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Je venais de relire l’encyclique Fratelli tutti (Tous frères) quand j’ai appris le décès du Pape François. C’est, pour moi, sa meilleure encyclique. Je l’ai aussi trouvée meilleure que toutes celles de ses prédécesseurs dont j’ai pu prendre connaissance. C’est un véritable programme de vie, le pape propose un autre monde que le communisme ou le capitalisme pour l’humanité, un monde basé sur la fraternité et le partage des biens de la terre. J’en ai fait une critique éclair et quand j’ai voulu la passer, l’appareil m’a dit « vous avez déjà écrit une critique sur ce livre ». Ça remonte à 2020. Je l’avais oublié. Mais maintenant qu’elle est écrite, je ne résiste pas au plaisir de la placer ici, parce qu’elle est plus complète. Ce sera comme un hommage au saint Père qui vient de nous quitter et J’espère que ça incitera mes très honorés lecteurs à la lire à méditer sur cette belle encyclique.
Des ponts, pas des murs.
Lire une encyclique est toujours une source inépuisable de réflexions. Ici, le Pape François nous a proposé de réfléchir sur la fraternité et l’amitié sociale qui devraient réunir l’humanité toute entière dans la paix, la justice et le partage de tous le biens de la terre ; ce qui pourrait paraître comme un vœu pieu, ou plutôt même une utopie. Mais le Pape nous indique le moyen d’y parvenir au niveau des pays, des personnes et finalement de tous les peuples de la terre.
Le Pape commence son encyclique par faire l’inventaire de tout ce qui va mal dans le monde actuel : malgré les progrès dans tous les domaines de la science, nous dit-il, se vérifie une détérioration de l’étique, des valeurs spirituelles et du sens des responsabilités des dirigeants du monde. Et on est stupéfait de voir comment le Pape était au courant de toutes les nouveautés du monde d’aujourd’hui. Rien n’échappe à sa sagacité. Il détaille les nuisances des communications numériques, les atteintes à la pudeur, les informations fausses, l’absence de vrai dialogue, l’endoctrinement, la manipulation… tous ces fléaux des temps présents sont passés en revue avec chaque fois des instructions pour s’en défaire.
Puis, le Pape nous montre qui sont nos frères au moyen de la parabole du bon Samaritain. Ses commentaires incitent toute personne de bonne volonté à s’ouvrir au dialogue avec l’étranger, particulièrement les accidentés de la vie, ceux que nous appelons « les bras cassés ».
Mais en fait, cette parabole est le moyen d’introduire le sujet qui lui tenait le plus à cœur : l’immigration ; peut-être parce qu’il se souvient qu’il est le petit-fils d’émigrés. Il nous montre quelles sont les causes de l’immigration, ses conséquences inévitables et surtout, il nous dit que pour nous tous, croyants chrétiens, croyants d’une autre religion, non croyants, athées, le premier devoir d’humanité est d’accueillir l’émigré. Et il nous montre les impératifs auxquels doivent consentir les pouvoirs publiques et les sacrifices individuels que nous devons nous imposer, parce que nous somme tous frères. Il condamne tout ce qui finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. « Aujourd’hui, nous dit-il, apparaissent des groupes sociaux qui s’accrochent à une identité qui les séparent des autres (…) mais il faut avoir le courage de regarder l’avenir dans la variété et la diversité que chacun peut apporter. (…) Il faut apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils ! » Les recommandations du saint Père sont claires et impératives. Bien entendu, il ne cite ni politicien ni parti politique mais, on lit facilement entre les lignes à qui s’adressent en particulier ces directives.
Quand le Pape aborde notre système économique, il condamne la globalisation et l’universalisme autoritaire qui sont prétextes à homogénéiser, dominer et piller. Cette globalisation, nous dit-il, détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple ; et cet universalisme finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. Ce sujet, qu’il avait déjà traité dans d’autres encycliques, est argumenté ici avec une autorité et une lucidité absolument remarquable.
