On peut lire cette série soit comme un chapitre particulier de la série Décalogue, soit comme une histoire indépendante pouvant être appréciée par n’importe quel lecteur ayant échappé au maléfice diabolique de Décalogue. En fait, je veux simplement dire que les lecteurs du premier tome de Décalogue sont devenus tellement accros de la série que, généralement, les séries connexes comme Le légataire ou les portraits des Fleury-Nadal, n’ont pas pu leur passer sous le nez… C’est donc pour tous ceux qui ne connaîtraient pas encore le phénomène Décalogue que j’écris cette critique…
C’est donc du côté de Glasgow, de nos jours, que nous rencontrons un personnage de type maghrébin. Il semble un peu perdu et va être guidé, quelques heures durant par deux charmantes demoiselles… qui garderont en échange son portefeuille… Ce jeune homme est Merwan Khadder. Au fur et à mesure de la série, on apprendra une partie de son passé qui est lié à la série Décalogue. Mais, on va tout vous dire… Tout est parti d’un bouquin, un foutu bouquin qui va mettre un grand nombre de personnes en danger, en difficulté… Le livre ne serait rien s’il n’y avait cette sorte de testament ultime et définitif du prophète, écrit sur une omoplate de chameau et délivrant un message d’ouverture, de tolérance… Un message qui changerait la face de l’Islam et donc du monde s’il était validé… Merwan serait plutôt un intégriste, mais si cette ultime sourate était vraie, alors…
En Ecosse, nous avons une certaine Gwen qui a perdu son mari, qui est éditrice et qui va, coup sur coup, apprendre que son mari était un faussaire de génie alors qu’elle le croyait écrivain, pire, qu’il est probablement l’assassin le plus dangereux du pays, le Tueur de Clyde… Et Merwan fait partie de ceux qui viennent réveiller son passé douloureux…
Le scénario est signé Frank Giroud, un auteur complexe et maniant l’histoire, la religion, la philosophie, le suspense avec talent. Cette série est dessinée par Joseph Béhé que l’on avait déjà vu au crayon dans le tome 1 de Décalogue, mais cette fois-ci, il est assisté pour le dessin par Camille Meyer, une illustratrice que certains ont peut-être déjà croisée dans la littérature jeunesse. Il semblerait qu’elle participe entre autre aux décors intérieurs et extérieurs. Le graphisme final de cette série semble moins précis, moins méticuleux que ce que Béhé peut réaliser seul, mais la qualité de la narration graphique est conservée, voir renforcée par le côté rapide, intime, actif… Car cette série est très enlevée, dynamique… Merwan doit retrouver tous les éléments sur cette omoplate, sur cette sourate… et il n’est pas le seul sur la piste…
Ce qui est aussi fort touchant dans cette histoire, c’est le destin de Gwen qui semble tomber de si haut qu’on se demande bien comment l’histoire peut se terminer pour elle en dehors d’un drame complet… A voir, Giroud est très fort pour retourner les situations, même, surtout, quand personne ne peut imaginer comment…
Seul inconvénient de taille, le tome deux est déjà en librairie, mais la suite est encore à venir…