Le dieu du carnage de Yasmina Reza
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un p'tit dieu provoque un p'tit carnage
Est-ce un carnage ? Les personnages présentés sont plutôt b.c.b.g. Et pourtant, il y a eu violence. Pourquoi le dieu, le dieu du carnage ? Tout tourne autour d’un méfait d’un enfant : une bagarre qui a provoqué un dommage. Les parents s’expliquent pour discuter du litige : les enfants, ces petits dieux, qui ont provoqué un carnage… hyperbole !
D’un fait divers banal, Yasmina Reza crée tout un univers qui est le reflet de la vie actuelle. Alain et son épouse Annette Reille sont chez les Houillé, Véronique et Michel. Motif ? Ferdinand Reille a quelque peu amoché Bruno Houillé avec un bâton. Ils sont tous là pour établir un constat à remettre à leur assurance familiale. Au fil de la conversation, il ressort que chacun a en soi de la violence et elle s’exerce au sein du couple, entre deux couples, entre le père et l’enfant, la mère et l’enfant. Il y en a partout mais, le tout, c’est de garder son calme, de relativiser. Ici, dans la pièce, la violence n’est qu’anodine, mais chaque personnage, petit à petit, s’exaspère, s’excite, perd son contrôle : ce qui rend la scène cocasse pour le spectateur, ou le lecteur !
Par le truchement d’un dialogue clair, l’auteur parvient à amener un crescendo à cette pièce, en partant d’une situation qui prête à conflit, mais que les antagonistes maîtrisent grâce à leur savoir-vivre. Chassez le naturel et il revient au galop… Chaque personnage se montre alors sous son vrai jour.
Les éditions
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Le dieu du carnage [Texte imprimé] Yasmina Reza
de Reza, Yasmina
Albin Michel / LITT.GENERALE
ISBN : 9782226173744 ; 15,00 € ; 03/01/2007 ; 128 p. ; Broché -
Le dieu du carnage [Texte imprimé] Yasmina Reza
de Reza, Yasmina
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070468003 ; EUR 5,20 ; 11/05/2016 ; 176 p. ; Poche -
Le Dieu du carnage [Texte imprimé] Yasmina Reza présentation, notes, questions et après-texte établis par Sylvie Coly,...
de Reza, Yasmina Coly, Sylvie (Editeur scientifique)
Magnard / Classiques & contemporains (Paris)
ISBN : 9782210755642 ; EUR 5,20 ; 18/04/2011 ; 107 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (8)
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Ce moment où tout bascule ...
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 16 décembre 2018
Les dialogues fusent et sonnent par leur justesse. Cette pièce est un véritable miroir tendu au lecteur. "Le dieu du carnage" a une portée satirique. Yasmina Reza dénonce et se moque d'un bon nombre de nos travers. Il y a ce père de famille peu intéressé par sa vie personnelle qui fait passer sa vie professionnelle avant tout le reste. Derrière ces familles qui semblent unies et qui vivent dans un cadre confortable se perçoivent quelques fausses notes. L'extrême dépendance à son portable d'un des personnages souligne l'incommunicabilité propre à notre monde moderne et le sens des priorités quelque peu détestable. Ces couples ne font pas rêver. Le lecteur observe cette déliquescence et prend conscience qu'il faut corriger certains travers engendrés par la modernité. Cet avocat n'attire pas la sympathie du lecteur. On perçoit de la corruption et un manque de sincérité. Les magouilles en lien avec l'industrie pharmaceutique sont tout simplement révoltantes. Le mensonge et l'inhumanité prédominent. Tout ceci est associé à l'égoïsme du monde occidental très centré sur ses intérêts. La pièce contient de nombreuses références à l'Afrique. La confrontation de nos soucis à ceux des Africains est complètement indécente. Derrière le rire se cache une réalité déplaisante. Tout est sujet à colère et à expression de la violence : un enfant en a frappé un autre, les parents s'affrontent, la guerre est entre les deux couples et dans le couple même, les mots deviennent durs, les reproches fusent, un personnage vomit ... Tout est dans l'extériorisation de ce qui est enfoui et innommable.
Cette pièce fait aussi sourire le lecteur par certaines situations et certaines réactions excessives. Elle se lit avec plaisir et emporte le lecteur par son énergie. De plus les scènes décrites sont tellement empreintes de réalisme que l'on ne peut s'empêcher de se reconnaître dans certains faits. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer, car le fond de cette pièce reste une belle charge contre notre société contemporaine. Yasmina Reza excelle dans ce genre de situation où tout bascule. Elle dépeint efficacement ces instants où tout vrille. On ne s'y attendait pas et en même temps, à force d'enfouir et de refouler certains faits quotidiens on s'expose à un surgissement incontrôlable de vérités. Cela est habilement mené dans cette pièce de théâtre.
Des règlements de compte désagréables
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 26 juin 2018
La conversation commence déjà de manière tendue, la tension ne faisant que monter crescendo, sur des sujets de plus en plus tirés par les cheveux et éloignés du thème initial, dans une ambiance généralisée de pétage de plombs. Cela pourrait devenir drôle, mais cette pièce m'a laissé un goût désagréable, face à une volonté plus ou moins avouée d'alimenter le conflit et d'assumer sa mauvaise foi. Dans le genre, ce n'est pas mal fait, mais ça ne fait pas passer un bon moment, en tout cas pour moi.
