Quatre soldats de Hubert Mingarelli
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques
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Scènes de la vie militaire
1918 . Au sortir d'un hiver passé dans les bois , quatre soldats de l'Armée Rouge se mettent en route avec leur bataillon , vivent un peu sur le pays et s'organisent de bivouacs en campements . Pendant la quasi totalité du livre , Mingarelli s'attache à raconter sur un ton plutôt bucolique cette vie militaire avec ses petits bonheurs : les parties de dés , les baignades , la pêche dans un étang , la montre qu'on embrasse chacun son tour car elle contient une image de jolie femme . Ces quatre bidasses sont de bien modestes moujiks totalement illettrés . Un gamin les rejoint et les épate car il a l'air d'écrire des choses bizarres dans un carnet ...
Et soudain , dans les toutes dernières pages , l'horreur intervient , la guerre , les obus , la mitraille dans un dénouement triste et cruel .
L'auteur ne s'attache aucunement au contexte . On n'apprend strictement rien de la guerre civile russe . On a l'impression que les quatre sont du côté des bolchéviques complètement par hasard . Ils auraient pu tout aussi bien être de l'autre côté s'ils s'étaient trouvés à un autre endroit . Chez eux , aucune conviction idéologique , aucune conscience politique . Ce sont les archétypes de soldats de n'importe quelle armée du monde à n'importe quelle époque . Pauvres simples d'esprit , ils semblent pris dans quelque chose qui les dépasse totalement . On aurait bien aimé la présence , par exemple , d'un commissaire politique .
Mingarelli a fait le choix d'un récit linéaire , neutre , sans fioriture de style . Aucune description de paysages ou d'état d'âme . A part quelques larmes , mais il faut bien faire la part de l'âme slave .
Ce style minimaliste donne sa particularité , son côté un peu étrange à ce livre sans réelle intrigue qui donne même l'impression de contempler une vieille photo en sépia délavé . Méritait-il le Prix Médicis ? Ce n'est pas certain du tout car je ne le vois pas passer à la postérité .
Les éditions
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Quatre soldats [Texte imprimé], roman Hubert Mingarelli
de Mingarelli, Hubert
Seuil
ISBN : 9782020538046 ; 1,83 € ; 03/01/2003 ; 202 p. ; Broché -
Quatre soldats [Texte imprimé], roman Hubert Mingarelli
de Mingarelli, Hubert
Seuil / Points (Paris)
ISBN : 9782020631198 ; 6,50 € ; 07/05/2004 ; 208 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Où sont les chevaux morts?
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 22 novembre 2013
A l'instant de périr nous poètes nous hommes
Un souci de même ordre à la guerre où nous sommes
Mais ici comme ailleurs je le sais la beauté
N'est la plupart du temps que la simplicité..
Guillaume Apollinaire me pardonnera d'avoir pensé au Poète pour parler de ce livre.
Qu'en si peu de mots ici aussi, tant de choses simples sont dites..
Des choses qui font le bonheur avant qu'il ne s'échappe. Qu'il n'explose. Et ils le savent, les soldats , qu'il va exploser. Et on le sait aussi. Le bonheur explose toujours. A un moment ou à un autre. Encore faut-il avoir su le goûter avant. Il explosera plus vite pour eux parce qu'ils sont soldats, et que c'est la guerre? Peut-être. Et peut-être pas. Qui sait?
Tant de choses? Les rencontres, le bien-être, les petites choses . Un thé " plein de nostalgie" , ce qui est quand même mieux que pas de thé du tout. La beauté d'un étang. Une couverture propre. La fin de la solitude, l'amitié qui se noue, l'attention à l'autre, les regards, le dialogue, l'écoute. Ce qu'on peut faire ou pas. Le rire jusqu'à la fin de la guerre . Le besoin de témoin, de souvenir, d'existence.
Et aussi que le ciel est sans fin, et qu'il n'y a pas les mots.
Oui, mais avant? Avant, on vit.
Magnifique.
Il n'y a pas que le corps qui souffre, l'âme aussi
Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 20 septembre 2009
Les quatre soldats de Mingarelli partagent une amitié et un désir d'être ailleurs. Leur compagnie est sortie du bois à la fin de l'hiver et attend l'ordre de lever le camp, qui ne saurait tarder. Entre temps, un cinquième militaire, presque encore adolescent, se joint à eux. Ils passent leurs journées à jouer aux dés, à fumer des cigarettes et surtout à se baigner dans leur étang, ce petit bout de paradis qu'ils sont les seuls à connaître. Là, ils sont à l'abri de tout.
