Seul dans le noir de Paul Auster
( Man in the dark)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Hallucinant !
Si Paul Auster nous a déjà amené très loin dans la fiction dans des livres comme « Le voyage d’Anna Blum » ou « Mr. Vertigo », il fait au moins aussi fort dans « Seul dans le noir »
Un homme, bien plus tard on saura qu’il s’appelle Brill, est immobilisé dans son lit suite à un accident de voiture et de graves blessures aux jambes. Il habite chez sa fille Miriam, sa femme Sonia étant décédée. Miriam, qu’il qualifie de la bonté même, a été plaquée par son mari dont elle est divorcée. Elle écrit. Elle a une fille Katya qui connaissait un amour fou avec un certain Titus. Mais quatre mois plus tard celui-ci meurt. Elle ne s’en remet pas et vient aussi vivre chez Miriam. Bref, sans les deux premières pages c’est le mot « seul » qui domine.
Katia faisait des études de cinéma, aussi son grand-père et elle vont passer leurs journées à regarder des films loués. Mais les nuits sont longues pour Brill, qui est insomniaque, et il entend tout faire pour ne pas penser à Sonia, ce qui le rend dépressif. Pour s’occuper l’esprit il se concentre sur la construction d’une histoire. Soulignons en passant qu’il était un critique littéraire renommé et qu’il est censé écrire son autobiographie. Il s’est arrêté au milieu et se demande pourquoi et pour qui il la terminerait.
Soudain, à la page 3 nous faisons la connaissance d’un homme appelé Owen Brick et qui est le personnage de l’histoire inventée par Brill. Brick se réveille dans un autre monde. Lui qui était magicien et marié à une jeune et jolie Argentine, se retrouve dans un trou en tenue militaire avec le titre de caporal. Un militaire le sort du trou et l’envoie vers une ville proche.
Il lui apprend que l’Amérique s’est lancée dans une guerre. Il pense à celle d’Irak, mais celle-ci semble inconnue du militaire. Celui-ci lui annonce qu’il s’agit d’une seconde guerre civile et qu’elle est terrible. Elle provient de la terrible élection de l’année 2000. Ayant été fortement contestée certains Etats ont exigé une révision de la loi électorale et cela a entraîné la guerre. Brick ne peut pas croire ce qui lui est dit.
Il croit encore moins dans le fait qu’on lui annonce que cette guerre meurtrière provient uniquement des pensées d’un seul homme et qu’il lui appartient, à lui Owen Brick, d’abattre cet homme, ce qui fera revenir la paix.
Voici ce qu’on lui explique : un philosophe italien du nom de Giordano Bruno aurait soutenu la thèse que si Dieu est infini, et si la puissance de Dieu est infinie, il doit y avoir un nombre infini de mondes… Owen Brick vivait donc dans un monde et, l’homme qui pense et dirige la guerre à lui tout seul, l’a fait passer dans un autre monde en cours, celui de la guerre civile.
Il n’y comprend rien, mais il constatera que deux mondes existent bien. En effet, dans celui où il vient d’arriver, personne ne connaît la guerre d’Irak, personne ne connaît l’attentat contre les « Twin Towers » etc. Dans ce monde là, on lui explique que seul lui pourrait arrêter la guerre en tuant l’homme qui la pense. Il refuse, mais on lui dit clairement qu’à défaut de le faire, lui et sa femme seraient abattus dans l’autre monde.
Et le voilà revenu dans son premier monde, celui où il est toujours magicien et marié à sa femme Flora.
Vous allez croire que j’ai été trop loin dans le résumé. Cela n’est pas le cas, car je peux vous annoncer que de nouvelles surprises ne manquent pas ! Mais je ne veux surtout pas aller plus loin… Ce qui précède montre assez le côté étrange de ce livre et la complexité de l’histoire.
Dans « La nuit de l’oracle » Auster se demandait si l’écriture pouvait provoquer les événements. Ici, il va encore plus loin en nous présentant un homme, un critique littéraire, cloué dans un lit, menant, par sa simple pensée, toute une guerre !
Un livre pour le moins étonnant et que j’ai lu avec passion !...