Avant de passer au chapitre suivant, le Pape commente un sujet particulièrement intéressant : le droit à la propriété privée, à l’exploitation des richesses de la terre et à l’exigence d’assurer leur répartition pour le bien de toute l’humanité. Et là il va très loin, il remet beaucoup de choses en place, il secoue bien des certitudes… Peut-être qu’en d’autres temps des bonnes âmes l’auraient taxé de communisme ! (rappelons en passant que l’Église a condamné l’idéologie communiste parce qu’elle est athée). Mais, qui pourrait lui donner tort quand il nous dit : « A côté du droit de propriété privée, il y a toujours le principe, plus important et prioritaire, de la subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et, par conséquent, le droit de tous à leur utilisation ».
Dans le chapitre suivant le Pape est beaucoup plus pratique ; il nous dit comment, selon lui, la politique des pays riches doit s’orienter pour résoudre le problème de l’immigration. Il fait des recommandations qui sont le bon sens même mais, je me dis que si un politicien responsable de l’immigration lisait ces propos, il penserait : c’est facile à dire ! Mais le Pape était un fonceur, il avait la réponse ; en résumé : nous sommes riches, ils sont pauvres, partageons !
Mais il n’en reste pas là. Il propose un autre monde. Un monde de dialogue et d’amitié sociale, basé sur la culture, la paix, le droit et la justice. C’est la partie essentielle de cette encyclique et c’est particulièrement intéressant parce que le Pape y développe ce que sont les valeurs morales qui doivent régir toute société.
Je voudrais en donner des extraits significatifs mais ils doivent être donnés en entier pour en saisir toutes les nuances. Disons seulement que le Pape aborde des sujets passionnants tels : le relativisme, qui « sous le couvert d’une prétendue tolérance, finit par permettre que les valeurs morales soient interprétées par les puissants selon les convenances du moment » ; les lois, qui « lorsqu’elles se corrompent et qu’on ne reconnaît plus aucune vérité ni principes universellement valables, sont comprises uniquement comme des impositions arbitraires et comme obstacles à contourner » ; la vérité, « qui est avant tout la recherche des fondements les plus solides de nos options ». Et à propos de la morale, le Pape nous dit qu’elle ne peut jamais faire l’objet d’un consensus de circonstance : « l’intelligence humaine doit aller au-delà des convenances du moment et saisir certaines vérités qui ne changent pas, qui étaient vraies avant et le seront toujours » et plus loin : « en explorant la nature humaine, la raison découvre des valeurs qui sont universelles parce qu’elles en dérivent ». Et de rappeler que ces valeurs existaient depuis toujours, les religions les ont sacralisées mais elles sont et seront toujours valables pour l’humanité toute entière. A propos de justice, le Pape, sans surprise, se prononce contre la peine de mort ; mais aussi contre la perpétuité ; et il s’indigne des conditions dégradantes de détention qui avilissent les prisonniers en leur interdisant tout espoir de réhabilitation. Il nous rappelle encore que : « le pardon nous évite de tomber dans le cercle vicieux de la vengeance et dans l’injustice de l’oubli ».
Pour terminer ce chapitre, le Pape condamne les guerres avec une virulence extraordinaire ; mais il nous étonne une fois de plus : toutes les guerres, nous dit-il, sans exception, « quitte à être traité de naïf pour avoir toujours fait le choix de la paix » ! – La paix, contre la liberté ? …à méditer ! (Rappelons que sur ces sujets le pape n’est pas infaillible).
Pour conclure, le saint Père termine son encyclique sur une note d’espoir dans l’avènement d’un monde plus équitable et plus fraternel, en nous indiquant le moyen d’y arriver par le recours aux textes évangéliques, à l’action de Dieu dans les autres religions, et avec l’appui des hommes de bonne volonté pour « établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation ».
