Radetsky
avatar 25/10/2011 @ 09:17:44
Le gros problème c'est le battage pour ce livre. En fait ça l'a démoli.
Moi j'ai lu les deux sans avoir eu aucune idée de ce qu'ils étaient; au hasard totalement en choisissant dans une librairie. Et j'ai lu "le jeu de l'ange" avant et ai moyennement aimé; du coup "l'ombre du vent" lu après, m'a semblé bien meilleur.Si on s'attend a un chef d'oeuvre c'est sûr qu'on peut être déçu; mais si on oublie toute cette pub on trouve un bon livre avec des personnages attachants, une bonne réflexion sur le monde des livres et une belle écriture; Et déjà c'est pas rien! A mon avis la grande faiblesse de ces deux livres ce sont les fins décevantes qui ne sont pas à la hauteur du reste.

Quitte à me paraphraser, il semble qu'on ne puisse pas faire l'impasse sur cet aspect de la littérature espagnole contemporaine : aucun écrivain ne veut ni ne peut faire l'impasse sur l'histoire de ce peuple, et singulièrement sur l'histoire de la Catalogne. Le fantôme d'Andres Nin hante encore les rues de la ville, tout comme les brigades de la FAI, ou de la CNT, et l'aventure libertaire du POUM dans un univers pourtant "infesté" par les staliniens. Derrière la moindre "fiction" catalane, il y a les cadavres de la Guerre d'Espagne, l'exil, la torture, les exécutions nocturnes, la collusion des classes dominantes avec Franco (et Staline !) et le déni de justice qu'a constitué la "démémocratisation", pardon pour ce barbarisme ! En ce moment même, on rouvre les fosses communes là-bas, et aucun Espagnol n'ignore qu'il doit refouler à son corps défendant ce qui doit sortir un jour. Zafon semble s'être aventuré dans la littérature de gare (ou d'aéroport), à première vue. On connaît l'image de "l'auberge espagnole" où l'on ne trouve que ce qu'on y apporte. Zafon c'est sans doute aussi un peu de ça. Mais le rôle de l'écrivain (espagnol) est de poser des jalons, des indices ténus, à charge pour chacun d'y guider sa conscience, sa connaissance, sa sensibilité ; il faut creuser un peu et torturer un peu les symboles, sans doute plus éloquents pour un Espagnol : allez consulter quelque vieil ouvrier immigré, Espagnol ou Catalan qui a vécu 36-39, s'il s'en trouve autour de vous. Je vois sans doute des ombres où d'autres voient de la lumière, mais ce doit être le propre de l'âge et d'une existence éloignée des myopies de l'individualisme...

Débézed

avatar 25/10/2011 @ 10:19:58
Je pense un peu comme Radetsky qu'on ne peut pas lire ce livre sans avoir en tête l'histoire de la Catalogne et de Barcelone en particulier. Pour ma part, je ne suis pas un littérateur, je l'ai déjà dit, je n'ai pas fait d'études secondaires seulement des études primaires et des études supérieures en histoire. Donc j'aborde les textes plus par leur contenu que par leur forme.

"L'ombre du vent" n'est certainement pas le plus grand roman que j'ai lu mais c'est un peu comme un opéra de Verdi, ce n'est pas forcément la meilleure musique mais il y a un tel souffle épique qu'on peut se laisser emporter.

Se laisser emporter dans cette histoire qui raconte en fait, sans le dire vraiment, tous les stigmates que la guerre d'Espagne a laissés dans la population. C'est un grand livre sur la haine, dans tous les livres que j'ai lus je n'ai jamais trouvé une telle variation sur le thème de la haine et sur l'amour toujours en échec. Comme si la guerre avait rendu l'amour impossible et la haine comme seul ressentiment entre les êtres. Un grand désespoir qui semble inéluctable même si Ruiz Zafon semble un moment hésiter entre le rôle du hasard et celui de la destinée pour finir par croire que cette ville est enfoncé à jamais dans un désespoir inéluctable.

Après, l'histoire ne m'a pas franchement intéressé, c'est cette démarche qui a retenu mon attention et ce désespoir définitif qui m'a impressionné avec l'amour des livres qui habitent l'auteur.

- le souffle épique,
- les stigmates de la guerre (la ville est toujours peinte aux couleurs de la pluie pour souligner la tristesse qui l'habite depuis cette guerre),
- l'amour impossible et la haine inéluctable,
- le désespoir comme seule porte de sortie,
- le hasard et la destinée,
- l'amour des livres.

Il y a tout de même à glaner dans ce bouquin !

Pieronnelle

avatar 25/10/2011 @ 11:51:57
Bien d'accord avec Radetsky et Débézed! Cette histoire de l'Espagne me hante aussi je l'avoue et instinctivement je suis souvent poussée à lire les livres qui s'y rapportent (je me souviens maintenant que c'est cette raison qui m'a fait choisir le livre un jour dans une librairie avec celle de l'amour des livres)...

