La Fortune des Rougon de Émile Zola
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un chef d'oeuvre inconnu
Ce roman est le premier du cycle Les Rougon Macquart, lequel comporte 20 titres.
Paru en 1871 au moment de la Commune il est à peu près passé inaperçu par la critique. Six années plus tard, le succès et le scandale de L'assommoir ont jeté sur ce beau roman un voile, à peine soulevé de temps à autre par la critique ou l'université.
La Fortune des rougon est avant tout le récit d'une histoire d'amour, entre deux adolescents, sur fond de Coup d'Etat (celui de Napoléon III le 2 décembre 1851). Zola y manie avec talent l'ironie et la dérision. Le renoncement à ses idées, la démagogie, l'âpreté au gain, l'ambition de pouvoir, tout ces germes malsains auront raison de deux enfants nés pour s'aimer...
il y réellement des pages fabuleuses dans La Fortune des Rougon. Je le tiens pour un chef d'oeuvre ou, si l'on veut, pour un chef d'oeuvre inconnu.
Les éditions
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La fortune des Rougon [Texte imprimé] Émile Zola préf. et comment. de Gérard Gengembre
de Zola, Émile Gengembre, Gérard (Editeur scientifique)
Pocket / Presses pocket (Paris).
ISBN : 9782266093736 ; 6,27 € ; 05/05/1999 ; 454 p. ; Poche -
La fortune des Rougon [Texte imprimé] Émile Zola éd. établie, présentée et annotée par Colette Becker
de Zola, Émile Becker, Colette (Editeur scientifique)
le Livre de poche / Le Livre de poche. Classique
ISBN : 9782253161189 ; 4,80 € ; 25/02/2004 ; 475 p. ; Poche -
La fortune des Rougon [Texte imprimé] Émile Zola préface de Maurice Agulhon,... édition présentée, établie et annotée par Henri Mitterand,...
de Zola, Émile Agulhon, Maurice (Préfacier) Mitterand, Henri (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio. Classique
ISBN : 9782070341429 ; 6,30 € ; 15/03/2007 ; 460 p. ; Broché
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A l'origine
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 5 août 2024
Marqué par le crime originel qui conduit à son élévation sociale, Pierre Rougon va transmettre sa soif d'argent et de pouvoir à la seconde génération: alors que sa mère, Adélaïde présentait tous les signes de la nonchalance et cédait trop facilement à ses inclinations, Pierre, son premier fils, n'a de cesse que de chercher une voie honorable pour lui et sa descendance.
Las... Il va végéter dans ce Plassans des origines (Aix-en-Provence) jusqu'à l'avènement du Second Empire et au crime politique ultime celui du coup d'état de Napoléon II. Opportuniste, prenant tous les risques, Pierre n'hésite pas à sacrifier la branche gênante de sa famille (Adelaïde a eu deux autres enfants avec un certain Macquart, sorte de bandit malfaisant). Là réside la tare initiale: comme la République meurt avec l'écrasement des rebellions populaires, les Rougon marquent du sceau de l'infamie leur réussite en devenir.
Le premier roman qui inaugure la série est intéressant a plus d'un titre: dans un cahier et des notes tirées de l'édition donnée dans la Bibliothèque de la Pléiade et reproduit dans l'édition Folio que j'ai lue, on apprend que Zola a beaucoup étudié les questions d'hérédité, en lien avec les théories scientifiques du moment: la série des Rougon-Macquart est entièrement imprégnée de la thèse selon laquelle les traits physique comme ceux du caractère se transmettent de génération en génération.
Le contexte politique et social est également finement passé au crible et cette étude est très intéressante. Moins abouties, les longues descriptions des têtes-à-têtes entre Silvère et Miette, les deux personnages positifs de l'histoire.
