, homme, jeune, enfant, curieux, passionné, amateur ou fan, puisse trouver régulièrement un livre qui le tente. Et qu’importe que ce soit un polar, un classique, un album jeunesse, un beau livre, un ouvrage pratique ou scientifique, une bande dessinée, de la poésie ou un roman qui vient de sortir ! Il m’arrivera même, c’est le principe que je suis depuis longtemps, de proposer parfois des livres que l’on ne trouve plus en librairie mais seulement dans les vide-greniers, les brocantes, les villages du livre – comme Cuisery – ou qu’il faudra extirper de la poussière après une longue recherche assidue ! Je n’oublie pas les bibliothèques car s’il en faut pour tous les goûts et toutes les envies, l’aspect financier est aussi à prendre en compte !

Dans le prolongement des années précédentes, on trouvera donc dans cette chronique des livres de toute nature et je continuerai à « mélanger », dussé-je déplaire à quelques-uns, ouvrages de cuisine, poésie, romans, albums jeunesse, polars, grands classiques, beaux livres, guides touristiques, biographies historiques, témoignages, opus atypiques et ouvrages plus didactiques…

Cette année, à la suite des conférences que j’ai faites, il y aura encore quelques autobiographies, des journaux intimes et des textes de certains lauréats français du Nobel de la littérature. Il ne faut pas avoir peur de ces titres parfois « ronflants » qui cachent des livres totalement accessibles et encore d’actualité. Je vous épargnerai quand même les auteurs qui ont beaucoup vieilli et qu’il est très difficile de lire avec plaisir aujourd’hui comme Sully Prudhomme, premier prix Nobel de littérature…

Enfin, comme l’année 2024 marque les 50 ans de la disparition de Marcel Pagnol, nous rendrons un hommage à cet auteur que j’apprécie beaucoup !

Voilà, tout est dit ou presque et il ne reste plus qu’à vous proposer dès la prochaine fois un premier ouvrage puisque « L’été c’est fait pour lire » … Ah, j’oubliais, pour certains esprits chagrins, « L’été c’est fait pour lire » est le nom d’une chronique et vous avez le droit, bien sûr, de lire en dehors de l’été !!!

Shelton
avatar 22/06/2024 @ 08:35:52
Samedi 22 juin 2024

L’été c’est fait pour lire, vous commencez à le savoir vous qui pour certains me suivez depuis plus d’une décennie, mais c’est aussi fait pour écrire. Ecrire ? Oui, vous savez ces petites cartes postales que l’on envoie à ceux que l’on aime pour leur signifier qu’ici ou là on a bien pensé à ceux… Face au Mont Saint-Michel, dans la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, au cœur des arènes de Nîmes ou face à l’Océan… Oui, je sais que cela se perd mais vous devriez y pensez un peu plus et je suis certain que cela réjouirait le cœur de vos enfants, petits-enfants, amis et autres membres de votre famille !

« Oui, c’est bien gentil votre affaire mais je ne sais jamais quoi écrire sur ces cartes en dehors de l’adresse ! »

Pas de souci, prenez le temps de lire les Lettres de Madame de Sévigné et les idées seront beaucoup plus nombreuses, je vous le garantis ! Madame de Sévigné écrivait énormément, en particulier à sa fille chérie, Madame de Grignan. Elle pouvait lui envoyer plus d’une lettre par jour et ayant pris le temps de lire ou relire certaines lettres cette année, j’ai été subjugué par la qualité de ces missives…

Tout d’abord, et ce n’est pas rien, la langue est belle, agréable à lire et de jour en jour on ne s’en lasse pas. Elle n’écrit pas de façon rituelle, à heure fixe ; elle écrit à qui elle veut, quand l’envie lui prend et elle ne s’en cache pas.

« … la fantaisie m’a pris de me lever, quoi qu’il ne soit que cinq heures du matin, pour causer un peu avec vous. »

Ecrire pour elle c’est prolonger la discussion entamée avant votre départ et elle parle d’elle-même, de ce qu’elle vit, de la cour, de la météo, de l’angoisse de ne pas être aux côtés de sa fille, de ses proches, de ses amis… Du coup ses lettres sont une pépite d’informations et on peut les dévorer avec curiosité…

Avec Madame de Sévigné, tout devient une aventure même un repas mondain avec Mademoiselle, un aparté avec La Rochefoucauld ou un simple regard échangé dans un couloir. Alors, imaginez tout ce que vous pourriez raconter de vos vacances ? Une promenade dans les champs, l’odeur des moissons, une partie de pêche au bord du lac, un jeu de ballon avec vos petits-enfants, un orage qui vous surprend en fin de journée ou même une séance de lecture à l’ombre d’un grand chêne… Tout peut devenir passionnant si on s’en donne la peine !

C’est pour cela que je ne peux que vous conseiller la lecture des lettres de Madame de Sévigné, en intégrale si vous êtes courageux mais en choix anthologique ce sera suffisant pour découvrir la richesse de cette écriture épistolaire, et, surtout, vous éclairera sur la façon originale de remplir vos belles cartes postales estivales que j’ai hâte de lire, bien sûr, puisque l’été c’est fait pour lire !

