A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du côté de chez Swann de Marcel Proust
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Comment se régaler
Proust, c'est bien connu, on aime ou on n'aime pas. J'ai lu " À la recherche du temps perdu " et personnellement je me suis régalé.
L'évolution des personnages sur une longue durée est passionnante. Proust a de plus cet art de vous décrire des choses personnelles que pourtant tout le monde a vécues un jour ou l'autre. Bon, il faut du temps pour tout lire, et par conséquent beaucoup de volonté, mais si vous aimez le beau style, je vous conseille d'y consacrer un été, vous ne le regretterez pas.
Pour ce qui est des éditions, pour une somme correcte et des livres corrects aussi, je vous recommande l'édition folio (les couvertures sont de plus sympa puisque ce sont les reproductions de tableaux de Monet). Pour ceux qui aiment le chic et qui n'hésitent pas à dépenser beaucoup pour ça, il y a bien évidemment l'incontournable édition La Pléiade.
Ensuite, si Proust vous passionne tant que ça, lisez aussi " Contre Sainte-Beuve " qui peut vous éclairer sur quelques aspects de la Recherche.
Les éditions
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A la recherche du temps perdu [Texte imprimé] Marcel Proust
de Proust, Marcel Tadié, Jean-Yves (Editeur scientifique)
Gallimard
ISBN : 9782070724901 ; 22,50 € ; 07/02/1992 ; 403 p. ; Broché -
Du côté de chez Swann [Texte imprimé] Marcel Proust texte établi, présenté et annoté par Elyane Dezon-Jones
de Proust, Marcel Dezon-Jones, Elyane (Editeur scientifique)
le Livre de poche / Classique
ISBN : 9782253059097 ; 5,60 € ; 01/03/1992 ; 511 p. ; Poche -
Du côté de chez Swann [Texte imprimé] Marcel Proust éd. présentée et annotée par Antoine Compagnon
de Proust, Marcel Compagnon, Antoine (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070379248 ; 8,10 € ; 03/11/1988 ; 527 p. ; Poche -
Un amour de Swann [Texte imprimé], 1913 Marcel Proust notes et dossier, Anne Cassou-Noguès,...
de Proust, Marcel Cassou-Noguès, Anne (Editeur scientifique)
Hatier / Classiques & Cie
ISBN : 9782218923401 ; 2,98 € ; 24/08/2006 ; 317 p. ; Poche -
Du côté de chez Swann
de Proust, Marcel
Larousse / PETITS CLASSIQUES
ISBN : 9782035850744 ; 4,00 € ; 14/04/2010 ; 400 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (35)
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A force de volonté
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 13 avril 2020
J’avais tenté à plusieurs reprises de lire Proust et chaque fois j’avais capitulé après quelques dizaines de pages. J’ai décidé de profiter du confinement pour m’accrocher et lire Du côté de chez Swann. L’effort a été soutenu et récompensé par quelques belles descriptions, des moments où la lecture devenait facile et plaisante, surtout quand Proust abandonnait l’impressionnisme nombriliste et basculait dans le mode narratif avec des personnages, des événements, une progression (comme dans la 2de partie, un amour de Swann qui pourrait être un roman à lui tout seul).
Ces trop rares moments ne rachètent pas les pénibles digressions sur ses états d’âmes, les fixations qu’il fait brutalement pendant des dizaines de pages sur le clocher de son église ou le nom des gares de la ligne Bayeux-Quimperlé. Après avoir coché la case « j’ai lu Proust » je n’irai pas plus avant dans les 7 tomes de La Recherche…
Magique et envoûtante merveille!
Critique de Provisette1 (, Inscrite le 7 mai 2013, 12 ans) - 13 mai 2018
Longtemps, ces styles m'apparaissaient lourds et pesants
...et puis Flaubert, Huysmans furent ces divines respirations, ces souffles me conduisant jusqu'aux merveilles poétiques de Proust!
Ah! Quelles beautés! Et combien d'heures et de jours de plaisir, de pur bonheur, d'enchantements!
Tout se respire, se sent, se ressent, se vit si intensément!
À lire, à vivre!
Tout amoureux de poésie ne pourra qu'y trouver ces délices indicibles, intransmissibles qui se savourent au long des mots, longtemps, longtemps...
J'ai galéré, et j'ai aimé ça!
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 9 juin 2016
Que dire de plus....
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 5 janvier 2015
Une œuvre admirable. C’est la plus longue que j’ai lu, dans le sens où c’est celle qui m’a demandé le plus de temps pour la lire en entier, 1 an ½ en prenant le temps de bien comprendre le sens de chaque phrase (qui ne font pas toutes 12 lignes !). J’avais 27 ans quand je l’ai commencé, 28 quand je l’ai terminé. Tout au long, Proust m’a accompagné, m’a enrichi, m’a habité. C’est mon roman préféré, le seul, avec « Voyage au bout de la nuit » de Céline, autre choc littéraire, que j’emporterai sur une île déserte ! Maintenant, à 43 ans, il ne m’a jamais quitté, il est encore là, et je vais entreprendre tantôt une seconde lecture de son chef d’œuvre. Il sera le premier que j’aurai relu. Le seul, peut-être.
Je lui mets ici 5 pour l’ensemble de la Recherche, mais je lui aurai mis 6 si c’était possible !
Overdose...