Le tome des origines d'une fresque sociale et familiale
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 9 mars 2022
Ce livre raconte l'origine de la lignée des Rougon-Macquart dans la ville provençale de Plassans. Il fait suite au coup d'État perpétré par Bonaparte en 1851. D'un côté il y a les Royalistes, de l'autre les Républicains. D'un côté les Rougon,commerçants de la petite bourgeoisie. de l'autre, les Macquart, connus pour voler et leur propension à l'alcool. La fusion des deux familles, qui se vouent alors une haine réciproque, motivée par les qu'en dira-t-on, donne naissance à une lignée hors du commun. Et au fur et à mesure des événements politiques se mettent en place tous ces personnages et leurs caractères, finement disséqués par Zola. La plupart d'entre eux sont opportunistes, spéculateurs, habiles et n'ont aucun scrupule pour parvenir à leurs fins. J'ai profondément détesté Antoine, fainéant à souhait et n'ai guère trouvé le couple des Rougon beaucoup plus respectable. Heureusement, il existe quelques belles figures touchantes et plus humaines, comme le couple formé par Sylvère et Miette ou le docteur Pascal.
Finalement,c'est le régime impérial qui forme la fortune des Rougon, moyennant quelques ruses et coups bas. Il semblerait que les chiens ne font pas des chats et c'est bien ce que Zola veut démontrer avec cette fresque sociale et familiale. J'ai trouvé ce roman des origines convaincant et prometteur. Zola sait nous emporter rapidement dans sa saga et dans l'histoire grâce à un engrenage habilement créé et un récit des plus palpitants.
Le premier de la série
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 5 février 2022
Il faut aussi noter que déjà, comme dans la suite de la série, il y a de très belles pages dans cette Fortune des Rougon, qui sont pareilles à des peintures, et d'où beaucoup d’émotions en émanent. Les manœuvres politiques autour du pouvoir local (Pierre Rougon contre son frère Antoine Macquart) sont traitées à la fois sous l’angle historique, social, mais aussi presque satirique : le portrait que fait Émile Zola des notables évoque bien souvent les caricatures de Daumier, tandis que leur comportement frise le ridicule !
De l’autre côté de ce drame politico-familial sans pitié, où les deux parties se rendent coup pour coup, mues finalement par un seul désir : devenir riche, s’extraire de sa basse condition, le couple que forme Miette et Sylvère amène un brin de fraîcheur au livre. Bien sûr ces deux-là sont dans une vision complètement idéalisée de l’Amour et du monde, mais la naissance de leur idylle est décrite avec énormément de sensibilité et de bienveillance, qui trouve, ou retrouve là des trémolos romantiques bien éloignés me semble-t-il du credo naturaliste d’Émile Zola. Hélas ! La fin malheureuse des deux jeunes gens résonne bien lugubrement.
Et Dieu créa Rougon
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 juin 2021
A la mort du mari elle entretient une liaison avec MACQUART, braconnier, contrebandier et alcoolique. Ce couple bancal a deux enfants ANTOINE MACQUART et URSULINE MACQUART.
A la mort de son beau père, Pierre Rougon dépossède par la ruse les biens de sa mère (et aussi de ses demi-frère et demi-sœur). Il envoie Antoine aux armées dans l’espoir ne ne plus le revoir et marie Ursuline avec un honnête et lointain artisan.
Pierre Rougon investit alors l'argent subtilisé à sa famille pour épouser FELICITE PUECH, et reprend le commerce d'huile de ses beaux parents. De cette union naissent cinq enfants : EUGENE, PASCAL, ARISTIDE, SIDONIE et MARTHE.
Financièrement le commerce vivote mais décline sensiblement. Politiquement le climat se dégrade : des troupes de villageois viennent défendre la république contre le coup d’état bonapartiste survenu à Paris.
C'est dans ce climat de peur et d'incertitude que Pierre Rougon, poussé par sa redoutable épouse, va tenter une manœuvre lâche et fourbe afin de passer du stade de petit commerçant mal dégrossi à héros reconnu et admiré. Son opération aura aussi pour but d'évincer ce demi frère encombrant, revenu des armées.
Comment oublier cette jolie histoire d'amour entre SILVERE MOURET (fils d'Ursuline) et Miette (fille d'un forçat) ? Celle belle romance qui finit si mal ; les deux jeunes gens participent à la résistance le 2 décembre 1851 en Provence. Miette est tuée en portant le drapeau et son amant sera fusillé.