Septularisen

avatar 22/06/2024 @ 17:15:39

Enfin, comme l’année 2024 marque les 50 ans de la disparition de Marcel Pagnol, nous rendrons un hommage à cet auteur que j’apprécie beaucoup !


J'espère que tu nous mettras aussi une chronique pour les 100 ans de la disparition de Franz KAFKA?

Shelton
avatar 23/06/2024 @ 06:14:12
Dimanche 23 juin 2024

L’été c’est fait pour lire mais quand on parle lecture et livres beaucoup ne pensent qu’au texte alors qu’il faudrait aussi envisager l’illustration. Cette dernière est souvent comprise comme une aide à la lecture comme celle que l’on trouve dans les albums jeunesse. Si cet aspect existe bien, je voudrais que l’on puisse aller plus loin et envisager l’illustration comme une richesse à part entière, comme une source capable de réveiller notre imagination, comme un élément narratif propre…

Quand j’étais adolescent, je l’avoue bien volontiers, j’étais fasciné par les couvertures illustrées des Harry Dickson et des Bob Morane. Avant même de commencer les livres, j’entrais dans ces aventures par les dessins proposés. Plus tard, quand je lisais, mon cinéma intérieur partait de ces illustrations et ma lecture était très « visuelle ». Je ne sais pas si vous comprenez tout ce que je vivais alors mais c’est bien ainsi que se mettait en place mon bonheur de la lecture et c’est valable encore aujourd’hui. Chaque livre dévoré reste en moi sous forme d’images et c’est probablement pour cela que je n'aime pas trop les adaptations au cinéma car « j’ai déjà vu le film ! ».

Il y a quelques semaines, dans le lieu de vente d’Emmaüs, j’ai trouvé un ouvrage particulier de Philippe Mellot, Les maitres du mystère de Nick Carter à Sherlock Holmes, 1907-1914. Enfin, je trouvais, un peu par hasard, un auteur qui devait avoir la même vision de la littérature populaire, un lecteur qui se gavait des couvertures illustrées avant de plonger dans le texte. Il nous propose là, une sorte d’anthologie illustrée de ces romans mal-vus par les intellectuels et les bienpensants même si Guillaume Apollinaire les adorait :

« La lecture des romans populaires d’imagination et d’aventures est une occupation poétique du plus haut intérêt. Pour ma part, je m’y suis toujours livré par à-coups, mais complètement huit, dix jours de suite. Ce sont même, je crois, à peu près les seuls livres que j’ai bien lus… »

Et j’avoue, moi aussi, avoir encore en mémoire ces aventures étonnantes signées Henri Vernes pour Bob Morane, Jean Ray pour Harry Dickson. Là, avec Philippe Mellot, nous allons plonger dans le début de ce vingtième siècle avec Nick Carter, le grand détective américain, avec Sherlock Holmes, le roi des détectives, avec Nat Pinkerton, le plus illustre détective de nos jours, avec Arsène Lupin, avec Joseph Rouletabille et certains moins connus comme Monsieur Paris, Lord Lister, Marc Jordan, Toto Fouinard, Zigomar, Miss Boston, Ethel King et Tip Walter…

Toute ces couvertures en couleur, avec des dessins explicites dignes de la bande dessinée classique, m’ont donné envie découvrir ceux que je ne connaissais pas comme ce Zigomar, premier des criminels masqués créé par Léon Sazie !

Donc, cet été, si vous trouvez quelques-uns de ces romans populaires n’hésitez pas à tenter l’expérience puisque l’été c’est fait pour lire !

Shelton
avatar 23/06/2024 @ 06:14:54

Enfin, comme l’année 2024 marque les 50 ans de la disparition de Marcel Pagnol, nous rendrons un hommage à cet auteur que j’apprécie beaucoup !



J'espère que tu nous mettras aussi une chronique pour les 100 ans de la disparition de Franz KAFKA?


Qui sait ?

;)

Shelton
avatar 24/06/2024 @ 09:22:31
Lundi 24 juin 2024

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’occasion de relire, de se souvenir… Et comme certains le savent bien, plus on vieillit et plus on tente de souvenir façon de faire revivre le passé… Attention, point de nostalgie ici, juste le plaisir de retourner dans des temps lointains qui n’étaient pas si désagréables…

En 1964, sortait un album qui m’a immédiatement passionné, L’escadrille des cigognes. C’était une bande dessinée de Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo, quatrième album des aventures de Tanguy et Laverdure, une histoire qui était parue dans le journal Pilote entre le 22 février 1962 et le 31 janvier 1963. Je me souviens l’avoir lu en épisodes mais comme à chaque fois, le véritable plaisir était de pouvoir avoir l’album en main et de pouvoir lire l’aventure d’un seul tenant sans tenir compte des « à suivre ».