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 1 juin 2014
Dès les premières lignes, j'ai senti que j'entrais dans un monde où le style est roi. Chaque phrase de Marcel Proust est une friandise et chaque page est une boîte de ces friandises. Je me suis donc régalé de ces mots qui ont aguiché mes papilles de lecteur. Seulement, passé l'émerveillement des premiers paragraphes, la succession de belles mises en forme m'a conduit à l'indigestion. J'ai souvent fait l'éloge de romans qui n'avaient pas grand chose à nous raconter mais qui se distinguaient par une plume extraordinaire. Marcel Proust, lui, n'a strictement rien à nous raconter! Il nous livre un décorticage des sentiments du narrateur dans des scènes plus que banales de la vie quotidienne. Je ne me suis ni reconnu en lui, ni senti en empathie pour lui et ses "petites contrariétés" ne m'ont paru intéresser que lui.
La deuxième partie de ce 1er volume est pour sa part plus accessible. Mais même cette histoire qui nous narre l'évolution de l'amour de Mr Swann envers sa bien aimée sur fond de repas bourgeois, manque d'événements, de scènes qui pourraient marquer mon esprit.
N'en déplaise aux puristes, Marcel Proust est effectivement un maître des mots, mais je me suis cruellement ennuyé devant cette masturbation stylistique. Cela n'engage que moi, ne me mettez pas au pilori!
Du côté de chez Swann
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 25 janvier 2013
C'est aussi un roman magnifiquement écrit avec un vocabulaire riche et parfois très recherché. La lecture devient du bonbon pour les yeux avec Proust. Cependant, il peut être difficile à lire pour des gens qui ne sont pas habitué au style. Il peut aussi paraître interminable au niveau du rythme pour les gens habitués qu'aux romans contemporain très rythmés.
Pour moi, ce fut une très belle expérience de lecture.
Vive la France
Critique de Mbhdn (, Inscrit le 11 octobre 2012, 46 ans) - 24 décembre 2012
Quel subtilité, quel intelligence. Du génie à l’état pur. C’est peut-être un poncif mais on ressort de ce livre différent, plus riche qu’en y étant entré.
Le Roman.
Une fois refermé on est pris d'une terrible envie de s'y replonger.
A la recherche du temps ....
Critique de Frenchmad (, Inscrit le 6 septembre 2005, 51 ans) - 24 décembre 2012
Proust , c'est l'anti-société de consommation, c'est une autre époque où le temps est éprouvé , est vécu à chaque page, on a presque le sentiment de vivre ce temps avec lui, ces moments, ces langueurs, ses longueurs..
Il faut prendre son temps avec Proust, couper son portable, fuir ses emails, savourer les souvenirs, les digressions, l'humour Proustien, la beauté des mots, du style (ah cet imparfait du subjonctif....)
Ce livre est resté longtemps sur mes étagères, je n'étais pas prêt à le lire , j'ai fait un rejet au départ... (cf les mêmes critiques que certains qui n'ont pas su l'apprécier ci-dessous)...
Puis , je l'ai repris, lentement pour démarrer : car il faut éviter l'indigestion, lire quelques pages pas plus... pour bien comprendre , s'imprégner du style, il faut relire car on s'est perdu ....peu importe.... On a le temps.... parfois même il faut s'y reprendre à trois fois...
Et peu à peu, cela devient un rituel , une drogue, sa petite dose de Proust quotidienne pour terminer sa journée...
Et on arrive à bout du premier tome et au final je commence avec délectation les jeunes filles en fleur....
Longtemps je ne me coucherai plus de bonne heure.....
un livre indispensable
Critique de Augustus (, Inscrit le 6 juillet 2011, 58 ans) - 4 mai 2012
Tel " épris " qui croyait prendre ...
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 13 décembre 2010
Grand classique de la littérature française , l'histoire de ce roman est relativement simple .
Charles Swann - fils d'un riche agent de change appartenant à la Bourgeoisie du XIX ième siècle - s'éprend d'Odette de Crécy ( " demi-mondaine " rencontrée au théâtre ) .
Dans un premier temps , surpris par cet élan ( " une femme qui ne me plaisait pas , qui n'était pas mon genre " confessera-t-il en fin de roman ) ;elle lui devient progressivement indispensable, mobilisant tous ses sens , jours et nuits.
Swann et Odette se retrouvent régulièrement dans le salon de Mme Verdurin (un petit cercle de fidèles mondains et snobs ) .
Odette se fait insistance et aimante jusqu'à devenir la maîtresse de Swann .
La relation va alors progressivement s'effilocher ( Swann ne sera plus convié aux réunions chez les Verdurin ) , Odette sera moins aimante et leurs rencontres moins nombreuses et plus brèves .
Swann bascule progressivement dans la douloureuse maladie des amants éconduits ; jalousie , nuits blanches , haine, retour de l'amour , dépression .
Cette distance va lui faire entrevoir la vérité . Odette n'est pas cette tendre et naïve jeune femme qu'il était convaincu de fréquenter mais une " chasseuse d'hommes " ( et/ou de femmes ) aux moeurs très libres .Une femme entretenue ( ne lui réclamait-elle pas régulièrement de l'argent pour ses voyages ? )
Il finira par s'éloigner d'Odette ( sans jamais véritablement l'oublier ) et laisser mourir son amour.
Ce roman est ma première lecture de Proust et j'avoue m'être considérablement ennuyé .