Une encyclique n’est évidemment jamais une lecture de plage et celle-ci, peut-être plus que les autres, demande une bonne dose de concentration. Elle invite le lecteur à méditer sur les grands sujets de société et à réfléchir sur les enjeux du monde actuel dans l’espoir de participer à l’avènement d’un autre monde, pacifié, plus équitable et plus fraternel : « évitons la discrimination, la haine et la violence, respectons la sacralité de la vie, le respect, la dignité et la liberté des autres, engageons nous avec affection pour le bien être de tous ». Ce sera sa conclusion.
En annexe, le Pape nous a confié que cette encyclique lui a été inspirée par saint François d’Assise, son saint patron, auquel il l’a dédiée ; mais aussi par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Gandhi et beaucoup d’autres encore.
Avec cet encyclique, le Pape n’a pas seulement rêvé d’un monde plus fraternel, il nous a donné les moyens d’y parvenir. Qu’il soit écouté et qu’il repose en paix !
Des ponts, pas des murs.
Lire une encyclique est toujours une source inépuisable de réflexions. Ici, le Pape François nous a proposé de réfléchir sur la fraternité et l’amitié sociale qui devraient réunir l’humanité toute entière dans la paix, la justice et le partage de tous le biens de la terre ; ce qui pourrait paraître comme un vœu pieu, ou plutôt même une utopie. Mais le Pape nous indique le moyen d’y parvenir au niveau des pays, des personnes et finalement de tous les peuples de la terre.
Le Pape commence son encyclique par faire l’inventaire de tout ce qui va mal dans le monde actuel : malgré les progrès dans tous les domaines de la science, nous dit-il, se vérifie une détérioration de l’étique, des valeurs spirituelles et du sens des responsabilités des dirigeants du monde. Et on est stupéfait de voir comment le Pape était au courant de toutes les nouveautés du monde d’aujourd’hui. Rien n’échappe à sa sagacité. Il détaille les nuisances des communications numériques, les atteintes à la pudeur, les informations fausses, l’absence de vrai dialogue, l’endoctrinement, la manipulation… tous ces fléaux des temps présents sont passés en revue avec chaque fois des instructions pour s’en défaire.
Puis, le Pape nous montre qui sont nos frères au moyen de la parabole du bon Samaritain. Ses commentaires incitent toute personne de bonne volonté à s’ouvrir au dialogue avec l’étranger, particulièrement les accidentés de la vie, ceux que nous appelons « les bras cassés ».
Mais en fait, cette parabole est le moyen d’introduire le sujet qui lui tenait le plus à cœur : l’immigration ; peut-être parce qu’il se souvient qu’il est le petit-fils d’émigrés. Il nous montre quelles sont les causes de l’immigration, ses conséquences inévitables et surtout, il nous dit que pour nous tous, croyants chrétiens, croyants d’une autre religion, non croyants, athées, le premier devoir d’humanité est d’accueillir l’émigré. Et il nous montre les impératifs auxquels doivent consentir les pouvoirs publiques et les sacrifices individuels que nous devons nous imposer, parce que nous somme tous frères. Il condamne tout ce qui finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. « Aujourd’hui, nous dit-il, apparaissent des groupes sociaux qui s’accrochent à une identité qui les séparent des autres (…) mais il faut avoir le courage de regarder l’avenir dans la variété et la diversité que chacun peut apporter. (…) Il faut apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils ! » Les recommandations du saint Père sont claires et impératives. Bien entendu, il ne cite ni politicien ni parti politique mais, on lit facilement entre les lignes à qui s’adressent en particulier ces directives.
Quand le Pape aborde notre système économique, il condamne la globalisation et l’universalisme autoritaire qui sont prétextes à homogénéiser, dominer et piller. Cette globalisation, nous dit-il, détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple ; et cet universalisme finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. Ce sujet, qu’il avait déjà traité dans d’autres encycliques, est argumenté ici avec une autorité et une lucidité absolument remarquable.
