La distance de Lovecraft et Poe à Mallarmé me semble infiniment moins grande que celle qui sépare Rupi Kaur d'Yves Bonnefoy.
Encore une fois c'est un faux débat, ici!
Évidemment qu'il y a une infinie "distance" entre Melle. KAUR et M. BONNEFOY et ce n'est pas du tout le sujet, ici !
Il me semble que si on veut vendre des livres, alors oui, Kaur, pourquoi pas, même si elle n'a pas vraiment besoin du soutien des profs de français pour ça et donc que même de ce point de vue là, on échoue.
Et pourquoi "on échoue"?
Par contre, s'il s'agit de mettre de la littérature entre les mains de jeunes gens, d'essayer de les convaincre qu'elle peut leur apporter quelque chose, alors je crois vraiment que Kaur ne sert à rien.
Voilà la vraie question ! Et donc pourquoi pas Rupi KAUR?
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut nécessairement débuter par Mallarmé. Il y a tout un tas d'oeuvres accessibles qui peuvent mener à autre chose. Et il faut aussi accepter qu'on ne touchera pas tous les élèves. Mais il me semble tout d'abord que c'est s'illusionner de croire que Kaur permettrait d'en toucher plus
Si justement tu parles d’œuvres "accessibles" alors pourquoi celles de Melle. Rupi KAUR?
N'est-pas une œuvre comme une autre?
(en tout cas à long terme : peut-être qu'un peu plus liront le livre en question mais je ne pense pas qu'ils seront plus nombreux à vouloir en lire d'autres après cela)
Justement je pense que c'est ici que tu te trompes !
Tout le monde ne lira pas Bonnefoy.
Je dirais même que plus personne ne lit Yves BONNEFOY !! (Malheureusement d'ailleurs!..)
(personnellement, c'est pour une fille que j'ai lu mon premier Dostoïevski ; je n'ai pas eu la fille, mais je suis devenu lecteur).
Toujours ça de pris !! ;-))
Et si ça n'arrive jamais, ce n'est pas très grave
Pardon, mais alors que est le sujet exact de cette discussion?
Puisque justement on parlait de comment faire aimer les livres et la lecture aux jeunes?
Je ne sais pas si c'est le sujet, mais ce postulat me paraît biaisé. On parle toujours des jeunes qui ne lisent plus. Pourtant, jusqu'à 13 ou 14 ans, beaucoup de jeunes lisent encore volontiers ; ce sont leurs parents qui ne lisent plus. Les adultes ne lisent plus et, en effet, les jeunes (ceux qui lisaient) cessent de lire après 15-16 ans. (Mais pour le coup on arrive bien loin de Jacques Roubaud et de ses éventuels successeurs.)
Pardon, mais alors que est le sujet exact de cette discussion?
Puisque justement on parlait de comment faire aimer les livres et la lecture aux jeunes?
Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu as trouvés bons tous tes profs de français. Pour en avoir eu personnellement deux ou trois d'excellents (dont une exceptionnelle), il ne m'est pas difficile de faire la comparaison avec les autres. On a l'impression que tu trouves tout le monde irréprochable. Non : tous les professeurs de français ne sont pas bons lecteurs (mais certains s'en sortent parce qu'ils sont bons pédagogues, ce que d'autres, bons lecteurs, ne sont pas forcément) ; de la même manière que tous les livres, qu'ils aient du succès ou pas, qu'ils soient considérés comme des classiques ou non, ne sont pas forcément bons ; de même que les lecteurs, même ceux qui lisent beaucoup en quantité, ne sont pas forcément bons lecteurs. Ce n'est pas grave, c'est juste très naturel.
il y en a un bon tiers de sauvés. Par ailleurs, l'enseignement du français ne se limite pas à celui de la littérature, et j'ai croisé bien des collègues dans ma déjà longue carrière qui ne comprenaient rien (ou pas grand-chose) à la littérature et qui n'étaient pas nécessairement de mauvais professeurs de français. J'avoue avoir eu ce sentiment dès les petites classes, au moins au collège voire avant, et ça a sans doute joué dans mon choix de devenir professeur.
Encore une fois je te laisse libre de tes propos et je ne commenterais pas...