Le style est lourd ( de très longues phrases, absence de chapitres ) , le vocabulaire " recherché " ( dictionnaire à portée de main ... )
Sans doute possible , nous sommes dans le romantisme du XIX ième ou l'expression des sentiments est une priorité .
Proust semble en être un maître , mais ce n'est pas forcément des plus agréables à lire .
En résumé (et au risque de choquer les puristes ) ; je dirais " tout ça pour ça ? " .
5 étoiles!
Critique de Auster69 (, Inscrit le 24 avril 2010, 64 ans) - 6 juillet 2010
Un amour de Swann
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 28 juin 2010
Dans ce deuxième épisode de « Du côté de chez Swann » qui en compte trois, et que certains jugent comme un élément un peu à part, introduit dans l’ensemble a posteriori, écrit à la troisième personne contrairement à la quasi-totalité de « A la recherche du temps perdu » qui est écrite à la première, Proust raconte l’histoire de l’amour d’un riche dandy pour une cocotte qui a peut-être été, auparavant, une femme entretenue. Swann, ce dandy un peu anachronique, cherche à se faire introduire dans un salon pour courtiser une demi-mondaine qu’il a repérée dans un théâtre. Il aime les femmes mais ils les préfèrent un peu plus vulgaires et sensuelles que les aristocrates qui le courtisent. « La profondeur, la mélancolie et l’expression, glaçaient ses sens que suffisait au contraire à éveiller une chair saine, plantureuse et rose. »
Son assiduité est rapidement récompensée et la belle succombe bien facilement aux charmes de ce riche séducteur qui prend goût à ceux de cette Vénus qui pourrait être sortie tout droit d’un tableau de Botticelli. Et quand l’amour de la belle s’évente quelque peu, que son assiduité perd de son intensité et que le doute s’installe, le coureur de jupons souffre et se sent pris au piège de l’amour qu’il n’avait pas envisagé. Et le lecteur pourra découvrir la suite de cette banale histoire d’amour qui n’a pas dû apporter grand-chose à la légende de son auteur.
« A la fois chronique mondaine d’un siècle finissant, vaste et cruelle analyse psychologique, et formidable exercice de style », selon le préfacier, cette bluette mondaine évoque bien la fin d’une société, son déclin et sa décadence, comme certaines œuvres de Schnitzler et Musil annoncent la fin de l’empire des Habsbourg à Vienne. Dans ce texte, Proust nous raconte l’histoire de ces gens riches qui n’ont pour seul soucis que de gaspiller leur argent pour faire croire qu’ils sont encore plus riches qu’ils ne le paraissent au risque de consommer leur avenir au présent.
Si la satire sociale ne manque pas d’intérêt, on a même parfois l’impression qu’une goutte de vitriol a coulé dans l’encrier, par contre l’analyse psychologique m’a semblé bien peu convaincante et bien banale mais il est difficile d’en dire plus sans risquer de dévoiler l’issue de cette grande aventure amoureuse qui n’a pas pour ambition de bouleverser les lecteurs mais seulement de fournir un cadre, un support matériel, à l’auteur pour y exercer son talent d’écrivain car c’est bien dans l’expression de ce talent que réside tout l’intérêt du livre. Même, si parfois on peut avoir l’impression que Proust introduit des digressions ou des commentaires pour pouvoir étaler son immense vocabulaire et, surtout, utiliser l’intégralité des signes que possède la langue française, il faut considérer que son art est au sommet de l’écriture, la phrase, même longue, est toujours rythmée, les mots sont justes, les expressions font mouche et jamais la longueur des phrases n’a été un obstacle à ma lecture.
Donc, pour reprendre la phrase du préfacier, c’est bien d’un exercice de style dont il s’agit et de quel style ! Mais derrière cet exercice, derrière cette bluette, derrière cette satire sociale, il y a aussi un peu de l’auteur que je ne connais pas suffisamment pour le débusquer dans l’ordonnancement architectural de son texte. J’ai tout de même senti, entre les lignes, un être d’une grande sensibilité artistique qui écrit des pages merveilleuses sur la musique et la peinture notamment, un homme d’une époque déjà dépassée qui aurait la nostalgie de ce romantisme qui a donné tant de belles pages à notre littérature. J’ai eu aussi un peu l’impression que Proust a comme une pointe de nostalgie pour ces temps où les dandys couraient les salons pour courtiser duchesses, comtesses, marquises et autres belles aristocrates, comme une pointe de nostalgie pour l’époque où il suffisait d’avoir du talent pour briller dans ces salons et séduire ces belles aristocrates. Et, Proust ne serait-il pas un peu ce Swann brillant mais un peu faible, coureur de jupons, un peu pleurnichard, adulé des femmes, vivant au gré des humeurs et rumeurs courant les salons à la mode, écrivant la chronique des médisances et autres petites « vacheries » de ces chères amies qui passent leur temps à s’inviter pour mieux se détester.
Ultra-sensibilité !
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 5 avril 2010
Ainsi est-on frappé des les premières lignes du style de l'auteur, avec des phrases interminables, une ponctuation déstabilisante (jamais le point virgule n'a autant été utilisé !) et un vocabulaire incroyablement riche.
De ce fait, nombreuses sont les tentations d'abandonner, de fermer le livre après avoir passé quelques heures dessus et s'être rendu compte du faible nombre de pages lues. Car le rythme de lecture est beaucoup plus lent pour ce genre d'ouvrage.