Avant de passer au chapitre suivant, le Pape commente un sujet particulièrement intéressant : le droit à la propriété privée, à l’exploitation des richesses de la terre et à l’exigence d’assurer leur répartition pour le bien de toute l’humanité. Et là il va très loin, il remet beaucoup de choses en place, il secoue bien des certitudes… Peut-être qu’en d’autres temps des bonnes âmes l’auraient taxé de communisme ! (rappelons en passant que l’Église a condamné l’idéologie communiste parce qu’elle est athée). Mais, qui pourrait lui donner tort quand il nous dit : « A côté du droit de propriété privée, il y a toujours le principe, plus important et prioritaire, de la subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et, par conséquent, le droit de tous à leur utilisation ».
Dans le chapitre suivant le Pape est beaucoup plus pratique ; il nous dit comment, selon lui, la politique des pays riches doit s’orienter pour résoudre le problème de l’immigration. Il fait des recommandations qui sont le bon sens même mais, je me dis que si un politicien responsable de l’immigration lisait ces propos, il penserait : c’est facile à dire ! Mais le Pape était un fonceur, il avait la réponse ; en résumé : nous sommes riches, ils sont pauvres, partageons !
Mais il n’en reste pas là. Il propose un autre monde. Un monde de dialogue et d’amitié sociale, basé sur la culture, la paix, le droit et la justice. C’est la partie essentielle de cette encyclique et c’est particulièrement intéressant parce que le Pape y développe ce que sont les valeurs morales qui doivent régir toute société.
Je voudrais en donner des extraits significatifs mais ils doivent être donnés en entier pour en saisir toutes les nuances. Disons seulement que le Pape aborde des sujets passionnants tels : le relativisme, qui « sous le couvert d’une prétendue tolérance, finit par permettre que les valeurs morales soient interprétées par les puissants selon les convenances du moment » ; les lois, qui « lorsqu’elles se corrompent et qu’on ne reconnaît plus aucune vérité ni principes universellement valables, sont comprises uniquement comme des impositions arbitraires et comme obstacles à contourner » ; la vérité, « qui est avant tout la recherche des fondements les plus solides de nos options ». Et à propos de la morale, le Pape nous dit qu’elle ne peut jamais faire l’objet d’un consensus de circonstance : « l’intelligence humaine doit aller au-delà des convenances du moment et saisir certaines vérités qui ne changent pas, qui étaient vraies avant et le seront toujours » et plus loin : « en explorant la nature humaine, la raison découvre des valeurs qui sont universelles parce qu’elles en dérivent ». Et de rappeler que ces valeurs existaient depuis toujours, les religions les ont sacralisées mais elles sont et seront toujours valables pour l’humanité toute entière. A propos de justice, le Pape, sans surprise, se prononce contre la peine de mort ; mais aussi contre la perpétuité ; et il s’indigne des conditions dégradantes de détention qui avilissent les prisonniers en leur interdisant tout espoir de réhabilitation. Il nous rappelle encore que : « le pardon nous évite de tomber dans le cercle vicieux de la vengeance et dans l’injustice de l’oubli ».
Pour terminer ce chapitre, le Pape condamne les guerres avec une virulence extraordinaire ; mais il nous étonne une fois de plus : toutes les guerres, nous dit-il, sans exception, « quitte à être traité de naïf pour avoir toujours fait le choix de la paix » ! – La paix, contre la liberté ? …à méditer ! (Rappelons que sur ces sujets le pape n’est pas infaillible).
Pour conclure, le saint Père termine son encyclique sur une note d’espoir dans l’avènement d’un monde plus équitable et plus fraternel, en nous indiquant le moyen d’y arriver par le recours aux textes évangéliques, à l’action de Dieu dans les autres religions, et avec l’appui des hommes de bonne volonté pour « établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation ».