Les éditions
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Seul dans le noir [Texte imprimé], roman Paul Auster traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles)
ISBN : 9782742780464 ; 19,80 € ; 05/01/2009 ; 324 p. ; Broché -
Seul dans le noir [Texte imprimé], roman Paul Auster traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742794584 ; 7,70 € ; 01/06/2011 ; 180 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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dommage
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 20 janvier 2013
Je me dis qu'Auster est finalement le maître du "jeu de piste" et c'est peut-être moi qui suis passé à côté du sujet.
A noter cette phrase magnifique : " ... la longue expérience d'une vie entière de combat contre moi-même dans les tranchées de la nuit".
L'intimité accordée
Critique de Traffic (Marseille, Inscrit le 21 septembre 2010, 55 ans) - 28 septembre 2010
J'avoue que ça fait longtemps que je ne me suis pas laissé emporter avec autant de stimulation dans un roman. En même temps, Paul Auster, pour ma part, j'adhère.
Ps : Après avoir tourné la dernière page, j'ai vu que les critiques n'étaient pas fabuleuses. Comme quoi on n'a pas tous les mêmes attentes et plaisirs de lecture.
Nuit blanche
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 31 août 2010
LE PREMIER....
Critique de Pauline3340 (BORDEAUX, Inscrite le 2 août 2008, 56 ans) - 25 janvier 2010
Loin d'être le meilleur Auster mais un médiocre Auster reste un très bon livre
Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans) - 8 septembre 2009
Si l'on était au cinéma, on dirait scénario pas génial mais super réalisation. L'histoire tourne, comme toujours chez Auster, autour du processus de création littéraire. On ajoute à ça une pincée de famille brisée / amours déçus / désenchantement. Et une histoire sans réel fondement de monde parallèle où régnerait la guerre civile mais qui s'avère pas si inintéressante. Evidemment, Auster se croit obligé de rajouter une pincée d'anti-bushisme ce qui le ramène au conformisme ambiant le plus absolu et n'était pas vraiment nécessaire.
Par contre, la narration est comme d'habitude hyper prenante. Auster est le genre de type qui vous garderait éveillé à vous réciter l'annuaire. Un vrai storyteller. S'il avait écrit la Bible, le monde compterait 100% de catholiques pratiquants. S'il écrivait les docs techniques, les services de support seraient au chômage.
Pour moi aussi une déception
Critique de Kirikou (, Inscrite le 21 août 2009, 52 ans) - 27 août 2009
hé Paul! vous vous moquez de nous?
Critique de Zouhair (, Inscrit le 27 juillet 2009, 35 ans) - 29 juillet 2009
je ne raconterai pas l'histoire, mais la commenterai: ça commence tranquillement, au début elle n'attire pas, mais elle ne repousse pas quand même.. un vieil homme qui se noie dans les ténèbres de l'insomnie, et pour tuer le temps il se crée des histoires, il imagine des personnages; Cette nuit là (le suspense commence) il entre en jeu énigmatiquement dans ses tales en inventant un autre monde qui n'est pas le mien et le nôtre bien sûr. Je sauterai les étapes pour arriver à mon but. premièrement , les scénarios des films qu'il regardait avec Katya, n'ont pas du tout une importance pour le lecteur (personnellement ça m'a beaucoup ennuyé).. et puis une déception énorme se révèle quand on constate comment il a terminé l'histoire de Owen Brick! il pouvait-je propose là-transformer ses réflexions en réalités, puis chercher à expliquer les circonstances.. Cependant, il a préféré tuer le suspense qu'il a dégagé chez le lecteur.
enfin je pense que ce n'est pas un bon roman, il a besoin de dimensionner son travail, et de concentrer l'envie de lire chez ses lecteurs.. Pourtant ce n'est pas grave parce que j'ai eu le roman comme cadeau! C'est le geste qui compte.
Comment nager dans le vide...
Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 26 juillet 2009
En démarrant, on se dit que le livre risque d'être un peu maussade mais finalement les troubles de chaque personnage sont traités avec intelligence et au lieu d'une ambiance mélodramatique Auster met en avant la force de chacun.
