Le pape des escargots de Henri Vincenot
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L'évêque de la Nature
Quel enthousiasme, quel allégresse à la lecture de ce livre.
Chaque coin de page recèle un trésor de joie simple, comme au détour d'une friche ou d'un vallon. Tous les mots respirent la gaité d'une campagne aujourd'hui disparue. Le bon sens de ses habitants, la générosité dans les rapports humains et dans le travail. L’exaltation de l'homme baigné et bercé dans son environnement. Celui dont il est issu, comme une sculpture de son marbre. Redevable envers les siens et sa terre, Respectueux de son passé comme de son avenir. Un livre qui est une fenêtre ouverte sur le monde de Vincenot. Le bourdonnement des abeilles, la chaleur du soleil de Bourgogne et le sucre du miel vous griseront l'âme.
Le pape des escargots c'est la Gazette, personnage haut en couleurs, fantasque et généreux. Sorte de barde des monts, Druide de la nature. Celui-ci pense trouver en Gilbert son successeur.
Gilbert est un sculpteur autodidacte, naturel et inné. Prodigieux talent qui se dévoue à la sculpture de personnages bibliques. Cela afin de restaurer une chapelle, élevée sur un ancien autel celte.
Vivant en ermite entièrement dévoué à son art.
Mais Gilbert, attiré par la réussite et la cupidité, se laisse envoûter par le miroir aux alouettes de deux escrocs qui décèlent en lui un énorme potentiel de sculpteur, ainsi qu'une manne financière.
Quittant sa Bourgogne pour monter à Paris, Gilbert va faire l'apprentissage du vice, et en homme plein de bon sens, s'apercevra assez tôt que cette vie n'est pas la sienne. Faisant la rencontre d'un compagnon sculpteur, Gilbert va suivre celui-ci au travers d'un voyage initiatique, qui va l'amener à restaurer des cathédrales.
Chemin faisant il va se rapprocher de son village natal et retrouver l'amour perdu des yeux, mais non du coeur.
Ce roman n'a rien de gothique malgré la présence de cathédrales. Païen par endroits, iconoclaste en tout cas.
Vincenot sait dépeindre habilement et sans fioritures les paysages ruraux et les états d'âme de ses habitants.
Un voyage formidable au travers d'un temps que les moins de vingt ans ....
Les éditions
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Le Pape des escargots [Texte imprimé] Henri Vincenot
de Vincenot, Henri
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070374748 ; 9,70 € ; 14/06/1983 ; 374 p. ; Poche -
Le pape des escargots de Vincenot, Henri
de Vincenot, Henri
Denoël
ISBN : 9782207251225 ; 4,90 € ; 01/01/1972 ; 288 p. ; Broché
Les livres liés
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Ecrivain enraciné
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 31 mai 2017
C'est en effet une exaltation à chaque page de la Bourgogne qui est donnée au lecteur: son art, le parler de ses habitants, le bon sens de sa population, son art de vivre ancestral. La Gazette n'est que le prétexte pour Vincenot à défendre ces traditions, ses connaissances qu'il voit disparaître au fur et à mesure que le Progrès pénètre jusque dans les campagnes aux confins du Morvan et du Dijonnais. Enraciné et antimoderne donc, tout ce qui pouvait me plaire. D'autant que Vincenot est doté d'un style propre mais impeccable.
Cependant, ce roman pèche par certains travers et notamment sa longueur, il aurait mérité d'être amputé d'un quart, notamment la fin qui s'étale inutilement. Par ailleurs, l'emploi excessif d'un vocabulaire issu du patois bourguignon finit par être lassant et frôle parfois la caricature, ce qui gâche la très bonne impression qu'on a de l'ensemble de ce livre qui constitue selon les amateurs le chef d'oeuvre de cet écrivain si particulier, OVNI littéraire au mitan d'un vingtième siècle qui aura vu une transformation majeure des campagnes auxquelles était si attaché Vincenot l'enfant de la terre de Bourgogne.
A noter de très belles pages sur Autun, la plus belle ville du monde ;)
Druidique
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 6 janvier 2014
Gilbert, pendant ce temps, sculpte inlassablement des œuvres magnifiques dans son antre à l'abri des regards. Seul La Gazette est admis à contempler son bel ouvrage qui se dessine petit à petit sous les coups de ciseaux. Il le considère comme son fils spirituel, digne successeur dans sa marche tonitruante pour la reconquête des vieilles traditions mises à mal par ce monde moderne tonitruant et superficiel.
Jusqu'au jour où deux margoulins débarquent dans le repaire de Gilbert afin de le convaincre de venir exercer son art à Paris où il pourra se faire un nom. La Gazette tente vainement de l'en empêcher, lui promettant mille tourments dans ce monde sans âme. Gilbert accepte l'offre des deux mécènes.
Les chemins des deux compères se séparent, chacun va errer longuement avant de pouvoir se retrouver.
Ce roman est une invitation à la joie de vivre en dehors des miracles de la société moderne soumise aux contractions douloureuses de désirs sans lendemain. Le discours de l'auteur peut être perçu comme un combat d'arrière garde mené par un individu hermétique aux délices du progrès, mais ce roman publié en 1972 conserve toute sa fraîcheur et reste d'actualité. L'auteur met en scène des personnages qui se battent pour conserver un minimum de dignité et d'authenticité face à la dévastation perpétrée par un société affadie et entièrement dévolue à la superficialité et à l'appât du gain.
Ajoutez à cela une écriture jubilatoire enchâssée dans le patois Bourguignon qui met en exergue toute la truculence du personnage de La Gazette. Un vrai plaisir de lecture.
Par Toutatis !
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 4 avril 2008
Mais derrière cette première lecture, le vieil écrivain campagnard lance quelques appâts pour nous attirer vers ses convictions païennes et je ne suis pas loin de croire que le bougre se considère un peu comme un descendant des druides gaulois et qu’il dispose d’une certaine initiation que nous autres pauvres citadins ne pouvons pas comprendre. Le Pape des escargots aurait-il replanté des menhirs dans la campagne bourguignonne pendant certaines nuits de pleine lune ? Par Toutatis !
très étonnant !!
Critique de Zelda (Rambouillet, Inscrite le 26 avril 2006, 53 ans) - 10 mars 2007
Il est daté, ce livre, on sent les années soixante-dix : le progrès contre le terroir.
Les remarques sur l'écologie et la protection de la planète sont intéressantes parce qu'actuelles.
On comprend alors une partie de l'histoire des ces trente dernières années : nous avons perdu la connaissance de la nature, notre histoire patrimoniale et nous courons aujourd'hui après, en encourageant les prises de position d'un Jean-Pierre Coffe par exemple : vive le terroir.
C'est un roman passionnant pour mesurer le chemin parcouru depuis trente ans par notre civilisation.
Cela fait vraiment peur !
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