Une encyclique n’est évidemment jamais une lecture de plage et celle-ci, peut-être plus que les autres, demande une bonne dose de concentration. Elle invite le lecteur à méditer sur les grands sujets de société et à réfléchir sur les enjeux du monde actuel dans l’espoir de participer à l’avènement d’un autre monde, pacifié, plus équitable et plus fraternel : « évitons la discrimination, la haine et la violence, respectons la sacralité de la vie, le respect, la dignité et la liberté des autres, engageons nous avec affection pour le bien être de tous ». Ce sera sa conclusion.
En annexe, le Pape nous a confié que cette encyclique lui a été inspirée par saint François d’Assise, son saint patron, auquel il l’a dédiée ; mais aussi par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Gandhi et beaucoup d’autres encore.
Avec cet encyclique, le Pape n’a pas seulement rêvé d’un monde plus fraternel, il nous a donné les moyens d’y parvenir. Qu’il soit écouté et qu’il repose en paix !
toutes les guerres, nous dit-il, sans exception - "quitte à être traité de naïf pour avoir toujours fait le choix de la paix" ! – La paix, contre la liberté ? à méditer ;! (Rappelons que sur ces sujets le pape n’est pas infaillible).
Rappelons aussi qu'il n'est pas infaillible non plus sur tout le reste !
Je remarque, SJB, que la critique principale sur CL n'est pas si laudative, et je crois que c'est compréhensible, car ce texte est tout de même, à première vue, une belle collection d'idées toutes faites et de pétitions de principe ("il faut accueillir l'étranger car c'est le premier devoir de tout chrétien" : d'accord, si vous le dites), palliés seulement par une sorte de caution divine.
A la décharge du pape, écrire une encyclique est difficile.
Autrefois, les papes écrivaient en pensant surtout à l'Europe, tandis qu'aujourd'hui il faut s'adresser au monde entier (Afrique, Asie, Amérique du Sud, Etats-Unis) où les situations sont assez disparates, en matière d'immigration mais aussi de rapport à la paix et la guerre.
Sur un sujet politique, on se heurte inévitablement à des peuples dont l'histoire n'est pas assez simple pour trouver un canevas qui plaise à tout le monde et réponde aux questions profondes qui remuent chacun d'entre eux, et chacun d'entre nous.
Si vous ressentez de la rancoeur contre quelqu'un, et que vous attendez qu'un prêtre vienne à vous et vous aide à trouver la paix, il est probable qu'un laïus sur l'harmonie entre les hommes assortie de deux ou trois versets bibliques soient insuffisants. Il faudrait examiner les causes de cette rancoeur et chercher à l'apaiser concrètement.
Les moyens sont donc souvent diplomatiques, et oeuvrer CONCRETEMENT pour la paix, c'est s'initier au moins aux habitudes de pensée du diplomate, plus que celles du prêtre.
En ce qui concerne la France, je me bornerai à dire que la France a beaucoup accueilli, chrétiennement si l'on peut dire. Et que sa réticence actuelle n'est pas un refus d'accueil mais un remords d'accueil, ce qui ne se guérit pas en prenant une aspersion d'eau bénite.
En un sens, le pape n'a pas tort - il ne faut jamais désespérer de la paix, il faut se faire son soutien, c'est vrai ; il faut la mettre en pratique, sans pour autant penser qu'elle va de soi pour tout le monde. Plus simplement, il faut anticiper ce qui fait souffrir les hommes, et les injustices qu'ils subissent quotidiennement et qui menacent d'exploser tôt ou tard. Il faut panser les plaies avant l'infection.
Ainsi, lorsque le pape a fait le ménage dans la Curie (je suppose qu'il avait raison de le faire), il a heurté fortement certaines sensibilités - dans ce cas comme dans un autre, la contrainte, le rejet, la guerre ouverte (à l'échelle du Vatican), a coexisté avec un certain idéal de paix, pour le bien d'une institution.