Très beau livre.
Les insomnies n'ont pas peur de mourir
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 6 mars 2009
Un thème prometteur et, pourtant, on aurait aimé que l’aventure soit poussée plus loin encore. Plus loin, non dans le drame, mais dans le cheminement de l’auto-expérimentation de Paul Auster qui noue des relations interpersonnelles entre lui-même et ces vies inventées, vies s’appropriant elles aussi le pouvoir de la création. Plus loin, aussi, les liens entre le récit « fruit d’insomnie » et la vie de cet August Brill qui voit sa fin venir mais, on le sent, voudrait aussi pouvoir la réinventer.
Il y a toujours des « un peu moins » et des « un peu plus ». "Seul dans le noir" fait pour moi partie de la première catégorie, tout en sonnant juste, comme souvent le font les romans de Paul Auster.
De l'amour fou à la tendresse.
Critique de Henri Cachia (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 62 ans) - 5 mars 2009
Les amis qui ne partagent pas mon engouement pour cet auteur me disent presque tous la même chose : "Il nous embarque dans des histoires imaginaires prometteuses, et nous laisse tomber en cours de route". C'est vrai que c'est ce que je ressens et suis un peu déçu depuis ses tout derniers livres, à cause de cela.
Mais, son écriture et son style sont tellement... je ne sais pas... j'ai l'impression de faire partie de la même famille. D'où le titre de ma critique.
Alors, pour la note, je suis tout de même bien embêté. J'aurais voulu lui mettre 3,5, mais comme je me suis mis cette même note pour mon troisième livre, je constate que je me suis largement surnoté, et lui mettrai 4.
"Je n'avais toujours aucune intention de quitter Sonia, tu comprends. Je les voulais toutes les deux. Mon épouse depuis dix-sept années, ma camarade, le coeur de mon coeur, la mère de mon unique enfant, et cette jeune femme féroce à l'intelligence incandescente, au charme érotique neuf, une femme avec qui je pouvais enfin parler de mon travail et discuter de livres et d'idées."
omg quelle déception !
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 2 mars 2009
Le pitch : un vieil homme est seul dans le noir, dans son lit, il a des insomnies et s’invente une histoire à la Twilight Zone (La Quatrième Dimension), vous savez, cette série américaine qui nous a enchanté dans les années ‘60 aux Etats-Unis (‘70 chez nous) : un homme se retrouve projeté dans un monde parallèle où la guerre civile sévit, il se voit ordonner de tuer un homme qui est l’instigateur de la guerre en ce sens qu’il est la personne qui « pense » à la guerre dans un monde et qui la crée dans un autre. Bref, du classique de chez classique pour les fans de la série, je me demande même si cet épisode n’existe pas réellement !!?? D’ailleurs, c’est même tellement classique que n’importe quel amateur de SF connaît ce genre d’histoire par coeur !!! Voila c’est pour la première moitié du livre (qui n’est pourtant pas bien épais) et comme il faut encore une moitié, voilà Auster qui fait descendre la petite-fille du vieil homme (ben oui, elle a des insomnies aussi, ça tombe bien) et celle-ci de demander à son grand-père de lui conter les circonstances de la rencontre, de la séparation et de la reconquête avec sa grand-mère… et hop, voilà la deuxième partie du livre finie… et comme il manque une rawette (comme on dit chez nous), on y ajoute quelques pages sur les circonstances de la mort du compagnon de la petite-fille et hop hop, le livre est fini !