Mais pour rester sur la forme, il faut reconnaître que cette austérité dans la grammaire et la mise en page ne masque pas la beauté des lignes de l'auteur, ces moments de jubilation que l'on éprouve.
Car dans ce premier tome, Proust fait étalage de sa conscience éclairée, de son ultra-sensibilité. L'on en vient à croire que cet enfant qui nous parle de ses peurs, de ses ressentis et ses émerveillements est un être différent, doué d'un sens de la perception hors du commun. Il semble capter chaque variation de son champ émotionnel pour le transcrire ensuite sur le papier avec une grâce infinie.
Et l'on apprend avec lui les choses de la vie, la jalousie, le sadisme, l'amour, la crainte...
Les personnages de ce premier livre d' "A la recherche du temps perdu" semblent constitués de couches de nuances différentes et, à l'image de Swann, font preuve d'une infinie variation de caractères.
A tel point que l'on se retrouve un peu perdu, ne sachant plus trop quoi penser de tel ou tel personnage, de ses intentions (Odette par exemple), le tout créant une ambiguïté inspirée qui élève encore et toujours le récit vers les sommets.
La persévérance est plus que jamais de mise pour le lecteur de Proust mais le jeu en vaut la chandelle et la récompense est le plus souvent à la hauteur des efforts entrepris.
Décidément pas un fan...
Critique de Dakilik (, Inscrit le 26 décembre 2009, 40 ans) - 26 décembre 2009
J'ai craqué...
Critique de Grégoire M (Grenoble, Inscrit le 20 septembre 2009, 49 ans) - 9 décembre 2009
Puis, j’ai craqué parce que malgré cette incroyable minutie, malgré l’accumulation de détails, malgré cette surcharge dans le style, la description de l’amour de Swann me paraissait creuse et que Proust y ratait l’essentiel.
Riche
Critique de Maylany (, Inscrite le 11 novembre 2007, 44 ans) - 29 novembre 2009
La plus intéressante et la plus complète du livre reste la deuxième partie, relative aux amours de Swann avec Odette qui amèneront le lecteur à s'interroger quant à sa jalousie maladive à lui ou à son comportement frelaté à elle.
La première partie est également charmante mais la narration en semble davantage lente et répétitive. On revient en effet régulièrement sur les mêmes évènements et faits (le dramatisme du coucher sans le baiser du soir, le comportement de la vieille tante).
Je n'ai en revanche pas du tout saisi l'intérêt de la dernière partie.
Dans tous les cas, l'ensemble de l'œuvre est rédigé dans un style littéraire assez lourd et parfois peu digeste : la plupart des phrases sembles interminables et s'étendent sur des lignes et des lignes mais il n'en résulte pas moins un roman très enrichissant de par les faits exposés et leur traitement.
L'O à l'origine du monde; O comme Orgasme et Osmose
Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 8 septembre 2009
Qu'est-ce que "A la recherche du temps perdu" sinon une somme romanesque prométhéenne, un temple, un sanctuaire inatteignable? Qu'est-ce que Proust sinon le plus grand écrivain français du XXème siècle, voire le plus grand écrivain du XXème siècle tout court, voire le plus grand écrivain de tous les temps? Qu'est-ce que l'épisode de la Madeleine sinon une expérience sensorielle unique, éternellement galvanisante, pleine de sensations diverses, toutes à essayer. Qu'est-ce que la gorgée mêlée des miettes du gâteau qui effleure le palais du narrateur conquis, et dont la mémoire tente confusément de décrypter ce qui appartient au passé, parmi ses souvenirs plus récents de Combray? Qu'est-ce sinon un orgasme gastronomique, visuel, littéraire et artistique total, intense? On se replonge avec extase, avec frénésie dans ces longues phrases de cathédrale échafaudées avec maestria et bonheur, dans lesquelles Proust remue ciel et terre, et explore son passe tel un spéléologue appliqué dans la grotte de Lascaux, recherchant les dernières peintures de je ne sais quel Cromagnon, à ce jour inconnues. Il nous emmène, et nous le suivons, les yeux fermés, dans ce voyage sublime, émouvant, tragique, beau comme l'amour et beau comme le i du verbe aimer dans ce voyage à la recherche du temps perdu. Le plus beau, le plus grand, le plus......... livre du monde, et de tous les temps perdus, trouvés, retrouvés, cachés, ou recroquevillés je ne sais dans les recoins d'un placard obscur.
les secrets d'une vie enterrée
Critique de Baudelaire87 (tiaret, Inscrit le 13 mai 2008, 37 ans) - 2 janvier 2009
Du coté de chez Swann
Personne n’avait réussi depuis plusieurs décennies à définir la vie, même lui donner un sens qui se rapproche de la réalité. On considère tous la vie comme une grotte que personne ne peut oser la découvrir même avec la réflexion.
Cette affreuse vie que chacun voit d’après sa manière de voir les choses et les juger, cette vie que nous appelons parfois une chose précieuse qui nous était offerte, et parfois une malédiction qui nous suit partout et que nous nous ne débarrassons d’elle qu’avec la mort qui elle-même n’est qu’un moyen pour exorciser l’être de ses maux, cette mort qui enlève la douleur et n’y met rien à sa place. Je considère que le fait de lire « Du coté de chez Swann » de Marcel Proust est une aventure qui m’avait permis d’entrer dans son monde, de savoir comment vivent certaines gens, qu’il y a une autre vie différente de la notre.