Le pape François était ce qu'il était, avec ses qualités et ses défauts. Je ne saurais pas faire un bilan de son pontificat. Incontestablement, il fut très tourné vers le monde sous-développé, le monde des pauvres. Il a dénoncé les abus sexuels. Il a je crois bien porté son nom, celui de Saint François. Personnellement, j'ai ressenti parfois de la sympathie pour lui, plus qu'il n'en a éprouvé pour la France - et pour les chrétiens Français. Il est probable qu'il n'est pas le dernier des papes venus hors de l'Europe. C'est certainement une bonne chose car l'Europe est désormais une marge du monde chrétien - en partie à cause des choix que le pape félicite ici.
A la décharge du pape, écrire une encyclique est difficile.
Autrefois, les papes écrivaient en pensant surtout à l'Europe, tandis qu'aujourd'hui il faut s'adresser au monde entier (Afrique, Asie, Amérique du Sud, Etats-Unis) où les situations sont assez disparates, en matière d'immigration mais aussi de rapport à la paix et la guerre.
Sur un sujet politique, on se heurte inévitablement à des peuples dont l'histoire n'est pas assez simple pour trouver un canevas qui plaise à tout le monde et réponde aux questions profondes qui remuent chacun d'entre eux, et chacun d'entre nous.
Si vous ressentez de la rancoeur contre quelqu'un, et que vous attendez qu'un prêtre vienne à vous et vous aide à trouver la paix, il est probable qu'un laïus sur l'harmonie entre les hommes assortie de deux ou trois versets bibliques soient insuffisants. Il faudrait examiner les causes de cette rancoeur et chercher à l'apaiser concrètement.
Les moyens sont donc souvent diplomatiques, et oeuvrer CONCRETEMENT pour la paix, c'est s'initier au moins aux habitudes de pensée du diplomate, plus que celles du prêtre.
En ce qui concerne la France, je me bornerai à dire que la France a beaucoup accueilli, chrétiennement si l'on peut dire. Et que sa réticence actuelle n'est pas un refus d'accueil mais un remords d'accueil, ce qui ne se guérit pas en prenant une aspersion d'eau bénite.
En un sens, le pape n'a pas tort - il ne faut jamais désespérer de la paix, il faut se faire son soutien, c'est vrai ; il faut la mettre en pratique, sans pour autant penser qu'elle va de soi pour tout le monde. Plus simplement, il faut anticiper ce qui fait souffrir les hommes, et les injustices qu'ils subissent quotidiennement et qui menacent d'exploser tôt ou tard. Il faut panser les plaies avant l'infection.
Ainsi, lorsque le pape a fait le ménage dans la Curie (je suppose qu'il avait raison de le faire), il a heurté fortement certaines sensibilités - dans ce cas comme dans un autre, la contrainte, le rejet, la guerre ouverte (à l'échelle du Vatican), a coexisté avec un certain idéal de paix, pour le bien d'une institution.
Le pape François était ce qu'il était, avec ses qualités et ses défauts. Je ne saurais pas faire un bilan de son pontificat. Incontestablement, il fut très tourné vers le monde sous-développé, le monde des pauvres. Il a dénoncé les abus sexuels. Il a je crois bien porté son nom, celui de Saint François. Personnellement, j'ai ressenti parfois de la sympathie pour lui, plus qu'il n'en a éprouvé pour la France - et pour les chrétiens Français. Il est probable qu'il n'est pas le dernier des papes venus hors de l'Europe. C'est certainement une bonne chose car l'Europe est désormais une marge du monde chrétien - en partie à cause des choix que le pape félicite ici.
@Martin
On peut parler ici du pape François parce qu’il était aussi un écrivain et que nous sommes sur CL.
j’ai lu attentivement ton commentaire et je partage en grande partie ton avis. Mais en fait, le pape ne discute pas des conséquences matérielles et politiques de l’immigration et des guerres, ce n’est pas son rôle. Mais il propose un autre monde, une autre façon de vivre pour l’humanité, qui n’est ni le communisme-socialisme ni le capitalisme. Et si je recommande de lire ses livres, c’est parce, ne fusse que du point de vue littéraire, il a une force de persuasion absolument incroyable.
