Pieronnelle

avatar 05/02/2025 @ 15:23:22
Pour moi je ne parlerai pas d'émotion mais plutôt d'empathie et surtout d'intérêt concernant ces vies bien particulières qui vont faire ressortir plusieurs aspects dont les rapports nègres/békés, les immigés Indiens, Haïtiens et autres mal acceptés, la nostalgie de "l'ancien pays", l'amour de la Guadeloupe mais aussi celui des humains qui provoque des souffrances avec désir de vengeance et méchancetés...Il en ressort un mal être que l'on soit riche ou pauvre, une tristesse n̈ée de tant d'obstacles pour être heureux et surtout de l'impuissance . Et cet homme qui a suscité interêt et une sorte d'espoir pour certains et qui vient sur cette terre pour y mourir laisse une note assez désespérante. La Mangrove serait-elle une métaphore de la vie, belle à voir et espérer mais dangereuse et incertaine ?
Je crois que j'en resterai là...Un beau livre, une belle écrivaine,une belle lecture...

Myrco

avatar 06/02/2025 @ 12:01:53
Je suis rendue seulement à la page 173 (CARMELIEN).

Quant à moi, j'ai apprécié, entre autres, la structure originale du roman. Je trouve que c'est un mauvais procès à faire à Maryse Condé de lui reprocher un manque de profondeur de ses personnages. Elle ne vise pas ici à écrire un roman psychologique et personnellement je ne recherche pas une quelconque identification quand je lis. Au contraire, son choix de nous livrer cette succession de micro-biographies dans la perspective de nous montrer différents aspects de la société guadeloupéenne de 86 (datation précisée dans le chapitre consacré au conteur), me paraît tout à fait adéquat. D'autant que, malgré la brièveté de ces éclairages, elle réussit à nous en faire pénétrer la densité humaine et comment, sous des apparences qui peuvent parfois inspirer l'antipathie, sont souvent enfouies beaucoup de souffrances et meurtrissures...

Dire qu'elle ne nous parle pas de la Guadeloupe me paraît également tout à fait injuste. Déjà, ne serait-ce que le cadre du roman, cette veillée mortuaire qui réunit toute la communauté du village, avec ses hommes qui boivent du rhum, ont fait venir un conteur pour l'égayer pendant que les femmes prient...ils s'agit bien d'une coutume de là-bas (même si j'ai lu qu'elle avait plus ou moins disparu de nos jours). La luxuriance de la nature de Basse Terre (même si c'est vrai elle concerne l'ensemble de la sphère tropicale), les références aux activités de La Soufrière, l'activité économique (culture de la banane, de la canne, élevage des ouassous, tourisme), l'importance du métissage des populations (notamment avec la composante indienne et la présence de la religion hindouiste) et les tensions qu'elle engendre, l'importation de la main d'oeuvre haïtienne, l'évocation d'une forte criminalité, les références à des périodes ou des figures historiques telles Légitimus le "Jaurès noir" ou Sorin qui fut gouverneur sous le gouvernement de Vichy et d'autres éléments que l'on pourrait citer....nous parlent bien de la Guadeloupe.

D'autres aspects pourraient mériter qu'on s'y attarde, en particulier la perception négative et plutôt amère que semble avoir Maryse Condé de sa propre communauté: "Je sais que dans le coeur des Nègres la lumière de la bonté ne brille jamais" (propos prêtés à Man Sonson).

Myrco

avatar 06/02/2025 @ 12:06:56
En écho au dernier propos de Piero sur la signification peut-être du titre, perso j'y verrais plus une métaphore de la multiplicité ethnique au-travers de l'enchevêtrement des racines qui caractérise la mangrove...comme quoi l'écrivain écrit et le lecteur interprète;-)

Pieronnelle

avatar 06/02/2025 @ 13:13:00
En écho au dernier propos de Piero sur la signification peut-être du titre, perso j'y verrais plus une métaphore de la multiplicité ethnique au-travers de l'enchevêtrement des racines qui caractérise la mangrove...comme quoi l'écrivain écrit et le lecteur interprète;-)

Oui cette interprétation me convient trés bien aussi.
Et merci pour ton message précédent qui correspond totalement à mon ressenti ,et j'avais également soulignée cette phrase "je sais que dans le cœur des nègres...." de Man Sonson dont j'ai apprécié particulièrement le portrait . En fait il y a énormément de passages que j'ai sélectionnés dans ce livre(l'avantage là de la liseuse) qu'il est impossible ici bien̈ sûr de mentionner, mais qui resteront bien dans ma tête...

Saint Jean-Baptiste 07/02/2025 @ 12:28:59
@Myrco
Tu me fais voir des choses qui ne m’étaient pas apparues. ;-))
En fait, c’est vrai que l’autrice ne se lance pas dans un roman psychologique. C’est son choix. J’ai plutôt l’impression que ces micro biographies sont celles de prototypes forcément stéréotypés censés nous raconter la vie des Guadeloupéens.