Sans que je puisse être certain, je pense que ce fut l’un des premiers albums que j’ai eus « à moi » et il est encore dans ma bibliothèque. Donc, soixante ans après son arrivée en librairie, je vais rendre hommage à cette histoire, à cette série, à ses différents auteurs et comme elle vit encore aujourd’hui, ma chronique se prolongera aussi longtemps qu’il le faudra pour en faire entièrement le tour… Commençons aujourd’hui par la naissance, en octobre 1959…

En octobre 1959, sortait le premier numéro d’une revue de bande dessinée, Pilote, Mâtin quel journal ! Plusieurs auteurs cherchaient une voie pour faire de la bande dessinée en toute liberté, liberté qu’ils ne trouvaient plus dans Mickey, Spirou, Tintin… Dans les auteurs du départ, on trouvait l’initiateur du projet, François Clouteaux, publicitaire et homme de presse, entouré de jeunes auteurs comme Jean-Michel Charlier, Albert Uderzo, René Goscinny qui seront rejoints au fil des ans par Greg, Jijé, Giraud, Mézière, Christin, Reiser, Gotlib, Fred, Bretécher et je ne peux pas tous les nommer tant ils furent nombreux… Revenons-en donc à la série Tanguy et Laverdure !

Jean-Michel Charlier avait déjà une série d’aventures aéronautiques dans le magazine Spirou, Buck Danny. Les histoires dans la troisième dimension le passionnaient et il avait même passé son brevet de pilote de ligne (il n’a exercé ce métier que durant une année mais il savait piloter !). Après Buck Danny, officier américain, il a pensé à écrire les aventures d’un duo d’amis officiers français. Au départ, l’humour est très présent et les histoires sont fortement inspirées d’anecdotes qu’on lui a racontées. Plus le temps évoluera et plus cela deviendra réaliste (avec toujours une pointe d’humour). Il s’inspirera de l’épopée Dassault/Mirage, des ventes d’armes dans le monde, des conflits dans les anciens territoires des colonies françaises avant de puiser dans l’histoire contemporaine du monde…

Nous continuerons prochainement ce récit mais d’ici là, comme l’été c’est fait pour lire, vous aurez peut-être, qui sait, relu un des albums de la série… Bonne lecture !

Shelton
avatar 25/06/2024 @ 08:15:55
Mardi 25 juin 2024

L’été c’est fait pour lire et souvent on pense que l’été est réservé aux ouvrages dits faciles… Mais, qu’est-ce qu’un roman facile ? Une sous-littérature ? Un ouvrage limité à la romance, à l’amour d’été qui ne dure jamais ? Et si, l’été permettait de lire des livres sérieux ? Enfin, là encore, faudrait-il me préciser ce qu’est un livre sérieux…

Lorsque j’ai préparé ma conférence sur les lauréats français du prix Nobel de littérature, j’avais deux choses en tête. D’une part, lire ou relire au moins un ouvrage de chacun et, d’autre part, trouver le moyen d’inviter tout un chacun à lire des ouvrages que trop souvent on considère comme sérieux, trop sérieux…

Avec Patrick Modiano, on pouvait lire un Goncourt et un Nobel en même temps ! Sans cumuler la difficulté puisque je suis intimement convaincu que les romans en question sont abordables et lisibles par tous ! Attention, je précise bien que lisible par tous ne signifie pas que tout le monde les appréciera… Chacun se fera son idée…

Commençons par quelques éléments factuels de sa biographie. Patrick Modiano est un romancier français qui est né en 1945. Ses parents sont pour le moins atypiques. Son père fut administrateur de sociétés nom qui cache plus d’une affaire louche… Sa mère fut une actrice. Lui était d’une famille juive de Salonique, elle était belge. Ce sont ses grands-parents maternels qui s’occuperont de lui dans sa petite enfance avec un père absent dont on dit beaucoup de mal et une mère souvent en tournée qui ne s’occupe pas beaucoup de ses enfants. Patrick perdra très tôt son frère emporté par une leucémie à l’âge de dix ans. Les deux frères étaient très proches et on comprend l’origine d’un des thèmes forts de son œuvre, l’absence (du père comme du frère !).

C’est bien la littérature qui va le sauver et l’empêcher de sombrer dans le banditisme, l’oisiveté ou la marginalisation totale… très vite, il va recevoir de nombreuses distinctions : 1968, Prix Roger Nimier avec « La place de l’Etoile », 1972, Grand prix du roman de l’Académie française avec « Les Boulevards de ceinture », 1978, Prix Goncourt avec « Rue des Boutiques obscures », 2014, Prix Nobel de littérature…

Pour être complet sur cet auteur français que j’aime beaucoup, on peut signaler qu’il fut en 1973 le co-scénariste avec Louis Malle du film « Lacombe Lucien ». Ce sera l’occasion d’entendre les critiques reprocher le manque de motivation chez le héros qui alors qu’il devait s’engager dans la Résistance se retrouve dans la Milice… Mais, pour ceux qui ont lu de nombreux romans de Modiano, on retrouve là un des thèmes qu’il porte : dans nos vies, il y a une forme de hasard ou de fatalité. Nous ne maitrisons pas tout et nous sommes souvent manipulés à notre insu…

Je reviendrai très vite pour vous présenter quelques-uns de ses romans car un romancier ne se limite surtout pas à sa biographie ! Comme l’été c’est fait pour lire, vous pouvez toujours commencer par « Un pedigree », son roman le plus autobiographique. Bonne lecture !