Je viens de terminer son autobiographie « Espère » sortie en janvier 2025 chez Albin Michel, qui nous dit : « l’autobiographie événement, parution dans plus de 100 pays » et ce n’est pas exagéré.
Les autobiographies sont un genre très difficile : c’est difficile de parler de soi ; on a tendance à faire le faux modeste ou à se vanter de ses exploits. Mais ici c’est vraiment une réussite ; en plus de ses souvenirs d’enfance et de son parcours, il envoie à ses lecteurs un message d’une force étonnante. J’en suis complètement chamboulé ; pourtant j’ai passé l’âge d’être une girouette, mais il m’a convaincu, vraiment son message est passé.
On peut parler ici du pape François parce qu’il était aussi un écrivain et que nous sommes sur CL.
j’ai lu attentivement ton commentaire et je partage en grande partie ton avis. Mais en fait, le pape ne discute pas des conséquences matérielles et politiques de l’immigration et des guerres, ce n’est pas son rôle. Mais il propose un autre monde, une autre façon de vivre pour l’humanité, qui n’est ni le communisme-socialisme ni le capitalisme. Et si je recommande de lire ses livres, c’est parce, ne fusse que du point de vue littéraire, il a une force de persuasion absolument incroyable.
Je viens de terminer son autobiographie « Espère » sortie en janvier 2025 chez Albin Michel, qui nous dit : « l’autobiographie événement, parution dans plus de 100 pays » et ce n’est pas exagéré.
Les autobiographies sont un genre très difficile : c’est difficile de parler de soi ; on a tendance à faire le faux modeste ou à se vanter de ses exploits. Mais ici c’est vraiment une réussite ; en plus de ses souvenirs d’enfance et de son parcours, il envoie à ses lecteurs un message d’une force étonnante. J’en suis complètement chamboulé ; pourtant j’ai passé l’âge d’être une girouette, mais il m’a convaincu, vraiment son message est passé.
Les autobiographies sont un genre très difficile : c’est difficile de parler de soi ; on a tendance à faire le faux modeste ou à se vanter de ses exploits. Mais ici c’est vraiment une réussite ; en plus de ses souvenirs d’enfance et de son parcours, il envoie à ses lecteurs un message d’une force étonnante. J’en suis complètement chamboulé ; pourtant j’ai passé l’âge d’être une girouette, mais il m’a convaincu, vraiment son message est passé.
SJB, tu me donne envie de lire ce livre.
Pour compléter sur l'infaibilité pontificale, notion du concile Vatican I qui a entrainé de très nombreuses discussions, elle ne concerne que des points de dogme, quand le pape s'est entretenu avec ses cardinaux et qu'il décide de parler "ex cathedra"... Dans tous les autres cas, il n'y a pas d'infaibilité pontificale.
Pour compléter sur l'infaibilité pontificale, notion du concile Vatican I qui a entrainé de très nombreuses discussions, elle ne concerne que des points de dogme, quand le pape s'est entretenu avec ses cardinaux et qu'il décide de parler "ex cathedra"... Dans tous les autres cas, il n'y a pas d'infaibilité pontificale.
Oui, ce qui n'est arrivée qu'une seule fois depuis lors,
Pie XII en 1950, pour l'Assomption de la Vierge Marie
Absolument et on s’est demandé pourquoi il devait en faire un dogme ; c’était tout à fait inutile, ce n’était jamais discuté ni remis en question par la chrétienté, ni en Occident ni en Orient.
Oui, ce qui n'est arrivée qu'une seule fois depuis lors,
Pie XII en 1950, pour l'Assomption de la Vierge Marie
Il a aussi voulu faire un dogme de « Marie médiatrice de toutes les grâces » et là, on lui a dit : non, ça suffit !
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