Concernant les cinq enfants du couple ROUGON - PUECH
EUGENE ROUGON
Fils aîné de Pierre et Félicité Rougon, né en 1811. Il reçoit une bonne éducation, fait des études de droit. Attiré par le pouvoir, il acquiert un haut poste à Paris, ce qui lui permet de prévoir le coup d'État du 2 décembre 1851. Il en prévient ses parents et les guide afin qu’ils profitent de la situation pour faire fortune et établir leur notoriété à Plassans. Dans La Fortune des Rougon, sa vie à Paris reste assez obscure, on sait juste qu’il est un proche du futur Napoléon III. Il réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans Son Excellence Eugène Rougon.
PASCAL ROUGON
Second enfant de Pierre et Félicité Rougon, né en 1813. À la différence des autres membres de sa famille, il ne souffre d'aucune tare héréditaire. Sa simplicité et sa droiture d'esprit contrastent avec le comportement de son entourage. Médecin, il aide les républicains en les soignant. Il aime réaliser des expériences bizarres sur les cadavres pour comprendre le fonctionnement du corps humain ; à cause de ses recherches, il est mis à l'écart à Plassans. Il réapparaît par la suite dans plusieurs œuvres de Zola et plus particulièrement dans Le Docteur Pascal.
ARISTIDE ROUGON
Troisième enfant de Pierre et Félicité Rougon, né en 1815. Il épouse en 1836 Angèle Sicardot, qui lui donne deux enfants, Maxime et Clotilde. Il est autant attiré par l'argent que son frère Eugène l'est par le pouvoir. Il pense tout d'abord que c’est la république qui va l’emporter et la soutient donc ardemment. Journaliste, il écrit plusieurs articles prorépublicains. Lorsqu’il découvre que son frère, Eugène, soutient Louis-Napoléon Bonaparte, il se met à douter de la victoire républicaine. Au soir du coup d’État, il change de camp et se convertit au bonapartisme. À la fin de La Fortune des Rougon, il s'apprête à quitter Plassans. Il réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans La Curée (où on le retrouve monté à Paris, marié à Renée Béraud du Châtel et s'enrichissant par la spéculation immobilière) et dans L'Argent.
SIDONIE ROUGON
Quatrième enfant de Pierre et Félicité Rougon, née en 1818. Elle épouse en 1838 un clerc avoué et part pour Paris. Comme tous les membres de la famille Rougon, elle ne manque ni d’envie ni de cupidité. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs ouvrages de Zola, La Curée et Le Rêve. Ce dernier fait apparaître sa fille, Angélique, qu'elle a eue avec un inconnu après la mort de son mari.
MARTHE ROUGON
Cinquième enfant de Pierre et Félicité Rougon, née en 1820. Elle épouse en 1840 son cousin François Mouret, commis dans la maison de commerce de ses parents. Ils ont trois enfants : Octave, Serge et Désirée. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans La Conquête de Plassans.
Qu'en penser ?
Superbe lecture. Un style aéré, agréable et cadencé. La page Balzac est tournée, exit ces descriptions interminables et les situations alambiquées. Zola c'est du solide, du texte clair, bien agencé... bref : que du bonheur
La matrice des Rougon-Macquart
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 7 avril 2021
Cette ouverture de feuilleton fait le lien entre l'oeuvre de Balzac et l'ultra-réalisme social de cet auteur qui apparaît au grand jour. Cette transition bien menée paraît donc d'importance.
les Origines
Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 22 octobre 2013
Le Zola il savait écrire quand même on peut pas lui enlever ça, il avait un oeil assez dur sur la société de province et sur ses contemporains, mais quel sens de l'observation, quelle plume !!!
Ce n'est a priori pas le genre de lecture qui m'attire, pourtant Pierre Rougon et Félicité, Sylvère et Miette, Antoine Macquart, Granoux, Roudier, nous donnent à réfléchir sur la condition humaine.
Au commencement...
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 8 août 2013
L'avidité de pouvoir et/ou d'argent se révèle dans les deux branches, et nous voyons Pierre Rougon évoluer, sans scrupule aucun, manipulé par son épouse, Félicité.
On y découvre aussi l'histoire de Sylvère et de Miette, victimes de leur innocence et de leur jeunesse, rêvant d'une vie simple à deux et rejoignant les insurgés, dans l'espoir d'un avenir meilleur.
J'ai trouvé ce livre très intéressant, ayant décidé de lire les vingt ouvrages chronologiquement, il me permettra de situer par la suite les autres héros des romans.