Et ma foi, avec tes relevés sélectionnés et accumulés sur la Guadeloupe, on peut conclure qu’on est bien en Guadeloupe.

Ce que c’est de lire trop vite ! ;-))

Myrco

avatar 07/02/2025 @ 14:10:15
@ SJB
Contente d'avoir pu quelque peu infléchir ton jugement...et merci de le dire;-)

Pieronnelle

avatar 07/02/2025 @ 15:39:44

J’ai plutôt l’impression que ces micro biographies sont celles de prototypes forcément stéréotypés censés nous raconter la vie des Guadeloupéens.

Incorrigible...



Ce que c’est de lire trop vite ! ;-))


Ou pas du tout :-)))

Myrco

avatar 07/02/2025 @ 16:38:21
@Piero
Tu ne peux pas demander à ce cher SJB une reddition totale;-)))
N'empêche que s'il n'était pas là...
Comme d'habitude , les commentaires ne pleuvent pas...Quel intérêt peuvent avoir ces lectures dites communes dès lors qu'il n'y a pas vraiment d'échanges et que l'on s'en tient à une appréciation globale qui peut aussi bien faire l'objet d'une simple "critique" finale ? Ca me dépasse...;-(

Pieronnelle

avatar 07/02/2025 @ 16:51:12
@Piero
Tu ne peux pas demander à ce cher SJB une reddition totale;-)))
N'empêche que s'il n'était pas là...
Comme d'habitude , les commentaires ne pleuvent pas...Quel intérêt peuvent avoir ces lectures dites communes dès lors qu'il n'y a pas vraiment d'échanges et que l'on s'en tient à une appréciation globale qui peut aussi bien faire l'objet d'une simple "critique" finale ? Ca me dépasse...;-(

Oh je ne lui demande pas de reddition totale ! Car je suis convaincue qu'il ne pense pas un mot de ce qu'il a écrit, c'est seulement pour "rechinier" :-)) J'ai lu de si bonnes critiques de lui et de si beaux poèmes...
C'est vrai qu'au moins il donne un peu de vie à cette lecture en mettant les pieds dans le plat :-)

Pieronnelle

avatar 07/02/2025 @ 16:53:45
RechiGN̈er

Saint Jean-Baptiste 07/02/2025 @ 18:42:37
@ SJB
Contente d'avoir pu quelque peu infléchir ton jugement...
@Myrco
C’est le plaisir des lectures en commun.
Mais, comme tu dis : ces lectures dites communes manquent singulièrement d’échanges et c’est bien triste.

Myrco

avatar 07/02/2025 @ 19:31:07
.

@Myrco
C’est le plaisir des lectures en commun.
Mais, comme tu dis : ces lectures dites communes manquent singulièrement d’échanges et c’est bien triste.

Oui, à tel point que je ne sais pas si je continuerai à y participer...;-((

Aaro-Benjamin G.

avatar 07/02/2025 @ 22:01:35

Quel intérêt peuvent avoir ces lectures dites communes dès lors qu'il n'y a pas vraiment d'échanges et que l'on s'en tient à une appréciation globale qui peut aussi bien faire l'objet d'une simple "critique" finale ? Ca me dépasse...;-(


Cela va sans doute être lié au livre élu. Paul Auster a généré 10 pages de discussion et Kundera auparavant 9 pages.
Pour l’instant, Maryse Condé se débrouille bien.

Mais cela reste juste un petit exercice ludique dans le but de revisiter un écrivain disparu ou le découvrir.

Les gens lisent à leur rythme, donc parfois il y’a des passages à vide et d’autres ou plusieurs personnes sont arrivées au même point.

De mon côté, bloqué au milieu. Étant canadien les lubies de Trump ont pris tout mon temps cette semaine. Mais j’adore lire vos commentaires et je serai plus présent jusqu’à la fin du mois.

Lobe
avatar 07/02/2025 @ 23:05:22
J'ai aussi un mois chargé, je suis désolée du peu de commentaires faits ! Le livre se prêterait presque à une proposition d'exercice : écrire un texte du point de vue d'un personnage, soit l'un de ceux qui a déjà son chapitre, soit quelqu'un qui apparaît sans avoir sa voix propre. Le texte pourrait être beaucoup plus court qu'un chapitre évidemment ! Est-ce que ce type de prolongation intéresserait certains ou certaines d'entre vous ?