Tout en lisant ce roman, on se rend compte que Proust était un enfant maladif, gâté d’une certaine manière, un enfant de la vie bourgeoise qui s’occupe de la lecture comme des petits travaux quotidiens où s’enlise sa vie frêle et agitée à cause d’une tristesse collante au point qu’on ose prendre la résolution qu’elle était née avec lui et l’accompagnera pendant toute sa vie. Les prémices de sa vie, où sa mère jouait un rôle remarquable, cette mère qui avait donné l’habitude à son enfant de ne dormir qu’avant de la sentir un petit moment éternel dans ses bras. On n’avait jamais vu un tel amour, un amour pris comme une nécessité dans la vie de cet enfant à qui on ne permettait même pas de rester à table toute la durée du diner, on l’ordonnait de regagner son lit dès la dernière cuillère de son plat qi ne s’achève jamais. Ce qui dépare l’indulgence de sa mère, c’était son père qui s’avérait sévère avec lui, au point que cet enfant n’avait jamais osé adresser la parole à son père qu’après un âge un peu mur, l’âge où l’homme commence à se dire qu’il faut qu’il ait un certain impact dans la vie réelle.
Le monde féminin où existait Proust lui avait permis de savoir à quoi pense la femme et interpréter quelquefois ses intentions louches et équivoques, tout en commençant de parler de parler de sa mère qui était une femme hors pair, une femme qui embrasse son enfant pour lui transmettre la chaleur et la paix maternelles que Proust trouvait son trésor enfantin, sans oublier que se coucher pour Proust sans embrasser sa mère est un évènement impossible au point qu’il envoyait Françoise( la bonne) cherche cette dernière et lui dire que le petit s’apprête à se coucher et n’attends que le baiser nocturne pour dormir.
Alors, c’est une vie bourgeoise où les diners et les invités sont des rites très courants, ces rites que Proust considérait comme ridicule ou ne les prenant de la sorte que parce qu’il était privé de ces réunions par son père, ce personnage qui ne jouera pas un rôle assez important dans la vie de Proust que celui que Swann avait joué, cet invité très instruit, malgré l’écart qu’exerçait Proust à son égard, Swann influera la vie de cet enfant et ce qui explique cette attitude c’est que le lecteur de ce roman se rend compte aussitôt que la majorité de ce que racontait Proust était consacrée à l’histoire de Swann et son amour d’une femme qu’il rencontrera chez les Verdurins, une famille qu’il fréquentait souvent, cette femme était Odette qui va bouleverser la vie de Swann en l’entrainant peu à peu et le faire tomber dans ses filets, cet amour qui s’était donné la naissance par les Verdurins où se passaient les diners galants, où Swann n’avait pris l’habitude d’y venir que pour voir Odette, sa bien-aimée.
Marcel Proust, par sa profonde compréhension du monde féminin, de la femme, nous démontrait chaque acte et chaque détail de cette histoire d’amour, cet amour qui était né d’une rencontre subite où pendant toute sa duréé Swann avait simulé l’indifférence, sachant profondément que la femme ne devrait jamais savoir qu’on l’aime mais nous ne faisons que des allusions pour ne plus perdre le poids chez elle. Mais comme la nature humaine est si frele et instable, Swann était devenu un amoureux de cette femme qui semblait l’aimait au début mais aussitôt cet amour s’était métamorphosé à un caprice, à une intelligence improvisée à l’égard d’un homme riche qui pourrait subvenir aux besoins d’une femme coquette. L’auteur nous avait montré que l’humiliation commencer à s’emparer de la vie de Swann à propos de cette femme dont il était amoureux, une humiliation mortelle, maladive, car Swann doutant de tout, même des sourires d’Odette adressés à un homme lors d’un diner où tous les grands hommes étaient invités, s’empêchant toujours de lui demander une simple signification de ses agissements par peur de diminution morale.
Un nouveau personnage était apparu dans cette histoire d’amour, Forcheville, un homme noble qu’Odette avait rencontré aussi chez les Verdurins et qui commençait à prendre un importance chez elle grâce aux encouragements des Verdurins qui avait eu un certain mépris pour Swann, qui depuis la naissance de son amour pour Odette essayait de l’éloigner de cette famille qu’il trouvait immonde, mais hélas ! la conjuration de cette famille prenait une certaine ampleur que Swann avait perdu l’espoir qu’Odette lui appartiendra un jour.
La vie est hostile sans une femme qui lui confère la fraicheur et le rayonnement, c’était la vision de Swann qui était devenu joyeux un jour à la découverte d’une maladie incurable, à la pensée de la mort, la considérant comme une délivrance de cette situation embarrassante causée par une femme qu’on avait tant aimée, que la vie est si dure sans elle, sans son règne. Après tous ces évènements, l’auteur avait cessé de parler de parler de ce désespoir naissant d’un amour menacé, évoquant l’idée de la résistance de Swann qu’avait fini par prendre la décision de ne plus céder à ses chagrins et la résolution de reconquérir sa dulcinée, et après tout ce déroulement Proust parlait de son amour d’une jeune fille qui était la fille de Swann, cet homme qui avait pris Odette pour épouse sans donner comment cela s’était arrivé.