Lolita
avatar 25/06/2024 @ 12:02:11
Samedi 22 juin 2024

L’été c’est fait pour lire, vous commencez à le savoir vous qui pour certains me suivez depuis plus d’une décennie, mais c’est aussi fait pour écrire. Ecrire ? Oui, vous savez ces petites cartes postales que l’on envoie à ceux que l’on aime pour leur signifier qu’ici ou là on a bien pensé à ceux… Face au Mont Saint-Michel, dans la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, au cœur des arènes de Nîmes ou face à l’Océan… Oui, je sais que cela se perd mais vous devriez y pensez un peu plus et je suis certain que cela réjouirait le cœur de vos enfants, petits-enfants, amis et autres membres de votre famille !

« Oui, c’est bien gentil votre affaire mais je ne sais jamais quoi écrire sur ces cartes en dehors de l’adresse ! »

Pas de souci, prenez le temps de lire les Lettres de Madame de Sévigné et les idées seront beaucoup plus nombreuses, je vous le garantis ! Madame de Sévigné écrivait énormément, en particulier à sa fille chérie, Madame de Grignan. Elle pouvait lui envoyer plus d’une lettre par jour et ayant pris le temps de lire ou relire certaines lettres cette année, j’ai été subjugué par la qualité de ces missives…

Tout d’abord, et ce n’est pas rien, la langue est belle, agréable à lire et de jour en jour on ne s’en lasse pas. Elle n’écrit pas de façon rituelle, à heure fixe ; elle écrit à qui elle veut, quand l’envie lui prend et elle ne s’en cache pas.

« … la fantaisie m’a pris de me lever, quoi qu’il ne soit que cinq heures du matin, pour causer un peu avec vous. »

Ecrire pour elle c’est prolonger la discussion entamée avant votre départ et elle parle d’elle-même, de ce qu’elle vit, de la cour, de la météo, de l’angoisse de ne pas être aux côtés de sa fille, de ses proches, de ses amis… Du coup ses lettres sont une pépite d’informations et on peut les dévorer avec curiosité…

Avec Madame de Sévigné, tout devient une aventure même un repas mondain avec Mademoiselle, un aparté avec La Rochefoucauld ou un simple regard échangé dans un couloir. Alors, imaginez tout ce que vous pourriez raconter de vos vacances ? Une promenade dans les champs, l’odeur des moissons, une partie de pêche au bord du lac, un jeu de ballon avec vos petits-enfants, un orage qui vous surprend en fin de journée ou même une séance de lecture à l’ombre d’un grand chêne… Tout peut devenir passionnant si on s’en donne la peine !

C’est pour cela que je ne peux que vous conseiller la lecture des lettres de Madame de Sévigné, en intégrale si vous êtes courageux mais en choix anthologique ce sera suffisant pour découvrir la richesse de cette écriture épistolaire, et, surtout, vous éclairera sur la façon originale de remplir vos belles cartes postales estivales que j’ai hâte de lire, bien sûr, puisque l’été c’est fait pour lire !



J'avais lu ses Lettres il y a quelques années, et cela m'avait enchanté ! L'impression d'être totalement immergée dans une période historique

Shelton
avatar 26/06/2024 @ 08:11:18
L’été c’est fait pour lire et, dans ma chronique, je fais mon choix mu par la passion, l’émotion ressentie à la lecture, les souvenirs laissés par un livre… Bref, c’est personnel, intime même et arbitraire de toute évidence ! or, il se trouve que j’aime beaucoup Jonathan Swift, depuis très longtemps même…

En effet, quand j’étais petit, nous avions à la maison des disques d’histoires et un de mes préférés était « Les voyages de Gulliver ». Depuis, j’ai découvert des albums jeunesse puis j’ai depuis quelques années ses œuvres complètes dans la prestigieuse collection La Pléiade… Pour moi, c’est un génie, un raconteur d’histoires étonnant et un philosophe de la vie concrête, si je puis me permettre cette expression qui ne plaira pas à tout le monde…

De façon à proposer un ouvrage accessible à tous, je propose de découvrir « Les voyages de Gulliver » dans une version courte pour la jeunesse et illustrée par Daniel Hénon. Je reconnais que je ne vais pas vous faciliter la tâche car vous allez devoir chercher un peu cet album, non pas en librairie mais chez les bouquinistes et dans les zones reculées et oublées, empoussiérées de surcroit, des bibliothèques… Moi, j’ai réussi à le trouver un peu pau hasard, chez Emmaüs. Il ne faut jamais désespérer ! Mais j’avoue avoir déjà eu plusieurs versions illustrées en main, en avoir offert à mes enfants et petits-enfants et celle-ci me plait tout particulièrement car je trouve le dessin narratif et adapté au texte…

Pour ceux qui ne connaissent pas Swift rappelons que cet homme est à la fois écrivain, satiriste, essayiste, homme politique et homme d’église, poète et pamphlétaire, et, surtout, anglais et irlandais, ce qui n’est pas rien ! Dans « Les voyages de Gulliver », il nous propose quatre escales qui lui permettent de critiquer, de façon assez exhaustive, toutes les façons de gouverner. Parfois, on croit être arriver à la méthode idéale mais il y aura toujours un « mais » pour pondérer les choses… Un peu comme s’il était impossible de diriger les hommes de façon humaniste… Bien sûr, il s’agit d’une sorte de conte fantastique qui permet de se moquer de son temps et aussi de lui. Il écrit à la première personne et le fait d’aller chez les nains puis chez les géants lui permet une réflexion sur l’être humain et sa position dans le monde… C’est si complexe que chaque lecteur peut trouver une explication, une réflexion, une morale qui lui convient ! J’adore !

