Terre et cendres de Atiq Rahimi
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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La guerre a volé leurs larmes...
Grâce à ce petit roman qui conquiert un champ de liberté extraordinaire, l’Afghanistan peut exister avec ses traditions, ses émotions, son histoire violente et ses drames personnels. "Tu sais, père, la douleur, soit elle arrive à fondre et à s'écouler par les yeux, soit elle devient tranchante comme une lame qui jaillit de ta bouche, soit elle se transforme en bombe à l’intérieur, une bombe qui explose un beau jour et te fait exploser".
Voilà ce qu'apprend un vieil homme sur la route qui le conduit à la mine pour annoncer à son fils que les Soviétiques ont bombardé le village, que tous sont morts, à l'exception de lui-même et de son petit fils...
"Et ton chagrin à toi ? S’est-il transformé en larmes ? Non, sinon, tu pleurerais. En poignard ? Tu n’as encore blessé personne. En bombe ? Tu es toujours en vie.
Tu es incapable de décrire ton chagrin : il n’a pas encore pris forme. C'est encore trop tôt. Si seulement, il pouvait se dissiper avant même de prendre forme, disparaître… "
Le petit-fils, avec qui il voyage est devenu sourd depuis le bombardement.
L’auteur nous donne une vision de la surdité racontée par l’enfant qui en est victime. Il s'imagine vivre dans un monde où la guerre a volé les voix de tout le monde. Je ne peux que m’émerveiller devant cette écriture faite de mots aussi simples mais tellement subtils, tellement imaginatifs.
"La bombe était très forte. Elle a tout fait taire. Les tanks ont pris la voix des gens et sont repartis. Ils ont même emporté la voix de grand-père. Grand-père ne peut plus parler, il ne peut plus me gronder." "Les tanks sont venus ici, aussi. Le monsieur de la boutique n’a plus de voix, le gardien n'a plus de voix, Les Russes sont-ils venus prendre les voix de tout le monde ? Que font-ils de toutes ces voix ? "
Grâce à ces quelques extraits choisis, vous aurez compris que ce petit livre est aussi un roman humain et universel.
Admirablement traduit du persan par Sabrina Nouri
Les éditions
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Terre et cendres [Texte imprimé] Atiq Rahimi traduit du persan (Afghanistan) par Sabrina Nouri
de Rahimi, Atiq Nouri, Sabrina (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070416745 ; 5,00 € ; 04/03/2010 ; 90 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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J'ai honte devant tant de chagrin offert en partage ...
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 8 avril 2011
Accompagné du petit, assiégé d'hallucinations et du remord d'être en vie, le vieillard s'en va sur les routes rendre visite à son fils, mineur de fond, troisième survivant de sa famille.
L'écriture hachée de ce très court roman de 90 p. vous prend à la gorge et le pathétique y est tellement communicatif que l'on a honte d'avoir à donner une cote à cette lecture hors normes ...
Peu touchée
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 22 août 2008
larmes afghanes
Critique de Paracelse (Paris, Inscrite le 29 avril 2005, 62 ans) - 10 mai 2005
Dans ce livre rédigé par Atiq Rahimi, jeune afghan exilé en France, tout est dit. Dans un langage épuré et minimaliste. Qui parle de l’Afghanistan et de la guerre, et aussi de la solitude où se murent ses habitants. Qui sait évoquer les regards qui passent sur les ondulations des vallées arides et des routes – et l’attente, implacable, où l’on voit les silhouettes se confondre avec les montagnes, et les rivières prendre feu ; attente où l’on prend conscience qu’on n’a plus le courage de s’excuser, ou même de laisser les larmes couler. Parce que « le chagrin endurcit les hommes », que les questions sans réponses prennent possession des esprits, que « les yeux brûlent d’insomnie », et que le sommeil lui-même n’apporte plus la paix. Alors qu’on aimerait pouvoir « dormir comme un enfant, un nouveau-né » – et surtout, « reprendre la vie au commencement… ».
Durant ce long voyage pendant lequel le temps s’étire, le vieil homme, qui a « vu de visu sa propre mort », mastique longuement son tabac en laissant voguer son esprit, obsédé qu’il est à l’idée de pouvoir trouver les mots justes pour annoncer l’impensable… Pensif, il se dit que « les morts sont peut-être plus heureux que les vivants »… Mais les choses ne sont pas (plus) aussi simples que le naswar qu’on mastique… Et dans ce pays ravagé où les ombres s’étendent et où les soi-disant vérités se contredisent… (manipulations des uns, peur des autres…), l’écriture intime et pudique de ce petit livre dit l’essentiel. Et rappelle, avec pertinence, que la violence peut appeler la violence : «Tu sais, la douleur, soit elle arrive à fondre et à s'écouler par les yeux, soit elle devient tranchante et jaillit de la bouche, soit elle se transforme en bombe à l'intérieur, une bombe qui explose un beau jour et qui te fait exploser.»
Atiq Rahimi est un jeune écrivain-cinéaste (il a adapté l'an passé son livre, et présenté le film au festival de Cannes), qui sait redonner vie à une pensée afghane, à travers les subtilités du dari, la langue persane (ici traduite), langue épurée qui sait si bien exprimer la violence et les émotions de ce pays et de ses habitants meurtris et pourtant si pudiques. Ceci pour lutter contre l’indifférence, à sa manière, parce que « parler, ça ne suffit pas, mon frère, si on ne t’entend pas, ça ne sert à rien, c’est comme des larmes… » - « et puis les hommes n’ont plus de voix, la pierre ne fait plus de bruit… le monde est silencieux ». Et lire aussi ce petit livre peut être une manière de se rappeler juste, parfois, que l’indifférence est une des pires choses dans ce monde.
Guerre et conséquences...
Critique de Biblio (, Inscrite le 1 mars 2005, 57 ans) - 24 mars 2005
Le grand-père a perdu toute sa famille dans ce bombardement et il va annoncer la nouvelle à son fils.
Un superbe roman sur une des conséquences de la guerre, en l’occurrence celle ayant opposé l’Afghanistan à l’Union Soviétique.
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