Un des grands romans du XiX ème siècle
Critique de Warrel62 (, Inscrit le 30 mars 2013, 54 ans) - 31 mars 2013
Les origines...
Critique de Lecassin (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans) - 23 avril 2012
Publié en 1871, il dépeint les amours de Miette et Silvère, sur fond de coup d'État du prince Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon III), le 2 décembre 1851, vu d'une ville de Provence, Plassans, inventée par l’auteur sur le modèle de la ville de son enfance, Aix en Provence.
Une période troublée qui ne peut que créer le terreau propice au développement des ambitions démesurées : deux branches rivales d'une même famille, les Rougon et les Macquart, s'affrontent. Les premiers, bonapartistes et calculateurs, finiront par profiter du coup d’état pour s’emparer du pouvoir politique à Plassans, les seconds, libéraux, plus par pauvreté et rancœur que par conviction...
C’est aussi l’occasion pour Emile Zola d’esquisser la généalogie en trois branches issues d’Adélaïde Fouque des familles dont on suivra l’évolution des différents membres au fil des romans :
les Rougon, la branche où prédomine l’appât du gain et l’appétit du pouvoir,
les Mouret, la branche où la fragilité mentale de l’aïeule réapparaît comme une tare familiale ;
les Macquart, la branche la plus fragile, chez qui se retrouve la folie d’Adélaïde mêlée à l'ivrognerie et à la violence de son amant.
« La fortune des Rougon » n’est probablement pas le plus connu des romans d’Emile Zola. Il reste cependant à lire en premier dans la série, même si l’on prend ensuite les autres « dans le désordre ». Pour ma part, après avoir lu difficilement comme beaucoup « L’assommoir » et « Germinal » en parcours scolaire, c’est celui qui m’a fait redécouvrir la richesse du style si particulier de Zola.
Grosse surprise
Critique de Lomegas (, Inscrit le 24 mars 2012, 35 ans) - 24 mars 2012
Et j'ai commencé avec le premier de la série Rougon-Macquart. Et QUELLE surprise! Contre toute attente j'ai adoré. Contrairement à certains j'ai adoré les passages politiques: la France qui change, l'Empire qui s'installe.
Par contre je n'ai pas aimé les passages avec Silvère et Miette, je les trouvais trop longs.
J'espère que Zola me surprendra encore avec les autres romans de la série.
La fortune des Rougons
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 19 février 2012
Le début des Rougon Macquart
Critique de PA57 (, Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans) - 19 mai 2011
Ce premier tome, je l'ai réellement apprécié. Plutôt court, sans cette lourdeur dont je me souvenais chez Zola, une histoire avec des sentiments, des descriptions magnifiques...Bref, j'ai été agréablement surprise et ce roman m'a fait remettre en question tout ce que je m'étais fais comme idée sur Zola.
un peu déçue...
Critique de Emira17 (/, Inscrite le 9 juillet 2010, 27 ans) - 15 mai 2011
Je m'attendais à une réelle histoire mais en fait la plupart des pages racontent comment est née la famille Rougon-Macquart depuis Adélaïde Fouque. Mais trop de longueurs et de pages parlant exclusivement de politique. L'histoire d'amour entre Miette et Silvère est très émouvante mais ce qu'on retient surtout, c'est comment Pierre Rougon, en manipulant sa ville, et étant manipulé lui-même par sa femme, l'ingénieuse Félicité, parvient à s'emparer de la direction de Plassans lors du coup d'Etat de Napoléon III.
Bref, une déception à la hauteur de mes espérances. Cependant, j'ai commencé le tome suivant "La Curée" et j'y retrouve avec bonheur ce qui m'avait plu dans Germinal, à savoir, les histoires de différentes sociétés au temps du second empire, des mineurs aux grands bourgeois, Zola explore tout avec brio.
Ce tome des origines parle "trop" des origines et ne nous captive pas, pour moi en tout cas.
Le roman des origines
Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans) - 20 novembre 2008
C’est donc avec un réel plaisir que j’ai décidé d’attaquer pour la deuxième fois la lecture de la série des Rougon-Macquart (je mets à part l’Assommoir que j’ai déjà lu trois fois) en commençant, comme c’est original, par le début.