Quant au dessin de Daniel Hénon, il est très proche de la bande dessinée, entre ligne claire et rêve poétique… On ouvre l’album et on se laisse prendre… On voyage au bout du monde avec délectation ! Finalement, on est en vacances sans avoir à faire ses bagages !

Donc, comme l’été c’est fait pour lire, il faut impérativement découvrir Jonathan Swift et ne pas hésiter à le faire découvrir aux adolescents qui pourraient bien se mettre à aimer la littérature et la philosophie !

Shelton
avatar 27/06/2024 @ 07:51:07
L’été c’est fait pour lire mais avouons que lorsque l’on approche d’une élection législative comme celle que nous allons vivre en France les 30 juin et 7 juillet, il est un peu délicat de se contenter d’une romance ou d’un album jeunesse… Encore que… Je crois que certains contes pourraient faire l’affaire mais je vais plutôt tourner toute mon attention sur l’histoire…

Alors, ne vous méprenez pas, je suis bien conscient que l’histoire n’est pas une science exacte et que les plats ne sont jamais resservis de la même façon. Le passé d’un côté, l’avenir de l’autre… sauf que bien souvent, les mêmes causes produisent des effets sinon identiques, au moins de même nature…

Je suis très surpris de voir quand même que de très nombreux de nos concitoyens, à commencer par ceux qui envahissent les plateaux des télévisions, ignorent les éléments les plus factuels de notre histoire. Par exemple, mélanger les termes de fascisme, populisme, dictature et extrême droite. Ce n’est pas la même chose et le débat gagnerait en clarté si on évitait les confusions même si une dictature pouvait naitre d’un mouvement populiste d’extrême droite se revendiquant du fascisme… Mais il y a bien des dictatures d’extrême gauche, des populismes de gauche… D’ailleurs, on pourrait réfléchir sur l’origine du fascisme italien qui est peut-être bien né du côté gauche… Oui, je sais, tout cela est bien complexe… Mais quand on veut tout simplifier, on prend de gros risques et on n’a plus qu’un seul slogan pour tenter de convaincre : moi ou le chaos !

Alors, je ne vous invite pas à lire tous les ouvrages politiques de ma bibliothèque, cela prendrait beaucoup de temps et ne vous aiderait pas tant que cela car la complexité et le point de vue divergent des différents auteurs, souvent acteurs par ailleurs, nuirait à la limpidité. Mais cela pourrait donner quelques pistes de réflexion…

Je vais donc me limiter à cet ouvrage de Christian Delporte, La III° République, 1919-1940, de Poincaré à Paul Reynaud. Il se trouve que l’on y parle de guerre en Europe, de population déclassée, de crise économique, de chômage, de fascisme, de troubles sociaux, de Front populaire, d’espérance populaire, d’angoisses du lendemain, de tensions internationales, d’élections incertaines bien sûr, d’alliés politiques qui s’insultent, d’acteurs de gauche qui votent les pleins pouvoirs à Pétain, d’hommes politiques de droite qui veulent résister, de faibles qui ne comprennent rien et attendent que tout s’arrange… Bref, les choses ne se répètent pas mais en près de 400 pages on a l’impression de vivre notre présent ou presque… Etonnant, non ?

On y trouve même des pacifistes notoires qui finiront dans la collaboration totale avec l’envahisseur nazi… Bigre ! Alors, comme l’été c’est fait pour lire, si vous n’avez pas trop peur, n’hésitez pas à lire cet ouvrage qui est le tome écrit par Christian Delporte de cette « Histoire politique de la France » publiée chez Pygmalion… Alors bonne lecture !

Vince92

avatar 27/06/2024 @ 10:59:40
Je note la référence. Merci Shelton!
Cette période de l'histoire de France est bien mal connue.
Une petite remarque: je suis complétement d'accord sur le fait que la simplification à outrance de l'histoire rend les choses très compliquées paradoxalement. Je pense également que ceux qui simplifient l'histoire à dessein le fond de manière très consciente et l'exemple du fascisme, comme tu l'avances, est significatif: Mussolini, Déat, Doriot, le NSDAP, etc tous viennent de la "gauche". Dire que le totalitarisme fasciste est de gauche et exclusivement de gauche est également un raccourci. C'est pour ça qu'il convient de nuancer et de ne pas raconter n'importe quoi.

Saint Jean-Baptiste 28/06/2024 @ 11:30:24
... un seul slogan pour tenter de convaincre : moi ou le chaos !
(...)
Je vais donc me limiter à cet ouvrage de Christian Delporte, La III° République, 1919-1940, de Poincaré à Paul Reynaud. Il se trouve que l’on y parle de guerre en Europe, de population déclassée, de crise économique, de chômage, de fascisme, de troubles sociaux, de Front populaire, d’espérance populaire, d’angoisses du lendemain, de tensions internationales, d’élections incertaines bien sûr, d’alliés politiques qui s’insultent, d’acteurs de gauche qui votent les pleins pouvoirs à Pétain, d’hommes politiques de droite qui veulent résister, de faibles qui ne comprennent rien et attendent que tout s’arrange… Bref, les choses ne se répètent pas mais en près de 400 pages on a l’impression de vivre notre présent ou presque… Etonnant, non ?
On y trouve même des pacifistes notoires qui finiront dans la collaboration totale avec l’envahisseur nazi…
C’est vraiment bien dit, je note aussi la référence.