Ouais ben, sorry de le dire, mais j’aurais pu faire tout aussi mal ! Ben oui, je suis dans mon lit et je ne parviens pas à dormir et j’invente l’histoire d’un gars qui est accoudé au bar. Nous sommes dans les années ’30, aux Etats-Unis, il boit sa bière et regarde autour de lui. En se retournant, il se cogne au comptoir et entend un bruit inhabituel sortir de son gilet… une montre gousset y apparaît ! Ce n’est pas la sienne, il ne l’avait pas ce matin ! Il regarde autour de lui, tente de se remémorer les dernières minutes mais personne ne l’a approché. Il prend la montre, l’ouvre, elle n’indique pas l’heure exacte mais avance d’une heure… Il règle l’heure et… mais… à mesure qu’il change l’heure, la pendule du café change aussi… et bla bla bla… et comptez sur moi pour qu’il utilise à bons et à très mauvais escients l’étrange pouvoir de la montre, depuis le voyeurisme jusqu’au vol de banque en passant par le sauvetage des piétons peu encore habitués aux voitures ou les fausses rencontres fortuites (ou plutôt faussement fortuite)… et je connais même déjà la fin ! Et comme je n’aurai écris qu’un demi-livre, je vous parlerai ensuite de mon séjour aux Etats-Unis, de mon séjour en Australie et de l’étrange corrélation qu’il y a entre les deux… bref, que de l'inintéressant !
Cela étant dit, l’écriture est toujours aussi intelligente et agréable, mais ça ne suffit pas, loin de là ! Bref, si Auster se met à faire du Nothomb, on n’est pas rendu !
La puissance de l'imagination au service de la fuite du réel
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 27 février 2009
J’ai bien aimé ces passages où Auster laisse aller son imagination. Ce monde fictif forme un étonnant contraste avec le monde réel de Brill. Les personnages y sont aux abois, ne se font pas confiance, n’éprouvent rien les uns pour les autres contrairement au monde réel de Brill où la tendresse, l’entraide, la complicité et l’immense amour de sa fille et de sa petite-fille l’entourent et le soutiennent. L’imagination ici est au service de la fuite du réel. Brill s’évade dans ses histoires mais aussi en regardant des films avec sa petite-fille qui elle aussi tente de fuir bien des chagrins.
L’histoire est un peu confuse cependant mais la belle écriture tendre et lumineuse de Paul Auster exerce encore une fois sa magie et je me suis laissée bercer par ses mots doux et sa belle prose. C’est un livre centré sur la douleur de la perte d’un être aimé, sur le deuil, sur le drame de la mort de ce qui nous était le plus cher au monde. Un livre sur la difficulté de vivre et sur les nombreuses blessures que la vie inflige à l’âme humaine. Mais c’est aussi un livre sur l’espoir, sur la joie de pouvoir dialoguer avec ses proches comme la nuit où la petite-fille de Brill vient le rejoindre dans son lit afin d’écouter encore et toujours l’histoire de la rencontre de son grand-père et de sa grand-mère.
Je crois que je préfère le côté tendre et humain d’Auster quand il relate la vraie vie plutôt que son côté imaginatif et débridé lorsqu’il se laisse aller à inventer des univers parallèles. J’ai souvent eu des réminiscences du livre « Tout ce que j’aimais » de Siri Hustvedt en lisant celui-ci. C’est étonnant comme l’écriture de ce couple se rejoint sur bien des points. En fait, Auster n’avait pas besoin de son univers fictif, le réel m’aurait amplement suffi tellement il le raconte d’une admirable et émouvante façon. J’ai aussi des réserves sur la récupération de l’histoire de la vidéo de l’exécution de Titus, vidéo que tout le monde a pu voir aux informations télévisées et qu’Auster utilise pour son récit. Un personnage féminin m’a particulièrement touché : Betty, la soeur de Brill.
Pour conclure, c’est du Paul Auster égal à lui-même avec son regard d’une infinie tendresse toujours dirigé avec justesse sur l’être humain et la complexité de son existence.
"Comme tout cela va vite. Hier enfant, aujourd'hui vieillard, et d'alors à maintenant, combien de battements de coeur, combien de respirations, combien de mots prononcés et entendus ? Touchez-moi, quelqu'un. Posez la main sur mon visage et parlez-moi..."
il fallait trouver l'idée.. bien que récurrente
Critique de Tameine (Lyon, Inscrite le 9 juin 2008, 59 ans) - 19 février 2009
Seul dans le noir
Critique de Cstl (, Inscrite le 9 septembre 2008, 53 ans) - 25 janvier 2009
Merci
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Je suis contente Jules ! | 40 | Dirlandaise | 26 février 2009 @ 01:51 |