Grinçant
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 5 septembre 2011
« ANNETTE. Nous sommes très touchés par votre générosité, nous sommes sensibles au fait que vous tentiez d'aplanir cette situation au lieu de l'envenimer.
VÉRONIQUE. Franchement c'est la moindre des choses.
MICHEL. Oui !
ANNETTE. Non, non. Combien de parents prennent fait et cause pour leurs enfants de façon elle-même infantile. »
La pièce va être bientôt à l’affiche au grand écran et c’est ça qui m’a donné le goût de la lire. Bien qu’on a de la difficulté à prendre à part l’homme et l’oeuvre maintenant, j’ai très hâte de voir cette adaptation cinématographique réalisée par Roman Polanski, elle regroupe quatre d’acteurs que j’apprécie beaucoup : Jodie Foster (dans le rôle de Véronique), John C. Reilly (Michel), Christoph Waltz (Alan) et Kate Winslet (Annette).
Une pièce de théâtre grinçante où les personnages s’égratignent tous, limite cynique. Je recommande, c’est très court à lire et les réparties sont délicieuses.
sur scène à Bruxelles
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 25 juin 2010
Mais où est donc dieu ?
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 15 novembre 2009
Ah ! N’y cherchez pas Dieu : il n’y est pas !
Du bonbon!
Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 25 septembre 2009
Modernes et de caractères conciliants, les parents semblent être déterminé à s’entendre assez facilement sur ce qui a fait quoi et sur la marche à suivre afin d’éviter pareil élan de violence des enfants à l’avenir. Cette rencontre se fera dans les règles ou ne se fera pas.
Pourtant, au fur à mesure que la pièce avance, l’histoire, qui était simple au départ, se complique. N’est-ce pas dans la nature humaine de compliquer tout? Une banale dispute entre deux enfants finira par devenir une guerre ouverte entre les deux couples. En fait, même époux et épouses se retourneront l’un contre l’autre.
L’auteure semble vouloir nous convaincre qu’au fond de chacun de nous, il y a toujours cette certitude d’avoir raison. L’autre a toujours tort. Par ailleurs, cette pièce nous prouve encore que les apparences sont pour la plupart du temps trompeuses. Chose certaine, sous ses airs de petite pièce simplette, ce livre fournit quand même matière à réflexion.
Une rapide petite détente
Critique de Naturev (DOLE, Inscrit le 29 mai 2008, 58 ans) - 23 octobre 2008
Mais je lui trouve un défaut : il me donne une impression de pas fini. On arrive à la fin comme sur une queue de poisson. Souvent, l’on sent le désir de laisser le lecteur (et même le spectateur dans l’art cinématographique où le procédé est souvent utilisé) avoir sa propre fin. Mais là, je n’ai pas ce sentiment. Et pour le coup, je reste sur ma faim.
Et pan dans les dents
Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 17 décembre 2007
Les deux couples font connaissance et s’expliquent dans le calme et le respect. Michel est grossiste en articles ménagers tandis que Véronique écrit des ouvrages qui traitent des conflits africains. Du côté des Reille, Annette s’occupe de gestion du patrimoine et Alain est avocat, profession qui occasionne d’ailleurs d’incessantes interruptions téléphoniques au sujet d’un médicament dont il doit taire les effets secondaires deux semaines avant l’assemblée générale de la compagnie pharmaceutique qu’il défend.
De nombreuses digressions émaillent la conversation au sujet de la suite à donner au pugilat des enfants. Les esprits s’échauffent et les masques tombent progressivement. Tour à tour, les protagonistes se lâchent, accusant le couple adverse ou leur propre conjoint. Aidés de quelques rasades de rhum pour catalyser les vexations refoulées, chacun finit par exprimer son mal-être, ses désillusions dans un crescendo dont on ne peut déterminer s’il est salvateur ou destructeur, car personne n’est disposé à se remettre en question.
En considérant que les digressions participent à dépeindre les personnages, cette pièce respecte la règle des trois unités: temps, lieu et action. L’unique scène se joue d’une traite dans un décor minimal, retenant le spectateur captif dans la joute verbale, à première vue amusante, que se livrent les Houllié et les Reille.
Idéaliste, Véronique tente principalement de positiver. Mais son sens intransigeant de la justice finit par agacer son entourage, et principalement son propre mari. Car l’attitude ouverte de Michel n’est qu’une fragile façade. Poussé à bout, il se révèle macho, égoïste et parfois odieux. Un caractère manifestement érigé en réaction aux convictions de sa femme.
Alain ne cherche pas à cacher son manque d’humanité proche du cynisme. On devine que son activité d’avocat peu scrupuleux l’a amené à une vision désabusée du monde. Sans doute conscient de cette dérive, il lui arrive de lancer des réflexions d’une rare lucidité. Annette, sa femme qu’il appelle affectueusement Toutou, est tellement anxieuse qu’elle en vomit. Plutôt conciliante au début, il est difficile de définir dans quelle mesure l’alcool est responsable de son agressivité croissante.
Cette pièce expose avec brio le spectacle consternant d’adultes guère plus matures que leur progéniture. Faut-il en rire ou en pleurer? Il y a immanquablement matière à réflexion.
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Le voici au ciné | 1 | Catinus | 22 décembre 2011 @ 20:33 | |
Représentation de la pièce en Belgique / 2010 | 1 | Catinus | 8 janvier 2010 @ 23:22 |