Shelton
avatar 28/06/2024 @ 12:20:18
Vendredi 28 juin 2024

L’été c’est fait pour lire et ceux qui me suivent régulièrement savent mon attachement aux romans policiers et, je parle bien ici de toutes les catégories de polars, à commencer, je ne peux pas m’en cacher, par les fameux whodunit ! Oui, vous savez, les romans à énigme… Qui a bien pu le faire ?

Comme je consomme beaucoup de ces romans, qu’ils se lisent plutôt très rapidement, j’ai choisi depuis longtemps d’en acheter beaucoup d’occasion que ce soit chez Emmaüs ou chez les acteurs de l’occasion solidaire comme Ammareal, Librairie solidaire ou Recyclivre… Une bonne lecture, un bon prix et une action valorisée au niveau social… Donc, c’est ainsi que je me suis retrouvé avec « Allo, hôtel Biltmore ? » de Van Siller que je ne connaissais pas du tout…

Prenons donc les choses dans l’ordre… Van Siller est une signature masculine pour une autrice américaine, Hilda Van Siller. Son premier éditeur n’avait pas voulu révéler que son roman, très violent, était le travail d’une femme. Il avait donc tout fait comme si Van Siller était un homme… Durant près de 10 ans, le secret a tenu et c’est un autre romancier américain, Rex Stout qui publiera dans sa revue une nouvelle sous le nom complet de Hilda Van Siller. Elle publiera environ 25 romans dont certains ont été traduits en langue française. Trois romans font la part belle à un personnage, Allan Stewart, écrivain de romans policiers, dont celui que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui…

Tout commence avec un homme, Dick Chapman, qui est retrouvé dans son bureau mort, le crâne fortement abimé par une balle de révolver. L’arme est dans ses mains et la police conclut rapidement par un suicide… Mais les questions restent assez nombreuses car personne ne semble comprendre pourquoi un tel geste…

Dick était, lui aussi un auteur de romans policiers et il semblait heureux. Son dernier roman paru était un succès et son ami Allan Stewart ne croit absolument pas au suicide. Il est persuadé qu’il s’agit d’un crime même s’il n’a aucune preuve dans ce sens, pas de mobile apparent, mais de nombreux suspects car ce soir-là, chez les Chapman, on recevait les amis… Il n’en faudra pas plus pour que l’inspecteur Frazer mène l’enquête avec Allan, devenu pour l’occasion, un auxiliaire de police…

Le livre est très agréable à lire même si un peu marqué par le temps (par exemple, quand on veut téléphoner il faut aller dans la pièce du téléphone, demander son numéro, attendre un peu et, si tout va bien, on peut alors discuter…). L’énigme est solide, complexe mais pas irréaliste. Les personnages sont consistants, les intrigues amoureuses crédibles et l’inspecteur sympathique et humain. Donc, avouons-le, il s’agit bien d’un bon roman policier à énigme !

Alors, comme on trouve facilement d’occasion ce roman de Van Siller, comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous souhaiter bonne et agréable lecture !

Shelton
avatar 29/06/2024 @ 07:46:26
Samedi 29 juin 2024

L’été c’est fait pour lire et je voudrais aujourd’hui me tourner vers un couple mythique de la littérature française, Louis Aragon et Elsa Triolet. Pour le faire, j’aurais pu tenter de m’appuyer sur une date historique comme par exemple, le fait qu’il y a dix ans la revue « Les lettres françaises » cessait de paraitre sur papier et que cette revue à elle seule évoque le couple d’auteurs qui y a régné de 1953 à 1972 avec le financement du Parti communiste français… Malheureusement, et c’est un avis personnel, la notoriété de ce titre est tombée et il me fallait une autre accroche…

J’aurais pu aussi, pourquoi pas, m’appuyer sur les chanteurs qui ont utilisé les plus beaux poèmes d’Aragon pour en faire les plus belles chansons sur l’amour… Léo Ferré ou Jean Ferrat pour ne citer que les deux plus connus. On peut se souvenir que la chanson « Que serais-je sans toi ? » fête cette année ses soixante ans ! Une chanson que je ne peux que vous inviter à découvrir ou réécouter ! Occasion aussi, bien sûr, de relire la poésie d’Aragon que je trouve sublime…

J’appartiens à une famille catholique où Aragon était toléré voir même apprécié. Quand Ferrat a sorti son disque « Ferrat chante Aragon », il fut possible de l’écouter à la maison sans aucune restriction. Et, pourtant, dans ces temps lointains, on écoutait la musique dans le salon… Ce devait bien être le seul artiste communiste à s’être installé chez nous… Mais c’est une autre affaire !

