La fin des abeilles de Caroline Lamarche

La fin des abeilles de Caroline Lamarche

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pacmann, le 1 mai 2022 (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 534ème position).
Visites : 1 762 

Hommage à la reine des abeilles

Après, le récit d'Edouard Louis sur sa mère, le livre plus ancien « La Mort du père » de Knausgard, j’enchaîne avec ce roman de l’autrice belge Caroline Lamarche qui va aussi rendre hommage à sa mère disparue dans un livre émouvant et sans retenue, et ce en évoquant notamment les dernières années difficiles de sa mère décédée à 98 ans durant la période du Covid 19.

On est bien ici dans l’hommage et si je ne veux pas comparer ces ouvrages, il n’empêche que Caroline Lamarche est clairement dans cette démarche, plus que Karl Ove Knausgard qui a une approche plus factuelle.

L’autrice est aussi occupée à se confesser face à cette femme qui a souffert d’être une enfant d’une mère fantasque et l’épouse d’un mari peu enclin à donner une place à la femme, à sa femme, pourtant curieuse, cultivée, éduquée et apicultrice.

Cette mère est décrite comme une femme réaliste, consciente que la mort est inéluctable et qu’il faut s’y préparer, et ce avant qu’on ait perdu ses moyens physiques ou mentaux. Elle semble tout de même heureuse d’avoir été sur terre et d’avoir, dans une grande modestie, tenté d’apporter sa contribution positive au monde.

Un récit poétique, dont le titre met en relation la fin d’une vie avec la crise que subissent les abeilles dans notre monde moderne.

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Une fin de vie

7 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 21 octobre 2022

L’auteure écrit les dernières années de sa mère, le lent déclin, la perte d’autonomie progressive. Elle tient ce journal « pour tenir le choc du vieillissement accéléré de ma mère. J’écris pour être, avec elle, plus douce. J’écris pour lui consacrer sa juste place ».
Sa mère, autrefois si dynamique, qui ne s’ennuyait jamais, ne sait plus marcher et devient quasi aveugle. Caroline Lamarche décrit les relations qu’elle entretient avec sa mère, cette femme qui interdit de pleurer (même à l’enterrement de son mari), qui ne s’autorise pas l’expression des sentiments ni de la tendresse. Sa fille espère que l’approche de la mort rendra sa mère plus tendre et facilitera les confidences ; hélas, elle reste dans l’ensemble sur sa faim.
La mère et la fille espèrent que la première pourra mourir chez elle. Tout est fait pour : les aides sont embauchées à domicile, etc., mais le covid intervient et enferme la mère avec la sœur de Caroline sur qui tout repose puisque le personnel a dû partir. Cela devient ingérable, trop lourd. La mère est finalement placée et est en proie aux maltraitances classiques dues entre autres à l’habituel manque de personnel. Et le covid n’arrange pas les choses. Cette situation fait froid dans le dos. Finalement, Madame L. meurt en 2021 à 98 ans et est enterrée avec quinze proches.
Caroline Lamarche espère à de nombreuses reprises que sa maman décède, pour ne plus devoir subir tous les affronts de la vieillesse. A un moment, elle s’indigne parce qu’on a implanté un pacemaker à sa maman à l’âge de 89 ans, pour prolonger sa vie de dix ans (l’âge des piles) et y voit de l’acharnement thérapeutique, alors qu’elle la sentait prête à partir. D’un autre côté, sa maman affirme vouloir atteindre les cent ans… Ambivalence...
L’auteure décrit une situation que vivent beaucoup de familles, qui espèrent pouvoir tout faire pour garder leur parent à la maison jusqu’au bout, mais n’y arrivent pas toujours. Devoir constater la négligence voire la maltraitance face à ceux qu’on aime et se sentir impuissant est terrible et révoltant !
Ce récit est très proche du réel, de la vie qui s'éloigne parfois de ce qu'on avait rêvé, sans fioriture de style particulière pour embellir la réalité.

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