Le voyage gelé de Philip K. Dick
(The Frozen Journey)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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9 nouvelles
Philip K. Dick est considéré à juste titre comme l’un des maitres de la S.F., ou plutôt comme un de ceux qui ont contribué à créer le genre, à donner le format de ce qu’elle est devenue. Il écrivait apparemment à une vitesse hallucinante d’où une productivité énorme – on parle d’une année au cours de laquelle il aurait écrit six romans ! Pour autant ça ne se ressent pas au niveau de l’inspiration, certainement très novatrice pour l’époque et toujours bluffante, anticipant parfois des problèmes de société qui surgissent réellement. L’écriture en revanche est plate, sans effet de style (vitesse et productivité obligent) mais celui ne nuit pas au propos qui est davantage dans le fond que la forme.
Le fond justement traite toujours du monde à venir et c’est fou comme le monde à venir faisait, fait, peur à tout le monde, toutes les époques. Comme si l’homme, intégrant consciemment ou inconsciemment le statut d’être imparfait, savait que quoiqu’il fasse, ses actions ou créations recéleraient l’imperfection originelle, la faille du ratage. Beaucoup de solitude, de désespérance dans ces nouvelles. Pas un désespoir à vif, plutôt un désespoir « au long cours », une désespérance obligatoire.
L’une de ces nouvelles sort de l’épure. Elle est très courte (une demie-page), inversement proportionnelle à son titre : « L’Histoire qui met fin à toutes les histoires pour l’anthologie d’Harlan Ellison ». C’est comme le synopsis d’une nouvelle à écrire, mais resté à l’état de synopsis. Il y est question de Dieu, dévoré par les humains …
Les autres ont un peu le même format et des préoccupations similaires ; un être humain, dans une époque projetée dans l’avenir, disposant de progrès supposés, mais inéluctablement renvoyé à une situation de ratage, comme si progrès était synonyme de plantage (ce qui peut être vrai parfois !).
La nouvelle éponyme par exemple, « le voyage gelé ». On envoie soixante humains pour une destination … lointaine, si bien que celui-ci devant durer dix ans, on les cryogénise pour qu’ils n’aient aucun besoin durant ces dix ans. C’est le vaisseau spatial qui est l’unité pensante et agissante, et voilà celui-ci parti. Mais un raté se produit, Victor Kemmings, l’un des passagers, a conservé une activité cérébrale, il est conscient. Il est conscient et le voyage va durer … dix ans ! Le vaisseau, c'est-à-dire la machine en l’occurrence, va prendre des initiatives afin de régler le problème ; occuper le cerveau de V. Kemmings en lui faisant revivre des scènes de son passé, … hélas - et c’est là l’apport essentiel de P.K. Dick - pour une raison qu’il n’appartient pas à l’auteur d’expliciter – un privilège certain des auteurs, et des auteurs de S.F. en particulier -, hélas V. Kemmings va revivre ces moments en les altérant, en les modifiant sensiblement dans le sens d’une culpabilisation a posteriori, lui rendant évidemment le ressenti de ce passé insupportable. Et c’est que notre homme est parti pour un voyage de dix ans ! Philip K. Dick passe elliptiquement sur diverses tentatives pour solutionner le problème. La solution sera elle aussi imparfaite comme si, de toutes manières, l’homme et ses progrès étaient condamnés à l’échec.
Les éditions
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Le voyage gelé [Texte imprimé] Philip K. Dick trad. de l'américain par Emmanuel Jouanne trad. rev. et harmonisées par Hélène Collon
de Dick, Philip K. Jouanne, Emmanuel (Traducteur)
Gallimard / Science-fiction
ISBN : 9782070313037 ; 6,90 € ; 08/01/2004 ; 219 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Grand cru de plus
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 4 avril 2014
K. Dick fait-il de l'anticipation ?
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 17 janvier 2014
D'une part, il décrit notre monde, les travers de la société hyper-libérale dans laquelle nous vivons, qui étaient les mêmes que ceux que nous subissons au moment où il écrivait.
D'autre part, c'est une véritable auto-fiction écrite à travers des récits dits "de genre", qui questionne notre sens de la réalité, ce que nous en percevons ou croyons en percevoir.
Ce recueil montre la montée en puissance de la personnalité de l'écrivain qui se libère alors complètement de l'influence écrasante de Van Vogt.
du grand Philip K. Dick
Critique de Lectgreg (toulouse, Inscrit le 27 mai 2009, 38 ans) - 18 avril 2011
Avec Dick, nous savons à quoi nous en tenir, à tel point que nous lui pardonnons cette platitude littéraire. ( pour exemple, nous pouvons tomber dans ses oeuvres sur des phrases telle "la voiture roule sur la route"). Ce n'est de toute façon pas ce que nous recherchons dans son oeuvre.
Celle ci ne comprend pas que du bon, entre histoire confuse et qui s'éternise, l'auteur ne sachant plus quelle fin donner à son récit, et thèmes répétitifs.
Il faut cependant bien avouer que Le voyage gelé est une véritable réussite. Nous trouvons certainement là les meilleures nouvelles de l'auteur.
Voici des personnages face à un contexte, des circonstances qui ne peuvent conduire qu'à un désespoir obligé et assimilé. des situations sans porte de sortie, sans réellement de terme. il faut se faire au désespoir, l'intégrer au quotidien. Du véritable cynisme. c'est cela qui ressort de ces excellentes et dérangeantes nouvelles;
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