Je pense que ce premier roman de la série est à part en ce sens qu’il expose le projet naturaliste de Zola, qu’il est, en quelque sorte, l’introduction à l’œuvre de l’auteur tout est imposant cet aspect absolument fondamental dans le style d’écriture de Zola : une volonté farouche de coller au plus près possible du réel au point ou l’on pourrait presque parler de grand reportage. Je me souviens de m’être dit, à la lecture de l’Assommoir, roman par lequel j’ai fait mon entrée dans l’œuvre du romancier, que son écriture « pue le vrai ». C’est un compliment, une expression de mon admiration.
Les enjeux sont donnés dès le titre : ce sont les Rougon qui feront fortune et tant pis pour les Macquart. En fait, tant pis pour les rares membres de cette famille à ne pas être bouffés par l’appât du gain et les tares en tout genre que Zola, tout à son projet naturaliste, se plaît à leur infliger.
L’histoire de la famille Rougon-Macquart, cette histoire terrible née de l’amour d’Adelaïde Fouque, tante Dide, épouse Rougon, le grand ancêtre, l’initiatrice, pour un contrebandier, Macquart, débute véritablement avec l’avènement du second Empire. C’est en effet grâce à de basses intrigues politiques, grâce à des années de jalousie et de bassesse morale que la branche Rougon de la famille va s’élever au-dessus de sa condition petite bourgeoise mal dégrossie. Ainsi, Pierre Rougon, fils ainé de d’Adelaide, s’empare de la piètre fortune de sa mère au détriment de ses deux demi-frère et sœur, Antoine et Ursule.
C’est le roman des appétits farouches et des espoirs perdus, le roman de la vie telle que la voit Zola sous le Second Empire, une vie plein d’appétit féroce de luxe et de lucre.
Le roman s’ouvre sur l’histoire amoureuse et chaste de Sylvère et Miette, relation tendre et profonde qui s’épanouit sur le sol d’un ancien cimetière, à l’abri des regards et des jalousies. C’est aussi à cet endroit que le roman prendra fin, le cimetière retrouvant son rôle premier en accueillant la dépouille de Sylvère, réunissant ainsi dans la mort les deux amoureux, Miette étant tombée sous les balles de l’armée régulière venue établir la loi de l’Empire naissant. Entre ces deux moments clefs, Zola prend le temps de nous conter la malheureuse histoire de la famille dans sa ville de Plassans. La province vue par Zola est étriquée de cœur et de caractère, un reflet de sa jeunesse provinciale ?, et la ville de Plassans, par sa topographie, reflète les trois états de la société française après le passage de la Révolution : la noblesse et ses belles maisons, relique d’un temps qui n’en finit pas de mourir, la bourgeoisie, qui croît sans cesse et le monde ouvrier et agricole. Chacun dans son quartier, les pauvres visant les bourgeois et ceux-ci lorgnant du côté des nobles et de leur prestige. Les nobles adoptent un dédain souverain face à leurs concitoyens, allant jusqu’à n’utiliser qu’une partie du pavé en allant à l’église, laissant l’autre partie au reste de la population. Et le clergé, totalement absent du roman, mène sa lutte d’influence en sous-main.
C’est de cette mesquinerie que vont sortir les Rougon, un couple d’anciens marchands d’huile parents de cinq enfants sur lesquels ils vont reposer leurs espoirs déçus d’élévation sociale. Eugène Rougon, avocat, aura son heure de gloire puisque un volume de la série portera son nom. De même que Pascal, avec qui se termine la série, le médecin philanthrope, observateur objectif des gens qui l’entoure, généreux et désintéressé. Aristide, Sidonie et Marthe complètent le tableau. On retrouve d’ailleurs Zola en ces deux personnages fondamentalement opposés que sont Eugène et Pascal. Le premier est l’illustration du caractère acharné de Zola : cette volonté de puissance dans le travail. Selon Paul Alexis, Eugène Rougon est « ce chaste qui échappe à la femme et qui aime le pouvoir intellectuellement, moins pour les avantages que le pouvoir procure que comme une manifestation de sa propre force ». Il faut quand même ôter la chasteté dans le cas de Zola. Quant à Pascal, le médecin, il représente la volonté d’observation scientifique qui cimente toute l’entreprise des Rougon-Macquart, le naturalisme.