Après cette histoire d’amour, l’auteur a retrouvé ses chagrins, la tristesse qui l’avait accompagné depuis si longtemps, mais une tristesse nouvelle, différente de celle qu’il éprouvait à l’égard de sa mère quand elle ne venait pas l’embrasser avant de dormir, car dans la vie on s’attriste au début, de la séparation de nos mères mais au fur et à mesure on n’éprouve le chagrin que pour celle qu’on aime profondément au moment où on sent qu’elle pourrait ne pas nous appartenir ou quand elle ne serait pas auprès de nous le temps où on a besoin d’elle. L’auteur parle d’un âge où même le souvenir d’être triste pour l’absence de sa mère se considérait comme une humiliation, il parlait d’un âge où l’homme se rend compte que sa situation doit être indépendante aux autres, que sa vie à besoin de s’acheminer en prenant une direction différente que nos miens avaient pris auparavant.
La tristesse commence à faire partie de notre vie qiand on devient conscient de celle-ci, sachant consciemment que notre existence ne dépend de rien, que meme notre vie a été perdue et que nous la cherchons désespérément et que les moments de joie et de bonheur ne sont que les chimères que nous nous faisons en croyant que nous pourrions la trouver quelque part.
Chacun a sa façon de souffrir, et Proust comme il était différent en tout, il avait pris l’écriture comme sa propre méthode pour souffrir.
Par : Tekik Mohamed
« J’ai mis le mot fin. Je peux mourir, maintenant. »
Critique de Jocelyn (, Inscrit le 19 septembre 2008, 77 ans) - 27 septembre 2008
« Je ne sais si tu as entendu ce qu’il lui débitait l’autre soir sur la sonate de Vinteuil ; j’aime Odette de tout mon cœur, mais pour lui faire des théories d’esthétique, il faut tout de même être un fameux jobard ! »
« Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination. »
« Certes il est légitime que l’homme qui rédige des rapports, aligne des chiffres, répond à des lettres d’affaires, suit les cours de la bourse, éprouve, quand il vous dit en ricanant : « C’est bon pour vous qui n’avez rien à faire », un agréable sentiment de sa supériorité. Mais celle-ci s’affirmerait tout aussi dédaigneuse, davantage même (car dîner en ville, l’homme occupé le fait aussi), si votre divertissement était d’écrire Hamlet ou seulement de le lire. »
Merveille…
Enfin, pour ceux qui comme moi trouveront difficile la lecture des deux premiers volumes d'A la recherche du temps perdu :
« Et nous l’aimerons plus longtemps que les autres, parce que nous aurons mis plus longtemps à l’aimer. »
La prose de Proust
Critique de S.J (Brinay (18), Inscrite le 27 janvier 2006, 38 ans) - 30 janvier 2006
En tout cas le seul et unique passage que je retiens pour l'instant c'est 'la madeleine'.
Après l'avoir connu en cours de Français (comme quoi on peut apprendre des choses en cours), j'ai fini par l'adopter et le classer parmi mes citations préférées!
Je l'ai trouvé tellement beau et riche de sens...
Je vous décore d'au moins 4 étoiles monsieur Proust... et peut-être plus la prochaine fois que je me serai plus pencher sur votre oeuvre.
S.J -20ans- Cher
Génial !!!!!
Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 16 octobre 2005
Sa description de l'amour notamment est d'une profondeur incroyable.
Pétition de principe...
Critique de Frychar (NICE, Inscrit le 2 mars 2005, 76 ans) - 11 septembre 2005
Il recherche tous les éléments de preuve de son amour dans le courrier, les attitudes , et justifie « Gilberte simple camarade » par je ne sais quel raisonnement alambiqué….
Le Temps retrouvé, guide pour instants précieux
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 19 mai 2005
J'apprécie par dessus tout sa philosophie de l'existence. J'avoue aimer son style, son art subtil des détours qui aident à vous faire comprendre l'importance des menus plaisirs, dont le souvenir aide merveilleusement à surmonter, au moins partiellement, les moments difficiles. Il a donc raison d'insister, car, dans les premiers livres de l'oeuvre, on s'interroge fatalement sur la raison d'être de ces digressions et de ces longueurs. C'est avec la longueur qu'on finit par comprendre sa philosophie.
Et quel art de la description, surtout pour relater des choses apparemment indicibles et impalpables.
Et puis c'est quelqu'un qui, outre sa Normandie, apprécie Venise et qui est pro-dreyfusard. Comme ne pas le trouver sympathique ?
Quelle bravoure de justifier en trois mille pages ce qui est résumé dans l'adage Carpe Diem !
Courage ! Lancez-vous, du début à la fin, comme moi, car, moi aussi j'ai eu mes doutes et mes phases de scepticisme, puis j'ai fini par adorer !
Contrainte interne d'un pli mental
Critique de Frychar (NICE, Inscrit le 2 mars 2005, 76 ans) - 3 mars 2005
Envôutant !
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 9 janvier 2005
Le premier volet, Du côté de Chez Swann se compose de trois parties :
- Combray
- Un amour de Swann
- Noms de pays : le nom
« Combray » est inoubliable : celle de la madeleine, bien sûr mais surtout de l’enfance, de la mère. L’esprit , la sensation est si bien décrite, si magnifiquement servie par cette écriture que nos propres états d’âmes, se perdent avec ceux de Proust. Génial, pas d’autres mots.