Tout à fait. Je crois que c'est Wharton qui disait que le gout du beau se forme. Quelqu'un qui habite dans une ville comme Paris ou comme Rome a certe un avantage de ce point de vue. Mais le role des professeurs est certainement de faire éclore le gout chez les élèves.
Celui qui aime Bobin serait bien étonné d'apprendre que c'est un succédané, mais pourquoi ne ferait-il pas l'effort de lectures plus exigantes ? C'est quand meme ca qui nous anime tous : le gout d'apprendre et de progresser. Sans pour autant mépriser les lectures plus faciles, style Bobin ou cette poétesse que je ne connais pas.
Celui qui aime Bobin serait bien étonné d'apprendre que c'est un succédané, mais pourquoi ne ferait-il pas l'effort de lectures plus exigantes ? C'est quand meme ca qui nous anime tous : le gout d'apprendre et de progresser. Sans pour autant mépriser les lectures plus faciles, style Bobin ou cette poétesse que je ne connais pas.
Je ne sais pas si c'est le sujet, mais ce postulat me paraît biaisé. On parle toujours des jeunes qui ne lisent plus. Pourtant, jusqu'à 13 ou 14 ans, beaucoup de jeunes lisent encore volontiers ;
Oulà pas du tout convaincu, ici !!
ce sont leurs parents qui ne lisent plus.
Beaucoup plus convaincu de cela !..
Les adultes ne lisent plus et, en effet, les jeunes (ceux qui lisaient) cessent de lire après 15-16 ans.
Je suppose qu'encore une fois c'est plutôt du cas par cas...
(Mais pour le coup on arrive bien loin de Jacques Roubaud et de ses éventuels successeurs.)
C'est exactement ce que je dis...
Sans doute cette discussion aurait-elle mérité un fil pour elle seule...
Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu as trouvés bons tous tes profs de français.
Et bien tu ne vas pas me croire, mais la réponse à ta question est : Oui !!
Pour en avoir eu personnellement deux ou trois d'excellents (dont une exceptionnelle), il ne m'est pas difficile de faire la comparaison avec les autres. On a l'impression que tu trouves tout le monde irréprochable.
N'exagérons quand même pas! Je suis sans doute naïf, mais certainement pas à ce point-là !!
!!
Non : tous les professeurs de français ne sont pas bons lecteurs (mais certains s'en sortent parce qu'ils sont bons pédagogues, ce que d'autres, bons lecteurs, ne sont pas forcément) ; de la même manière que tous les livres, qu'ils aient du succès ou pas, qu'ils soient considérés comme des classiques ou non, ne sont pas forcément bons ; de même que les lecteurs, même ceux qui lisent beaucoup en quantité, ne sont pas forcément bons lecteurs. Ce n'est pas grave, c'est juste très naturel.
Tout à fait d'accord avec toi, ici.
Mais le role des professeurs est certainement de faire éclore le gout chez les élèves.
Touut à fait d'accord avec toi, ici.
Mais ans doute que les professeurs avec qui nous discutons seront d'un autre avis...
Celui qui aime Bobin serait bien étonné d'apprendre que c'est un succédané, mais pourquoi ne ferait-il pas l'effort de lectures plus exigantes ? C'est quand meme ca qui nous anime tous : le gout d'apprendre et de progresser.
C'est exactement ce que je dis! On peut très bien commencer par Rupi KAUR, passer (pourquoi pas?) par Christian BOBIN et finir par lire Yves BONNEFOY...
Pourquoi est-ce que cela semble si "impossible" (irréalisable? Irréaliste? Improbable? Incroyable?...) à certains?
Sans pour autant mépriser les lectures plus faciles, style Bobin ou cette poétesse que je ne connais pas.
Tout à fait d'accord.
Et pour la faire connaître, Melle Rupi KAUR est ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/41235 avec d'ailleurs des recensions de votre serviteur...
Là c'est mon expérience qui parle. Parmi mes plus jeunes élèves, quand ils ont fini un contrôle en avance, il y en a près de la moitié qui prennent un livre pour terminer la séance. Ça leur passe en grandissant, hélas.
Je ne sais pas si c'est le sujet, mais ce postulat me paraît biaisé. On parle toujours des jeunes qui ne lisent plus. Pourtant, jusqu'à 13 ou 14 ans, beaucoup de jeunes lisent encore volontiers ;
Oulà pas du tout convaincu, ici !!
