Le coeur de l'homme de Jón Kalman Stefánsson

Le coeur de l'homme de Jón Kalman Stefánsson
(Hjarta mannsins)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Isad, le 31 mai 2014 (Inscrite le 3 avril 2011, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 014ème position).
Visites : 5 776 

Apprentissage de la vie

Ce livre est un troisième tome (le premier « Entre ciel et terre » a été lauréat du prix Critique Libre l’an dernier dans la catégorie « Roman étranger ». Il peut se lire sans connaître les 2 précédents et je n’ai d’ailleurs pas lu le 2ème.

Il s’agit à la fois d’un récit de petites aventures du quotidien vécues par un adolescent et les personnes avec qui il vit et d’une sorte d’introspection poético-philosophique de la part de l’auteur-narrateur qui les regarde vivre avec bienveillance. Ce roman, épais, se lit avec lenteur. Je dirais même qu’il est à déguster à petites doses afin d’en apprécier la saveur.

Une petite ville d’Islande de l’avant dernier siècle, au bord d’une côte isolée, au temps où il n’était pas de bon ton que les femmes vivent seules et prétendent participer aux affaires, un garçon orphelin recueilli, avide de savoir, un vieux capitaine aveugle, des femmes qui veulent changer de vie, des hommes qui souhaitent le pouvoir et même encore plus, des faibles et des lâches, la mort qui rôde et contrarie les plans, ...

IF-0514-4230

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Une suite à distance de <i>Entre ciel et terre</i>

5 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 31 mars 2022

Suite à distance puisqu’apparemment Le cœur de l’homme fait partie d’une trilogie avec Entre ciel et terre et La tristesse des anges, et zut, je n’ai pas encore lu La tristesse des anges !
Où l’on retrouve « le gamin », un des personnages de Entre ciel et terre, avec des références somme toute ténues au drame de .
Références ténues et contexte … brumeux, brouillardeux (peut-être du fait de n’avoir pas lu La tristesse des anges mais alors on peut reprocher à la quatrième de couverture de n’être pas davantage explicite sur la question, il n’y est même pas fait mention que Le cœur de l’homme est le dernier tome d’une trilogie !).
Brumeux et brouillardeux à l’image du climat qui doit souvent régner dans ces terres du froid. D’ailleurs, lorsque le roman commence, « le gamin » et Jens le postier viennent d’échouer dans un village isolé après avoir traversé un massif montagneux, dans des conditions hivernales, transportant un cercueil et perdant un compagnon. Eux-mêmes ont bien failli perdre la vie, et Jens a peut-être bien perdu quelques orteils, gelés.
Dit ainsi ça parait clair. En réalité c’est loin d’être aussi clair à la lecture et on évolue en permanence dans le doute, comme si Jon Kalman Stefansson tenait pour acquis que le lecteur connaissait déjà des éléments ? Qui jamais ne viendront. Il y a de la frustration dans cette lecture de ce fait, les images, les personnalités des personnages qui évoluent sous nos yeux, sont en permanence brouillées, comme si nos lunettes n’étaient pas adaptées à notre vue.
Ca devient plus compréhensible dans la seconde moitié du roman mais pour autant on n’aura jamais toutes les clés du roman (mais encore une fois peut-être est-ce de n’avoir pas lu La tristesse des anges ?). Par contre le contexte islandais ; l’isolement des villages et de ses habitants, la sauvagerie de la nature et sa dangerosité potentielle sont parfaitement rendues et c’est vrai que je suis particulièrement sensible à cet aspect des choses.

»Ils accostent non loin de l’embouchure de la rivière qui descend de la lande, décrit un méandre et contourne le presbytère avant de se jeter dans la mer, la rivière trouve son chemin en dépit du brouillard. C’est le midi d’une journée d’été et le monde est sans bruit, la brume lui a imposé silence, ils n’entendent que le murmure de l’eau qui emporte avec elle l’existence des brins d’herbe, les rêves des mottes herbeuses, un chant ensorcelant qui meurt ensuite dans la mer. Ils sont debout à côté de la barque, ils se tiennent tout près les uns des autres, comme dans l’attente que quelqu’un ou quelque chose vienne leur donner un signe et leur apporter la confirmation qu’ils sont vivants, et qu’il subsiste en ce monde autre chose que le brouillard et la chanson de cette rivière qui suit son cours. »

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