« Noms de pays : nom » est de la même veine. Le premier amour, le doute, la souffrance. L’écriture toujours aussi magistrale sert admirablement l’esprit du narrateur.
« Un amour de Swann » est plus narratif, plus constitutif de l’histoire. L’amour, la jalousie et la détresse parsèment ces pages. Tout en restant plaisante et maîtrisée, on se permet de l’imaginer utile au récit, elle n’en reste pas moins envoûtante !
LE LIVRE DE L'ETE !!
Critique de Orphee (BIVIERS, Inscrit le 9 avril 2004, 49 ans) - 28 juin 2004
Ne vous passez pas de Proust.
Si vous ne savez pas quoi lire cet été, lisez la recherche.
pour ceux que Proust intimide...
Critique de Jeparo (Bruxelles, Inscrit le 26 mars 2004, 60 ans) - 20 juin 2004
Tout d'abord, je suis souvent arrêté dans ma lecture pour me dire éberlué "je ne savais pas qu'on pouvait mettre des mots sur ce qu'il décrit là, cela me semblait avant de l'ordre de l'indicible et pourtant là, oui, il y arrive"; bref, avec Proust, l'indicible ne l'est plus. C'est dejà tellement rare que, rien que pour ça, ça vaut la peine de le lire.
Je crois qu'il faut vraiment insister sur l'humour contenu dans ce texte, on rit aux éclats régulièrement, et si ça se savait davantage comme l'a écrit Eric B, Proust ferait peut-être moins peur.
Le dernier tome, le Temps retrouvé, trouble par la sympathie qu'on conçoit pour l'auteur, dans sa vérité, la complète authenticité de son "aveu" de projet littéraire et son inquiétude par rapport au temps qui lui reste pour le rédiger.
Pour cette raison-là et riche d'avoir pris connaissance du sérieux et de l'ambition de son projet, on comprend mieux qu'une fois la lecture achevée, on se promette d'y revenir.
A plusieurs reprises dans l'oeuvre, Proust élabore son art littéraire tout en se défiant de trop théoriser sur le sujet, se démarquant d'un art trop intellectuel, et au détour de ses mêmes pages, on relève la tête et on est ému par l'homme... Pari gagné, en somme.
Emu, et pas que par l'homme. Quelques jours ont passé depuis que j'ai refermé ce roman et je reste, quand je pense à ce texte monumental, ému devant ce qui a pris en moi comme une place de cathédrale littéraire.
Ajoutons encore une dernière chose (avant de renvoyer aux autres critiques et -éclairs qui sont déjà de beaux hommages) : ce texte est à lire à voix haute (du moins par moments, évitez la déshydratation!!) pour en multiplier la saveur.
Ces quelques arguments, pour ceux que Proust intimide. Goûtez-y et surtout pas de complexes si le livre vous tombe des mains... Tournier raconte quelque chose d'intéressant dans Mémoire extime sur l'incapacité de lire la phrase proustienne, longue, il est vrai...
Naissance d'un univers
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 5 mai 2002
[…], donné comme un talisman qui me permettrait peut-être de retrouver un jour celle dont il venait de faire une personne et qui, l’instant d’avant, n'était qu’une image incertaine. Ainsi passa-t-il, proféré au-dessus des jasmins et des giroflées, aigre et frais comme les gouttes de l’arrosoir vert ; imprégnant, irisant la zone d’air pur qu'il avait traversée & et qu’il isolait – du mystère de la vie de celle qu’il désignait pour les êtres heureux qui vivaient, qui voyageaient avec elle ; déployant sous l'épinier rose, à hauteur de mon épaule, la quintessence de leur familiarité, pour moi si douloureuse, avec elle, avec l’inconnu de sa vie où je n’entrerais pas.»
L'inconnu de cette vie, le narrateur y entrera bientôt, comme par effraction, dans ces après-midi de jeu sur les Champs Elysées où Gilberte se jouera de cet amour trop sincère comme d'une bille d'agate trop brillante, trop pure, préparant à son compagnon cette «puberté du chagrin», façonnant son cœur pour d’autres douleurs, d'autres souffrances vécues quelques années plus tard, «à l'ombre des jeunes filles en fleurs».
Le livre de l'île déserte.
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 3 février 2002
«Longtemps».