Quelle chance ! Pas moi, et ça n'a fait que s'aggraver quand je suis passé dans le supérieur. A la Sorbonne, il y avait une très bonne équipe en langue française, mais en littérature il y avait vraiment... de tout !
Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu as trouvés bons tous tes profs de français.
Et bien tu ne vas pas me croire, mais la réponse à ta question est : Oui !!
Une de mes anciennes élèves qui a fait sa prépa littéraire à Louis Le Grand, a dit à sa mère, qui me l'a rapporté, que les profs n'y étaient pas meilleurs qu'au collège (mais c'était une gentillesse). Elle enseigne à la Sorbonne aujourd'hui ; le niveau a dû remonter ;)
Toujours ces éternelles échelles de valeurs ! :-)
Ça me rappelle les vives discussions quand je suis arrivée sur CL !
Oui les profs de français sont différents selon les classes. La vraie première que j'ai eu après mon certificat d'études (et oui je ne suis pas toute jeune :-) a été magnifique, elle nous invitait chez elle pour venir choisir et nous recommander des livres...je garde encore precieusement ce livre Terre des Hommes qu'elle m'a offert en partant...Plus tard, en seconde, j'ai eu une jeune prof qui nous demandait de faire des analyses de livres à notre choix (je n'ai pas vraiment souvenir qu'elle nous en ai conseillés) , j'avais choisi L'Etranger de Camus. Et bien quand j'ai rendu mon travail elle ne voulait pas croire que je l'avais fait seule Elle a failli me le refuser !!!
J'ai été estomaquée, mais ça m'a fait comprendre qu'elle n'avait pas un grand niveau d'exigence sur la lecture ...Ça ne pas pas empêchée de continuer à lire :-)
Concernant les jeunes je n'ai pas vraiment d'opinion sur leur envie de lire , la période est tellement différente avec toutes les autres sollicitations . Ma petite fille qui a 16 ans adore lire et discuter des livres et le théâtre, son frère de 13 ans déteste lire mais adore les films et a beaucoup d'imagination et d'humour...Grâce à leur mère, qui elle ne lit plus, alors qu'elle en rêve, ils baignent dans l'art et la poésie mais si la fille en est satisfaite le garçon s'en échappe trés rapidement. On ne peut nier l'influence du tempérament non ?
Je ne sais vraiment pas s'il y a un mode d'emploi ,et je trouve que le métier de prof de français est terriblement difficile de nos jours, mais je sais aussi que les enseignants investis par leur métier sont capables de faire des choses remarquables pour leurs élèves :-)
Ça me rappelle les vives discussions quand je suis arrivée sur CL !
Oui les profs de français sont différents selon les classes. La vraie première que j'ai eu après mon certificat d'études (et oui je ne suis pas toute jeune :-) a été magnifique, elle nous invitait chez elle pour venir choisir et nous recommander des livres...je garde encore precieusement ce livre Terre des Hommes qu'elle m'a offert en partant...Plus tard, en seconde, j'ai eu une jeune prof qui nous demandait de faire des analyses de livres à notre choix (je n'ai pas vraiment souvenir qu'elle nous en ai conseillés) , j'avais choisi L'Etranger de Camus. Et bien quand j'ai rendu mon travail elle ne voulait pas croire que je l'avais fait seule Elle a failli me le refuser !!!
J'ai été estomaquée, mais ça m'a fait comprendre qu'elle n'avait pas un grand niveau d'exigence sur la lecture ...Ça ne pas pas empêchée de continuer à lire :-)
Concernant les jeunes je n'ai pas vraiment d'opinion sur leur envie de lire , la période est tellement différente avec toutes les autres sollicitations . Ma petite fille qui a 16 ans adore lire et discuter des livres et le théâtre, son frère de 13 ans déteste lire mais adore les films et a beaucoup d'imagination et d'humour...Grâce à leur mère, qui elle ne lit plus, alors qu'elle en rêve, ils baignent dans l'art et la poésie mais si la fille en est satisfaite le garçon s'en échappe trés rapidement. On ne peut nier l'influence du tempérament non ?