Sissi

avatar 25/10/2011 @ 12:35:57
Donc j'aborde les textes plus par leur contenu que par leur forme.


Et moi au contraire j'accorde une importance primordiale à la forme (style, univers, rythme, structure etc...), alors j'ai trouvé que c'était un peu le bronx, ce livre, dans sa structure... Y'a quand même de sacrés moments où ça part un peu dans tous les sens.
Il y a bien sûr de belles idées, mais la façon dont elles sont traitées ne m'ont pas convaincue plus que ça, parce qu'il y a franchement un problème de rythme.
Je n'ai vraiment aimé que le début.
Bon cela dit je l'ai lu en entier et je n'en pas un souvenir déplaisant non plus, mais alors, quand même, quelle déception par rapport à cette kyrielle de critiques dithyrambiques!
Je m'attendais vraiment à autre chose. Quelque chose de grandiose!

Dirlandaise

avatar 25/10/2011 @ 12:56:38
Je suis d'accord avec Sissi. Elle exprime parfaitement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre. Le début est prometteur mais hélas, tout se délite et se dilue dans une histoire mièvre et insipide à souhait. On aurait dit que l'auteur ne savait plus quoi écrire et remplissait des pages comme il pouvait. Pour ce qui est de voir au-delà de la forme et des personnages, je ne suis pas masochiste au point de m'infliger une lecture pareille pour le seul prétexte qu'il y a un certain fond historique valable. Ce n'est pas suffisant pour en faire un bon livre, pas du tout.

Dirlandaise

avatar 25/10/2011 @ 13:00:15
Les livres de Marc Lévy sont un bel hymne à l'amour et cependant, ils sont imbuvables. Le fond est là pourtant mais la forme gâche tout. C'est un peu le même phénomène qui se produit avec ce livre.

Sissi

avatar 25/10/2011 @ 13:27:37
Peut-être que là tu abuses quand même un tantinet, Dirlandaise :-)

Dirlandaise

avatar 25/10/2011 @ 17:28:16
Si peu... ;-)

Je crois que je vais diminuer mes attentes face à tous ces livres supposément géniaux et qui font l'unanimité. Il faut songer que, souvent, ceux qui n'ont pas aimé ne rédigent pas de critiques.

Pieronnelle

avatar 25/10/2011 @ 19:04:57
Pas faux Dirlandaise!:-))

Sissi

avatar 25/10/2011 @ 21:36:54
Il faut songer que, souvent, ceux qui n'ont pas aimé ne rédigent pas de critiques.


Oui je sais...mea culpa sur ce coup là, mais j'avais la flemme, et j'ai été prise d'un léger fatalisme (à quoi bon?...).
C'est après coup (lors de l'ouverture de cette discussion je crois bien) que j'ai réalisé que j'aurais dû quand même faire une critique, (sauf que j'étais passée à autre chose et que je n'avais aucune envie d'y revenir!)

Grégoire M
avatar 26/10/2011 @ 11:27:31
Je crois que je vais diminuer mes attentes face à tous ces livres supposément géniaux et qui font l'unanimité.

Il faut voir que ces livres ne sont pas "les meilleurs" mais ceux qui font consensus. On y retrouvera beaucoup de livres faciles d'accès. Beaucoup de lecteurs ne vont pas plus loin qu'un livre "captivant" est un bon livre.
Dès qu'un livre est d'approche un peu plus difficile par sa forme, ses personnages (voir les critiques reprochant "des personnages peu attachants"), dès que le sujet devient moins racoleur ou plus polémique, ce livre ne paraîtra plus dans ces tops.

Dirlandaise

avatar 26/10/2011 @ 17:08:18
Tu as raison Grégoire et pourtant, je me laisse encore prendre par ces livres que tout le monde lit ou a lus. Souvent, je tombe de haut et l'incompréhension est pour moi totale. Par contre, parfois c'est une bonne expérience comme avec "Le chuchoteur" que j'ai bien aimé dans son genre évidemment. J'avais juste le goût d'un bon polar pour une fois et ce livre a répondu à mes attentes.

Marimori 28/12/2011 @ 20:19:59
Ne connaissant pas bien tous les recoins de ce site je n'avais pas vu que ma critique avait soulevé quelques remous.
J'en suis bien contente car ça me permet de me sentir moins seule dans mes gouts de lecture.
Sincèrement ça m'a un peu énervée de voir plus d'une centaine de couplets élogieux sur ce livre aussi j'ai voulu élever la voix au dessus du chœur pour dire que non il y avait aussi des gens qui avaient détesté!
Frunny tu penses vraiment qu'il ne faut écrire que sur ce qu'on a aimé?
Si c'est le cas et bien simplement ce site ne m'intéresse pas.