Long temps. Il n'est que trois moyens d’échapper au Temps & de tenter d’échapper au Temps : la mort, l'amour et l’art. La mort, moyen radical d’échapper, de s'échapper, d'échapper à soi en même temps qu'à la succession harassante des instants pour entrer dans l’éternel instant. L'amour, dont le plaisir, petite mort, donne parfois la sensation de se perdre soi-même, de se dissoudre à deux dans un bain d’infini. Plus dure sera la chute… Proust a choisi l'art. «J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel». Ainsi, le narrateur décrit la sensation éprouvée dans l'épisode célèbre de la petite madeleine, dont l’expérience essentielle et banale lance véritablement le principe de réminiscence qui fonde le livre : «quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.» "L’édifice immense du souvenir" : quatre mille pages rédigées fébrilement, dans une course contre la montre, contre le Temps. Quatre mille pages en quatre mille jours, ou à peu près. Quatre mille pages marquées au sceau du Temps, comme l'indique l'admirable dernière phrase du «Temps retrouvé» : «Si du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon oeuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l'idée s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j'y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes, - entre lesquelles tant de jours sont venus se placer - dans le Temps.» Entre le «Longtemps» de la première page et le «Temps» de la dernière, toute l'épaisseur d'une vie, dans toutes ses composantes : le village et sa nature & Combray, l'église et ses corneilles, les clochers de Martinville, les aubépines, les nymphéas de la Vivonne, les promenades du dimanche ; la famille – père, mère, grand-mère, tante Léonie, un univers surtout féminin, tendrement féminin, qui berça l'enfant hypersensible ; les amours – Gilberte, Albertine, filles en fleur, prisonnières, fugitives, joie, jalousie, plaisir, abandon, tristesse, deuil, folie ; la société – côté de chez Swann, côté de Guermantes, clan des Verdurin (combien de centaines de pages pour la seule affaire Dreyfus !) ; l'art – Bergotte, sa littérature, son petit pan de mur jaune, sa mort hallucinée ; Elstir, sa peinture, le monde prisonnier, le monde transfiguré ; Vinteuil, sa musique, la petite phrase magique de sa sonate. Proust, présent, vivant, dans chaque phrase de chaque page. Proust, le livre de l’île déserte. Proust, un univers dans une tasse de thé. Proust, l'économie absolue, qui nous épargne des années d'errance et de digressions en écrivant à notre place le livre de tous les livres, le livre de toutes les vies, le remède le plus efficace jamais inventé pour échapper au Temps.
Un génie hors pair
Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 10 janvier 2002
Je suis vraiment nul !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 janvier 2002
Bienvenue, Terpsichore
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 7 janvier 2002
Flâneries dans le monument proustien
Critique de Terpsichore (Marseille, Inscrite le 5 janvier 2002, 55 ans) - 6 janvier 2002
Pour commencer, un professeur de français m'a servi de guide. Mais lorsque l'on n'a pas cette chance,pénétrer pour la première fois dans cet immense monument, sanctuaire des lettres françaises, a de quoi impressionner le profane. La plupart, intimidés, n'osent entrer et restent sur le seuil. La peur de se perdre dans cette gigantesque cathédrale, la crainte -où il entre peut-être aussi de la paresse- de s'égarer, comme dans un labyrinthe, dans les longues méandres de la prose proustienne, les décourage d'aller plus loin. Ils ont tort : pourquoi s'interdire l'accès à l'un des plus beaux édifices de notre littérature alors que tout lecteur, pourvu qu'il en possède les clés (et à condition, bien sûr, qu'il en ait l'envie et la curiosité) est libre d'y entrer et de le visiter à son aise ?
La Recherche représente une somme, une oeuvre monumentale -au sens où cette définition s'applique à la Comédie Humaine de Balzac, que Proust a beaucoup lue - , porteuse de tout un univers, entièrement sorti de l'imaginaire de son créateur, avec son langage propre, ses codes, ses lois, sa foule de personnages, aussi "vrais" que des personnages réels. Entrer dans la Recherche, c'est découvrir tout un monde, un continent romanesque si vaste et inépuisable qu'on ne saurait le réduire à une seule lecture : la Recherche, c'est le récit de l'apprentissage social et littéraire du narrateur Marcel ; on peut aussi lire cette oeuvre comme une "énigme littéraire", contant l'histoire d'un roman qui n'arrive pas à se faire, et dont le narrateur ne trouvera la clé qu'à la fin ; c'est encore la somme des idées et des jugements de Proust sur la vie, la mort, l'amour, les femmes, l'homosexualité, la société ; mais on y trouve également les théories de l'auteur sur l'art -sur tous les arts : littérature, peinture, musique, architecture, photo...- ; la Recherche, c'est enfin un roman philosophique sur le temps... et tant d'autres choses encore.
Puisque l'édifice proustien possède autant d'accès -et qu'aucun ne prévaut sur les autres- le plus sûr et le plus agréable moyen de le découvrir, c'est de le visiter à son propre rythme. D'abord, l'observer dans son ensemble ; puis, essayer plusieurs entrées parmi celles citées plus haut, flâner entre les chapitres, se promener librement d'un tome à l'autre ; en sortir, puis y revenir, examiner plus en détail, suivre un ordre plus précis, essayer des chemins secrets, explorer des coins que l'on n'avait pas vus d'abord. Sans risque de s'égarer : la phrase de Proust, suffisamment précise, ample et souple pour se déployer, se dérouler au fil de sa pensée et de ses sensations, est, en définitive, le meilleur des guides.
Le style, c'est l'écart
Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 9 avril 2001
Il est donc indéniable que lire Proust représente, du moins au début, une difficulté certaine; mais, une fois maîtrisé le tempo particulier de l'auteur, que de délices ! La Recherche aborde tous les registres de l'expérience humaine, et fait passer constamment, je n'irais pas jusqu'à dire du rire aux larmes, mais certainement de l'émotion la plus intime à l'ironie la plus féroce, en passant par toutes les nuances entre les deux extrèmes (Proust est aussi un grand humoriste, ce qu'on ne sait pas assez). Donc, il ne faut forcer personne et surtout pas soi-même, mais l'on a tout à gagner à surmonter ses réticences ou les difficultés qui apparaissent au début de la lecture...
Un monument de la littérature...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 4 avril 2001
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Un aspect négatif de Proust | 24 | Myrco | 30 octobre 2017 @ 10:56 |
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