Saule

avatar 08/02/2025 @ 08:09:07
J'aime bien de lire les commentaires des autres, ca me fait penser que je suis un peu passé à coté de ma lecture. Je me demande à quoi ca tient qu'on s'immerge dans une lecture et pas dans une autre. Je pense que ca tient à ce qu'on appelle - faute de mieux - le style de l'auteur. Par exemple je disais que ce livre ne m'évoquait pas grand chose, il n'est pas visuel (pour moi), c'est surement ma capacité d'attention (pas bonne disponibilité d'esprit et de temps) mais je crois aussi que ca dépend des auteurs. J'avais lu avant un gros roman (en anglais), bien-être de Nathan Hill, et j'avais bien plus été "pris"

Maintenent je regrette de ne pas avoir lu au fur et à mesure des commentaires, je vais relire les passages qui m'avaient plus entrainés pour en discuter.

Une remarque: j'habite dans un pays fort raciste et je vois que la Guadeloupe dans les années 86 était aussi fort raciste. Je trouve qu'en Europe, en Belgique et en France, on est peu raciste. Mais c'est peut-être juste ma génération, car ca risque de changer. En fait c'est un caractère humain, face à une crise (pourvoir d'achat, insécurité) on a besoin de se grouper contre un ennemi commun et c'est souvent l'étranger :-(

Saint Jean-Baptiste 08/02/2025 @ 12:14:13
Que de commentaires intéressants tout à coup !

Saint Jean-Baptiste 08/02/2025 @ 12:18:09


Incorrigible... (dixit Pieronnelle)

Mais Pieronnelle ! Tu te fais des idées préconçues dès qu’on n'est pas de ton avis.
Il ne peut pas y avoir de développement psychologique dans des récits de vie aussi brefs. Ce n’était pas le choix de l’autrice.
Mon avis est qu’elle a voulu montrer, à travers quelques prototypes d’habitants de la Guadeloupe, une vision de la vie là-bas. A ce point de vue, c’est réussi.
Mais je trouve que, si le procédé est original, c’est un peu simpliste. Ça ne fait pas un « grand » roman. Néanmoins, ça donne une lecture amusante.

Saint Jean-Baptiste 08/02/2025 @ 12:25:11
Le livre se prêterait presque à une proposition d'exercice : écrire un texte du point de vue d'un personnage, soit l'un de ceux qui a déjà son chapitre, soit quelqu'un qui apparaît sans avoir sa voix propre. Le texte pourrait être beaucoup plus court qu'un chapitre évidemment ! Est-ce que ce type de prolongation intéresserait certains ou certaines d'entre vous ?
Bonne idée, Lobe ! Géniale même…
Tu t’y lances ? je me réjouis déjà de te lire. Je te suivrai.
;-))

Saint Jean-Baptiste 08/02/2025 @ 12:32:33

(...) la perception négative et plutôt amère que semble avoir Maryse Condé de sa propre communauté ...
@Myrco
Ça m’a aussi frappé : personne n’est heureux à la Guadeloupe ?
Si on fait l’exercice proposé par Lobe quelqu’un créera peut-être quelqu’un d’heureux à la Guadeloupe. Un beau défi…

Pieronnelle

avatar 09/02/2025 @ 00:55:39

(...) la perception négative et plutôt amère que semble avoir Maryse Condé de sa propre communauté ...

@Myrco
Ça m’a aussi frappé : personne n’est heureux à la Guadeloupe ?
Si on fait l’exercice proposé par Lobe quelqu’un créera peut-être quelqu’un d’heureux à la Guadeloupe. Un beau défi…




Incorrigible... (dixit Pieronnelle)


Mais Pieronnelle ! Tu te fais des idées préconçues dès qu’on n'est pas de ton avis.
Il ne peut pas y avoir de développement psychologique dans des récits de vie aussi brefs. Ce n’était pas le choix de l’autrice.
Mon avis est qu’elle a voulu montrer, à travers quelques prototypes d’habitants de la Guadeloupe, une vision de la vie là-bas. A ce point de vue, c’est réussi.
Mais je trouve que, si le procédé est original, c’est un peu simpliste. Ça ne fait pas un « grand » roman. Néanmoins, ça donne une lecture amusante.



Si tu le penses vraiment tu te trompes , il n'y a pas de "procédé" et c'est pour ça que je surggére que tu as survolé la lecture et honnêtement ça m'attriste. Ce qui est remarquable justement dans ce livre c'est cette capacité d'établir des portraits courts avec une profondeur étonnante. Chaque portrait unique est une fraction de vie autour de ce mort ,un impact psychologique pour comprendre l'histoire des gens de ce village de Guadeloupe sous differents aspects particulirèrement celui de l'humain. Une seule vie racontée aurait été insuffisante et ordinaire même si intéressante.
Et de qualifier cette lecture "d'amusante..."

Mais non ça ne me gène pas qu'on ne soit pas de mon avis au contraire si les arguments sont capables de me convaincre sur des aspects que je n'aurais pas vus..Mais l'a-priori que tu as toi même reconnu est tellement flagrant qu'il ne peut rien faire avancer car c'est pipé d'avance.
Mais si tu n'as pas aimé je l'accepte volontiers...

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