Il suffit d'un peu de cran...

Dernier tome de cette série et non le moindre. Un personnage tout à fait insignifiant acquiert une certaine importance. Il ne joue pas de rôle actif mais il écoute le récit de Marla Benings, la femme d’Henry, le fonctionnaire aux prises avec le démon du jeu. Marla réalise que pendant vingt ans, son mari lui a menti. Elle découvre qu’il n’est pas l’homme bon et responsable qu’elle a toujours pensé qu’il était mais une épave, un débris de la société, un homme malade qui l’a ruinée et a miné leur mariage au moyen de mensonges quotidiens. Le personnage de Moses, cet homme alcoolique et dépressif qui tente de s’en sortir en aidant les autres dans une soupe populaire et en entraînant une équipe de volley-ball collégiale est aussi mis en avant dans ce tome.

Comme la vie humaine est riche de souffrances, de désillusions, de rancœur et de haine envers son prochain. Comme il est facile de sombrer dans la violence et de tenter de se faire justice soi-même. Il suffit d’un peu de cran et de courage pour faire face à la réalité et mettre fin aux injustices dont on se croit la victime. Quelle immense satisfaction éprouvons-nous alors en mettant l’objet de notre haine en joue et en faisant feu sur lui, détruisant une vie en croyant de toutes ses forces que cette destruction nous apportera le bonheur tant espéré et insaisissable. C’est le piège qui est tendu aux malheureuses victimes de ce jeu diabolique.

Dans cette conclusion, l’identité du mystérieux homme en noir nous est révélée. Son cynisme et sa méchanceté sont sans bornes. Pourtant, lui résister serait possible si l’homme n’était pas si cupide et aveugle. Il cherche le bonheur là où il ne sera jamais et s’étonne de ne pas le trouver. Voilà le message que nous livre ce récit pathétique mettant en vedette des gens tout aussi pitoyables les uns que les autres. Et cela ne semble pas prêt de se terminer…

« Je vous ai offert l’opportunité de tout recommencer… Je vous en ai même donné les moyens. Je n’ai fait qu’utiliser les règles de votre monde ! L’argent-roi, la violence gratuite. C’est vous qui les avez inventées, pas moi ! — Mais pourquoi nous avoir choisis ? Ça paraît si dérisoire. — Dérisoire ? Mais moi, j’ai trouvé le spectacle absolument magnifique ! J’ai apprécié chaque instant de ce jeu. J’ai savouré tous vos doutes, vos hésitations. J’ai applaudi à chaque rebondissement. À votre échelle, vous avez réussi à me captiver. Bien plus que toutes vos guerres et vos massacres de masse qui finissent par me donner la nausée… »

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  Le menteur [Texte imprimé] [scénario de] Callède [dessins de] Gihef

  de Gihef, (Illustrateur) Callède, Joël (Scénariste)
  Vents d'ouest / Turbulences (Issy-les-Moulineaux)
  ISBN : 9782749302928 ; 5,93 € ; 15/11/2006 ; 48 p. ; Album

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