Dirlandaise

avatar 28/12/2011 @ 22:05:31
Moi j'ai bien aimé la comparaison avec la tartiflette du dimanche soir... ;-)

Saint Jean-Baptiste 28/12/2011 @ 23:17:52

Frunny tu penses vraiment qu'il ne faut écrire que sur ce qu'on a aimé?
Si c'est le cas et bien simplement ce site ne m'intéresse pas.


Marimoni,
Frunny te reproche d’insinuer que nous sommes des critiques-panurges et de vouloir nous brocarder.

Tu dis ceci : (copier-coller)

Sur des sites comme celui-ci, il est fréquent que les lecteurs enthousiastes laissent immédiatement une critique élogieuse dans la foulée de leur lecture, tandis que ceux qui n'y ont trouvé aucun intérêt se hâtent de l'oublier, d'où l'effet trompeur du nombre de critiques positives.

Qu’en sais-tu ? Tu te fais une bien piètre idée du site.
D’abord, Critiqueslibres est un site pas comme les autres et, ensuite, sur CritiquesLIBRES, chacun dit ce qu’il a pensé d’un livre sans aucune contrainte et personne n’a jamais cru qu’une critique se devait d’être élogieuse.
(À part de temps en temps un tricheur qui fait la promotion de son propre livre, et que nous nous faisons un plaisir d’étriller joyeusement).

Ceci dit, bienvenue à toi sur le site et au plaisir de lire tes futures et, espérons-le, très nombreuses critiques.

Laventuriere 29/12/2011 @ 05:31:16
@DBZ: depuis un certain temps, je me demandais si j'allais lire cet auteur et, puis, voilà ce que tu as écrit et qui va me conduire à la lecture de ses livres dont je reporte l'achat, chaque année, à cette même période de Noël!

Voici tes mots qui disent beaucoup plus que tout autre commentaire ce qui me tient à coeur de trouver dans un livre:

"Donc j'aborde les textes plus par leur contenu que par leur forme."

et, plus loin:

" "L'ombre du vent" n'est certainement pas le plus grand roman que j'ai lu mais c'est un peu comme un opéra de Verdi, ce n'est pas forcément la meilleure musique mais il y a un tel souffle épique qu'on peut se laisser emporter."

et, enfin:

"Se laisser emporter dans cette histoire qui raconte en fait, sans le dire vraiment, tous les stigmates que la guerre d'Espagne a laissés dans la population. C'est un grand livre sur la haine, dans tous les livres que j'ai lus je n'ai jamais trouvé une telle variation sur le thème de la haine et sur l'amour toujours en échec"

Alors, je vais-enfin- en acheter un.
Merci pour ces commentaires: humains, avant toute autre considération.

Débézed

avatar 29/12/2011 @ 14:20:43
C'est un vieux réflexe d'étudiant en histoire de toujours vouloir lire entre lignes là où il y a souvent plus de choses que dans les mots.

Avant de lire ce livre, j'avais lu "Train de nuit pour Lisbonne" avec les conseils avertis de Saint Germain des Prés et j'ai retrouvé certaines idées communes à ces deux livres notamment dans l'appréhension du discours sur l'inné et l'acquis.

Je te souhaite une lecture dont je suis convaincu qu'elle sera belle à condition que tu ne limites pas ta lecture à l'histoire.

DE GOUGE
avatar 30/12/2011 @ 19:31:10
C'est un vieux réflexe d'étudiant en histoire de toujours vouloir lire entre lignes là où il y a souvent plus de choses que dans les mots.
..


Le problème, avec ce livre, c'est que justement, l'intérêt historique (et je suis une amoureuse de l' Histoire) est noyé par des personnages et mises en situation complètement non crédibles et à la limite du grotesque.
Le début est superbe, dommage que cette veine n'ait pas perduré ....

Débézed

avatar 30/12/2011 @ 19:35:58
C'est un vieux réflexe d'étudiant en histoire de toujours vouloir lire entre lignes là où il y a souvent plus de choses que dans les mots.
..


Le problème, avec ce livre, c'est que justement, l'intérêt historique (et je suis une amoureuse de l' Histoire) est noyé par des personnages et mises en situation complètement non crédibles et à la limite du grotesque.
Le début est superbe, dommage que cette veine n'ait pas perduré ....


L'histoire n'a pas une grande importance, c'est ce qu'elle évoque laisse entendre, suggère, provoque, ... qui est intéressant.

Dirlandaise

avatar 30/12/2011 @ 20:42:46

Le problème, avec ce livre, c'est que justement, l'intérêt historique (et je suis une amoureuse de l' Histoire) est noyé par des personnages et mises en situation complètement non crédibles et à la limite du grotesque.
Le début est superbe, dommage que cette veine n'ait pas perduré ....


Tu m'enlèves les mots du clavier De Gouge... ;-)

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