Le nouveau venu, le jeune Evdokim, affirme qu'il sait écrire. Il tient un carnet. Les quatre autres, illettrés, lui demanderont de raconter sur papier ce que sont leur vie, question, en quelque sorte, d'immortaliser ces moments qu'ils vivent ensemble. Comme semble vouloir le faire Evdokim, Hubert Mingarelli honore en quelque sorte le vécu de tout ces soldats inconnus. Il s'agit d'un roman qu'on ne veut pas déposer une fois sa lecture entamée.
Presque tout sur presque rien, sur des déserts intérieurs
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 4 avril 2009
La vacuité de ce monde enfermé à ciel ouvert est formidablement bien retranscrit, et presque même trop, tant j'ai pu le ressentir, m'en sentir extérieur, et parfois en ressentir de l'ennui.
La morale en est belle : la guerre frappe souvent par hasard, par des blessures loin d'être seulement physiques.
Mingarelli : une honnêteté esthétique rare
Critique de Feint (, Inscrit le 21 mars 2006, 61 ans) - 21 mars 2006
Nouvelles de 4 soldats de l’armée rouge
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 28 septembre 2005
Mais le départ est inévitable dès que les jours s’embellissent pour aller se battre et …
Une écriture épurée et belle.
Que dire d'autre qui n'a déjà été dit ?
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 2 décembre 2004
Primé par le Médicis en 2003, le roman d'Hubert Mingarelli en impose largement. C'est une histoire simple, vraiment toute simple. Où il ne faut pas s'attendre à des rebondissements, à de l'intrigue guerrière, à des révélations sur l'Armée Rouge, non. "Quatre soldats" se concentrent sur quatre hommes de l'armée russe. Leur bataillon se réfugie dans une forêt où ils vont camper pendant des mois, dans l'attente de partir, d'essuyer d'autres coups de feux, de tirs d'obus. Bref, en attendant des jours plus sombres, nos quatre soldats vont vivre en toute simplicité, contruisant cabane ou tente, jouant aux dés, pariant des cigarettes, se baladant près d'un lac, pêchant des poissons. Et puis, survient dans leur quatuor, un jeune fils de paysan qui rejoint l'armée. Les quatre soldats vont apprendre qu'il "sait" écrire et confine tout ce qu'il voit dans un carnet, donc ils vont lui raconter les menus détails de leur expérience dans cette forêt où ils viennent de passer de bons moments, des moments exceptionnels qu'ils vont tous garder en mémoire. Car, en fin de roman, l'heure de partir sonne et la peur les gagne. La peur combinée à la peine teintée de nostalgie.
Résumé grossièrement, ce roman possède avant tout une patte d'écriture époustouflante. Car ce n'est pas tant l'histoire limpide qui nous accroche, c'est le style de Mingarelli : épuré, net, élégant, précis. Un ton aux apparences simples mais bougrement travaillé et fascinant. Ce roman se lit à vitesse affolante et on s'attache à ces quatre soldats, à leur franche camaderie. C'est, honnêtement, un excellent roman qui mérite d'être lu et vaut bien le Prix Médicis attribué !
Toute la beauté du vide
Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 47 ans) - 1 septembre 2004
Cette histoire met en scène quatre hommes qui n'ont rien et qui mettent tout en oeuvre pour la survie de leur lien. Difficile de ne pas s'attendrir devant le gros bêta de Kyabine dont on se paie la gueule sans pour autant lui manquer de respect, sa naïveté étant le nivelleur de toutes leurs différentes attitudes, le scellant de leur amitié. Difficile de rester indifférent à Bénia qui s'émerveille devant son amitié grandissante avec Pavel. Difficile d'ignorer le bien que fait au groupe le gosse Evdokine qui traduit en écrit leurs journées, donnant ainsi tout un sens à leurs actes, leurs répliques, leurs qualités respectives. Et il est IMPOSSIBLE de ne pas sentir que ces restes de cigarettes (leur monnaie d'échange) qu'ils fument sont à chaque fois la meilleure chose qui puisse leur arriver.
C'est un récit sur l'amitié et le respect d'une beauté pure et simple, et - avec tout mon respect à CCRIDER - l'ajout d'un commissaire politique dans cette histoire n'aurait fait que démontrer que Mingarelli n'aurait vraiment, mais vraiment rien compris.
Errance constructive
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 11 mai 2004
L’arrivée d’Evdokim, un cinquième soldat, qui affirme savoir écrire, ajoute une dimension émotionnelle supplémentaire à l’aventure de nos quatre soldats. Tous les faits de la journée doivent être consignés, l’errance prend une autre tournure, elle devient récit et chemin de vie, il y a quelque chose à en dire, cela devient important.
Un texte plein de fraîcheur et de poésie malgré le caractère dramatique de l’épopée des héros.
Intrigue? Quelle intrigue?
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 10 mai 2004
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