J’en étais là dans mes réflexions sur Aragon quand j’ai trouvé un ouvrage intitulé « Elsa et Aragon, souvenirs croisés » de Pierre Hulin. Livre dévoré en une soirée ou presque et certitude que cela allait me permettre d’aborder Louis Aragon de façon paisible et agréable. Pierre était le responsable de la régie publicitaire de la revue « Les lettres françaises » et il a côtoyé le couple plusieurs années…

L’ouvrage n’est pas un récit historique de la revue, de ses finances ou de la publicité qui s’y est retrouvée. Il s’agit de petits clichés mémoriels, de rencontres, de mots échangés qui donnent au lecteur le sentiment de retrouver Louis et Elsa dans la vie de tous les jours, essentiellement à la revue mais pas que… On croise aussi de nombreux acteurs de la vie intellectuelle et littéraire de cette époque. On y parle aussi de ceux qui ne sont pas là mais qui comptent, qui décèdent ou sont mis à l’index car le Parti communiste était aussi fort que l’Eglise catholique pour interdire un auteur, le noyer dans l’oubli ou punir ceux qui osaient en parler…

Le livre est passionnant, évocateur et très bien écrit. Il nous invite à lire et relire, prose et poésie de Louis Aragon sans oublier l’œuvre d’Elsa Triolet qu’il serait injuste de mettre au rencart. Cet ouvrage est sorti en librairie en 1997, un an après la mort d’Elsa, et on sent bien que Pierre Hulin éprouvait beaucoup de plaisir à travailler avec Elsa.

Puisque l’été c’est fait pour lire, je rappelle que la collection La Pléiade a édité l’œuvre poétique complète de Louis Aragon en deux magnifiques volumes ! Bonne lecture !

Shelton
avatar 30/06/2024 @ 11:41:05
Dimanche 30 juin 2024

L’été c’est fait pour lire mais aujourd’hui il faudra aussi voter. Il faudra… disons qu’il ne s’agit pas là d’une injonction morale mais d’un devoir citoyen. Beaucoup se sont battus pour que ce droit existe, il nous faut donc l’exercer avec respect même si les convictions ne sont pas toujours si simples à mettre en place…

Voter est un verbe qui vient de loin et on lui connait, semble-t-il, deux origines. Soit du verbe latin signifiant faire un vœu, soit d’une expression du Moyen-âge pouvant dire « se confier à un saint » … Finalement, c’est intéressant de se pencher sur l’étymologie des mots… Faire un vœu ne signifie pas étudier un programme de façon rationnelle et choisir celui qui serait le plus sérieux, le meilleur… Non, il faudrait juste dire ce que l’on souhaiterait… C’est plus ouvert, cela fait rêver un peu… En revanche se vouer à un « saint », lui confier nos vies, c’est un peu hasardeux… D’ailleurs, aujourd’hui qui est le « saint » en question ? Bien sûr, je ne citerai aucun nom, les campagnes officielles et souvent affligeantes sont terminées et la question n’est pas dans le choix des personnes…

Donc, nous allons voter aujourd’hui ! Pour certains ce sera l’expression d’un vœu, d’une espérance, d’un souhait… Pour d’autres, une confiance exprimée en tel ou tel, pour beaucoup ce sera aussi avec la peur au ventre de voir tel ou tel parti, alliance ou personne remporter l’élection. Certains ne manqueront pas, n’en doutons pas, dès ce soir, de crier « victoire » ou « élections piège à c… ». A ce titre, il est pertinent de lire ou relire le « Dictionnaire amoureux de la politique » de Philippe Alexandre, qui de 1969 à 1996 fut un chroniqueur politique de RTL. Ce journaliste fut aussi animateur de nombreux débats et il avait un franc-parler qui parfois nous manque aujourd’hui (il est décédé en 2022). Mais voici ce qu’il disait des élections dans cet ouvrage de référence :

« Elections piège à cons ? Oui, mais qui se referment toujours sur les cons qui nous gouvernent… »

Certes cela n’engageait que l’auteur et vous n’êtes pas obligés d’y croire même si sa thèse est bien étayée. Je dirais même qu’il donne assez d’exemples depuis le général de Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy (il se limite dans cette rubrique à la cinquième République avant 2011, date de publication) pour que l’on puisse lui accorder quelque crédibilité… Allez savoir !

Ce qui est vrai, définitivement, c’est que dans une démocratie, ne pas voter c’est bien refuser de prendre parti et laisser les autres faire… Donc, à vous de choisir ! Moi, pour ma part, une relecture du livre de Philippe Alexandre, puisque l’été c’est fait pour lire et un vote car je pense que c’est un devoir pour la France et pour mes enfants et petits-enfants !

Bon vote et bonne lecture !

Shelton
avatar 01/07/2024 @ 07:21:38
Lundi 1er juillet 2024

L’été c’est fait pour lire et je vous propose aujourd’hui de revenir sur cette série « Tanguy et Laverdure » qui sera notre fil conducteur durant quelque temps. Nous avions parlé de sa naissance dans le journal Pilote mais nous n’avons pas encore évoqué le dessinateur. Or en bande dessinée, il faut de bonnes histoires mais aussi un bon dessinateur pour mettre cela en œuvre, en mouvement, en chair même !