Roman de l’hérédité, ce premier volume est aussi un roman historique racontant l’arrivée au pouvoir par le coup d’Etat du deux décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte. L’action des Rougon est en quelque sorte la reproduction provinciale et minable des actions politiques parisiennes mais les deux se rejoignent dans l’ignominie du sang versé et du vol. Ce roman est d’une violente attaque contre « viol brutal de la France » mais également une dénonciation des incapables et des ambitieux qui mènent les républicains à leur perte. Ainsi, Rougon est le profiteur, le loup lâche mais vainqueur quand Sylvère, l’âme juste, ne trouve que le trépas.
les fondements
Critique de HOKUSAI (, Inscrit le 3 novembre 2008, 34 ans) - 3 novembre 2008
Zola parvient à décrire avec une justesse inouïe les conflits pusillanimes de quelques petits bourgeois de province rongés d'ambition. Le caractère abject de leurs manigances contraste violemment avec la pureté de deux jeunes adolescents broyés par les soifs de réussite sociale de leurs ainés .
Zola en outre parvient à nous faire entrevoir son projet littéraire celui de l'hérédité. Il a dressé le portrait de l'aïeule Adélaïde c'est une femme fragile névrosée c'est elle qui transmettra à toute sa descendance les maux auxquels ils seront sujets. Ce n'est évidement pas la dimension scientifique de cette oeuvre qui prime mais le concept d'hérédité (même si il est loin d'être irréprochable sur le plan scientifique ) est extrêmement poétique.
En effet cette engeance qui grouillera littéralement dans toute l'oeuvre de Zola sera tragiquement frappée par des maux invincibles et fatals. Ce concept est donc propice à la création littéraire.
C'est pour cette raison que cette oeuvre est l'une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire
Déçue
Critique de Béa (livry-gargan, Inscrite le 14 août 2005, 30 ans) - 4 juin 2008
Zola, pour la première fois...
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 16 novembre 2004
La Fortune des Rougon est aussi un roman historique, qui raconte le coup d'État du Deux-Décembre en province, " le viol brutal de la France " par la bourgeoisie et l'aristocratie alliées pour écraser paysans et ouvriers. " Famille de bandits à l'affût " , les Rougon profitent de ces évènements. Leur action mime, sur le mode grotesque, celle de Louis-Napoléon Bonaparte et de sa " bande " . A Plassans comme à Paris, les nouveaux maîtres fondent leur pouvoir sur le sang et le vol.
"...Roman de l'hérédité, la Fortune des Rougon est aussi une chronique familiale. Elle raconte la lutte entre les deux fils de Tante Dide, Pierre Rougon et Antoine Macquart, le premier s'emparant de la fortune de sa mère au détriment de ses demi-frère et soeur, Antoine et Ursule; c'est la première étape de l'ascension de la branche légitime de la famille...."
La littérature à l'état pur!
Je repars à zéro..
Critique de Nirvana (Bruxelles, Inscrite le 7 avril 2004, 52 ans) - 25 octobre 2004
Et après avoir lu "Thérèse Raquin" récemment, je me suis décidée à découvrir le cycle entier des "Rougons".
Je ne compte pas les lire à la suite, intercalant dans ma lecture d'autres auteurs, mais l'écriture de Zola , la richesse de ses descriptions me transporte, et je pressens déjà de trouver certains livres bien fades dans leur style, en comparaison, même si j'essaierai d'être partiale.
Ce premier roman jette donc les bases, présente les personnages, nous permettra sûrement de mieux comprendre les aspirations de certains. Je me lance avec plaisir..après cette superbe introduction.
Comme Berenice
Critique de Benoit (Rouen, Inscrit le 10 mai 2004, 43 ans) - 15 juin 2004
Le seul truc que je me rappelle (et encore vaguement, c'est pour dire qu'il ne m'a pas trop marqué...) c'est une certaine critique de la petite bourgeoisie de province et de l'Eglise (mais là, c'est pas très clair dans mes souvenirs).
Et pour lire la suite des Rougon, on peut même se passer de le lire, ça ne gêne en rien la lecture.
Du petit Zola
Critique de Bérénice (Paris, Inscrite le 18 mai 2004, 38 ans) - 15 juin 2004
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Couvertures affreuses | 12 | Benoit | 16 juin 2004 @ 17:20 |