Je ne sais vraiment pas s'il y a un mode d'emploi ,et je trouve que le métier de prof de français est terriblement difficile de nos jours, mais je sais aussi que les enseignants investis par leur métier sont capables de faire des choses remarquables pour leurs élèves :-)
J'envie ceux qui ont eu la chance d'avoir de vrais profs de français capables de transmettre l'amour de la littérature, d'initier, de conseiller, d'élargir l'horizon de leurs élèves en sortant des oeuvres au programme qui de mon temps se limitait aux classiques tout au moins en secondaire.
Je ne les ai pas rencontrés pas même en fac de lettres !
Tout cela pour dire que ma propre expérience va hélas dans le sens de l'opinion émise par Feint;-(
(le genre de prof que j'aurais bien aimé avoir soit dit en passant).
Je ne les ai pas rencontrés pas même en fac de lettres !
Tout cela pour dire que ma propre expérience va hélas dans le sens de l'opinion émise par Feint;-(
(le genre de prof que j'aurais bien aimé avoir soit dit en passant).
:)
(le genre de prof que j'aurais bien aimé avoir soit dit en passant).
J'ai lu "Lait et miel" de Rupi Kaur, c'est le seul ouvrage de poésie que j'avais trouvé dans les rayons de la librairie phare de Saint Quentin, j'en avais entendu parler comme d'un phénomène.
Je suis restée sur ma faim, c'est mignon et super accessible en fait, et ça parle aux jeunes.
J'attends l'avis de ma fille, qui a moins d'à priori et le lira prochainement, pour voir. Cela nous a donné l'occasion d'échanger sur les poètes qu'elle a découverts au cours de ses études. Elle me disait qu'elle n'a découvert François Villon qu'en licence :-) et Baudelaire en première ou terminale.
Je me suis sentie vieille d'un coup ! J'ai l'impression d'avoir découvert ces auteurs bien plus tôt !!!
Au sujet des profs de français, je me souviens de mon professeur de seconde qui aimait beaucoup le théâtre et nous en apprenait les rouages, il m'a marquée. Mais celle qui m'a franchement épatée, c'est une jeune prof de 25 ans dans un centre de formation pour adultes, qui était animée, passionnée par son enseignement, et pourtant ce n'était pas facile de canaliser une vingtaine d'élèves de 18 à 48 ans, aux profils totalement différents. Elle y parvenait et les résultats étaient honorables, c'était l'année de la sortie de Germinal au cinéma et elle a réussi à nous le faire lire sans trop de difficultés. :-)
J'étais admirative de cette jeune femme qui en imposait et qui croyait en nous, la formation était un bac pro compta mais elle tenait à nous inculquer l'amour des auteurs et des livres.
Je suis restée sur ma faim, c'est mignon et super accessible en fait, et ça parle aux jeunes.
J'attends l'avis de ma fille, qui a moins d'à priori et le lira prochainement, pour voir. Cela nous a donné l'occasion d'échanger sur les poètes qu'elle a découverts au cours de ses études. Elle me disait qu'elle n'a découvert François Villon qu'en licence :-) et Baudelaire en première ou terminale.
Je me suis sentie vieille d'un coup ! J'ai l'impression d'avoir découvert ces auteurs bien plus tôt !!!
Au sujet des profs de français, je me souviens de mon professeur de seconde qui aimait beaucoup le théâtre et nous en apprenait les rouages, il m'a marquée. Mais celle qui m'a franchement épatée, c'est une jeune prof de 25 ans dans un centre de formation pour adultes, qui était animée, passionnée par son enseignement, et pourtant ce n'était pas facile de canaliser une vingtaine d'élèves de 18 à 48 ans, aux profils totalement différents. Elle y parvenait et les résultats étaient honorables, c'était l'année de la sortie de Germinal au cinéma et elle a réussi à nous le faire lire sans trop de difficultés. :-)
J'étais admirative de cette jeune femme qui en imposait et qui croyait en nous, la formation était un bac pro compta mais elle tenait à nous inculquer l'amour des auteurs et des livres.
Tu l'ouvres ? J'en profiterais pour nuancer ma pensée.
(Mais pour le coup on arrive bien loin de Jacques Roubaud et de ses éventuels successeurs.)
C'est exactement ce que je dis...
Sans doute cette discussion aurait-elle mérité un fil pour elle seule...
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