Le dessinateur de la création sera un certain Albert Uderzo, à l’époque peu connu, qui crée en 1959 deux séries dans le nouveau magazine Pilote : Astérix le Gaulois et Tanguy et Laverdure. Son trait va devenir très rapidement inoubliable et indispensable aux deux séries. Ses personnages à la limite des caricatures sont drôles, vivants et attachants tandis que certains éléments sont mis en place avec beaucoup plus de rigueur et comment ne pas voir dès le départ de la série Tanguy et Laverdure l’utilisation méticuleuse de la documentation aéronautique fournie par Jean-Michel Charlier !

Durant les sept premiers albums, il fera face, seul, à la charge de travail mais à partir de l’album « Pirates du ciel » il est obligé de se concentrer sur la série Astérix le Gaulois et va laisser la main à d’autres collaborateurs pour certains aspects du dessin puis va être à la recherche d’un véritable repreneur. C’est Jijé qui sera choisi. Ce dernier qui ne dessine pas du tout comme Uderzo va rapidement s’adapter à cette histoire et à partir du neuvième album, « Les anges noirs », on pourra identifier sa patte graphique sans aucun doute. Jijé dessinera ainsi treize albums de la série, utilisant le physique des deux acteurs de la série dans son adaptation télévisuelle, Les chevaliers du ciel. Puis, le dessin de Patrice Serres viendra clore la série scénarisée par Jean-Michel Charlier décédé en 1989…

Il faudra attendre 2002 pour que la série renaisse et connaisse alors une nouvelle jeunesse, avec Laidin et Fernandez, puis Laidin et Garreta, Buendia, Zumbiehl et Philippe… On va aussi, à partir de 2016, voir une série parallèle, Tanguy et Laverdure « Classic », avec le dessinateur Matthieu Durand… La bande dessinée aéronautique semble avoir encore le vent en poupe et j’en profité allègrement !

Voilà donc les éléments factuels du développement de la série depuis sa création en 1959 et il reste maintenant à parler du contenu de ces histoires ce que nous ferons très prochainement. En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas lire ou relire un ou deux des albums les plus aboutis du départ, un de ceux dessinés par Albert Uderzo et je vous proposerais bien « L’escadrille des cigognes » ou « Mirage sur l’Orient » …

Très bonne lecture !

Shelton
avatar 02/07/2024 @ 07:48:07
Mardi 2 juillet 2024

L’été c’est fait pour lire et comme je vous le disais il est maintenant temps de s’intéresser aux romans de Patrick Modiano. Tout d’abord, quelques éléments généraux et incontournables. Modiano est le spécialiste du roman court qui navigue entre fiction et souvenirs réels. Mais le plus souvent, il mélange les deux de telle façon que le lecteur a bien du mal à faire le tri… Où est la vérité ? Comment se souvient-il des faits vécus ? Ment-il ou se contente-t-il d’arranger, de modifier, d’enjoliver sa vie ?

Que voilà un questionnement complexe dont certains critiques se sont emparés depuis longtemps sans offrir une réponse convaincante et définitive. Si on commence par lire « Pédigrée » force est de constater que tout semble vrai… Mais, en fait, seulement dans les grandes lignes. Cela permet de comprendre Modiano, de voir sa façon de percevoir la vie : il est fataliste, tout ce qui lui arrive, de bon comme de mauvais, est comme extérieur à lui. Il passe deux ans à Biarritz loin de ses parents, ben c’est comme ça ! Il est envoyé en pension à Jouy-en-Josas, cela aurait pu être pire ! Sa mère est en tournée, c’est parce qu’elle exerce son métier !

On finit par se demander s’il est insensible à ce qu’il vit… On doute et, soudain un évènement nous ramène à son humanité au moment de la mort, bien réelle, de son petit frère.

« A part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. J’écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n’est pas la mienne. »

Oui, il regarde ces années de l’enfance comme lointaines, comme s’il parlait de la vie d’un certain Modiano qu’il aurait à peine connu ! C’est le même sentiment qu’aura le lecteur qui se plongera dans « Remise de peine ». Cette fois-ci, on vivra avec les deux frères au moment où les parents trop pris par les affaires et le théâtre ne s’occuperont plus d’eux. Cela pourrait être baigné de pathos mais en fait c’est un espace de vie surprenant où ces deux enfants vivent une vie qui n’est pas celle d’enfants mais sans trop en souffrir car Modiano ne juge pas les personnes, il décrit les faits… Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé « Remise de peine » car très vite le lecteur se fait un film, imagine les causes et les responsabilités des uns et des autres, se croit presque dans un roman policier… et je ne vous dis pas la suite pour ne pas détruire votre plaisir de lire…

L’écriture de Patrick Modiano semble simple, facile, naturelle… mais ne vous y trompez pas c’est un exercice difficile que de donner cette impression et les différents prix reçus montre que les différents jurys ont bien évalué la qualité de cette écriture un peu unique en son genre… Certains pensent que Patrick Modiano écrit à chaque fois le même roman… Oui ? Non ? Si vous voulez vous faire votre idée, puisque l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à enchainer quelques romans de Modiano. Après « Pédigrée » passez donc à « Remise de peine » … Bonne lecture !

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